Après quatre années d’existence seulement, Louisville est déjà le club ayant remporté le plus de Coupes USL (deux). Il est ex aequo avec le Orlando City SC, club qui a grandement influencé l’histoire de LouCity. Retour sur cette histoire passionnante.
Fondation du club
La franchise de Louisville City FC est annoncée le 4 juin 2014. Depuis plusieurs mois déjà, Wayne Estopinal, le propriétaire du club, tente par tous les moyens d’attirer un club USL dans cette ville. Il est encouragé par un groupe de supporter ; les Coopers. Formé un an avant la création du club, ce groupe appuie l’initiative de Monsieur Estopinal et espère fortement un club dans la ville natale de Mohammed Ali. Estopinal réussit finalement à racheter les droits USL d’Orlando City SC, club dans lequel il est actionnaire minoritaire. Mais pourquoi les Lions vendent-ils leurs droits USL? Ils vont en MLS, et ils espèrent donc faire un profit sur ses droits inutiles la saison prochaine. En échange d’une compensation financière et de quelques pourcentages dans le club, Estopinal réussit à amener un club au Kentucky. Louisville gardera un lien très fort avec Orlando tout au long de son histoire.
Malheureusement, au tout début du projet, plusieurs sont sceptiques à l’idée qu’il y ait un club professionnel à Louisville. La plus grosse ville du Kentucky est dominée par le sport universitaire où les équipes professionnelles peinent à survivre. Effectivement, alors que les équipes universitaires des Louisville Cardinals attirent respectivement 46 000 et 17 000 personnes en moyenne lors des matchs de football et de basketball, il n’y a qu’une seule équipe pro qui réussit à survire à Louisville. Les Louisville Bats, franchise de baseball de niveau AAA (échelon inférieur à la MLB), accueillent en moyenne 8700 personnes par match. Le club de soccer doit donc faire ses preuves dans cette ville qui n’est pas habituée au sport professionnel. Afin de mieux réussir, les deux franchises s’entraident, partageant le même stade. L’histoire a déjà prouvé que Louisville a réussi son pari avec l’une des équipes les plus talentueuses de la USL, et ce en seulement quatre saisons. Les Los Morados (violets) attirent plus de 7800 personnes à leurs matchs.
Dès l’annonce du 4 juin, les couleurs sont connues. Le club rend hommage à Orlando en choisissant la couleur violette, la couleur principale du club de la Floride. Toutefois, le club rajoute une touche locale dans son emblème avec une fleur de lys, dû à sa forte influence française qu’on peut voir dans le nom même de la ville, nommé à l’honneur du Roi Louis XVI. Il y a également un baril de bourbon, dont Louisville est la capitale.

Succès avec James O’Connor
Pour son premier entraineur, Louisville fait confiance à quelqu’un qui est bien connu du propriétaire Wayne Estopinal. Le jour même de la création du club, LouCity annonce l’embauche de James O’Connor au poste d’entraineur-chef. L’Irlandais rejoint les violets après avoir évolué en tant qu’assistant-joueur. Devinez où? À Orlando. Après une carrière notable en Angleterre avec des passages à Stoke City ou bien Burnley, le milieu de terrain décide de rejoindre Orlando afin de débuter sa carrière d’entraineur tout en restant actif sur le terrain. À la suite de la transition des Lions vers l’échelon supérieur en MLS, O’Connor décide de se concentrer sur le métier d’entraineur et annonce sa retraite. Dès sa première année sur un banc de touche, l’ancien Lion veut une équipe compétitive; il l’aura avec Louisville.

Tout juste après son embauche, les premiers joueurs de l’effectif sont annoncés. Il fait confiance à des joueurs provenant en majorité de USL ou bien de MLS. Ceux qui se démarquent lors de la première saison sont Matt Fondy en attaque, Bryan Burke au milieu, Tarek Morad en défense et Scott Goodwin au poste de gardien de but. Louisville finit à la deuxième position pour sa saison inaugurale grâce à un Matt Fondy prolifique avec 22 buts en 28 rencontres, un record en USL à l’époque. Les Los Morados accueillent le Battery de Charleston pour leur premier match de l’histoire en séries éliminatoires. La rencontre est enlevante allant jusqu’en prolongation. Toutefois, Fondy fait la différence pour le club de Kentucky en inscrivant deux buts durant la deuxième période de prolongation (106e et 117eminute). Malheureusement, ils sont éliminés au tour suivant face au champion du Supporters’ Shield; les Rhinos de Rochester (vainqueur de la Coupe USL 2015). La saison 2016 est semblable à celle de 2015 pour Louisville qui continue son apprentissage en USL tout en étant compétitif. Les violets terminent encore une fois à la 2e position, avant de se faire montrer la porte de sortie en finale de conférence par les RedBulls II (vainqueur de la Coupe USL 2016).
Louisville City FC signe plusieurs recrues lors cette saison morte. Alors que des joueurs comme Paolo Del Piccolo, Tarek Morad, Greg Ranjitsingh, Mark-Anthony Kaye ou Cameron Lancaster font déjà partie de l’effectif, LouCity rajoute d’autres joueurs importants. C’est ainsi que Speedy Williams, Brian Ownby, Luke Spencer et Oscar Jimenez rejoignent le club de la Fleur de Lys. Grâce à ces arrivées, Louisville termine premier de la conférence Est. Les amateurs de la deuxième division américaine réalisent que Louisville est unique en son genre. En effet, le club n’a aucun joueur qui sort du lot, ils incarnent un succès collectif. De cette manière, le club du Kentucky réussit à remporter la Coupe USL. C’est un premier titre après seulement trois ans d’existence. Après avoir vengé ses deux premières éliminations, en éliminant les Rhinos, puis les Red Bulls II, LouCity remporte son duel en finale face aux Swope Park Rangers. C’est une rencontre digne d’une finale qui se conclut sur un but de Cameron Lancaster à la 88e minute. Les hommes de James O’Connor célèbrent leur titre tout en assurant vouloir faire de même la saison suivante. Cette volonté est partagée de tous alors que seulement 5 joueurs quittent l’organisation, dont Mark-Anthony Kaye qui devient le premier joueur de Louisville a signé un contrat MLS.
Le départ de James O’Connor
Le début de saison 2018 répond aux attentes, mais le 29 juin, après avoir mené son club jusqu’en quart de finale de la US Open Cup, James O’Connor annonce son départ. Un départ difficile, mais logique. Il rejoint son premier club aux États-Unis, Orlando City SC où rien ne va plus avec le limogeage de Jason Kreis. Trois joueurs assurent l’intérimaire ; Luke Spencer, Paolo DelPiccolo et George Davis IV. Le 13 aout, John Hackworth est embauché, lui qui a précédemment entrainé l’Union de Philadelphie et la sélection américaine des moins de 17 ans. Dans un entretien accordé au journal Courier de Louisville, il eut l’occasion de décrire son style de jeu : « Je pense que c’est un style offensif agressif des deux côtés du terrain. J’aime faire du pressing. Je veux avoir une équipe avec des joueurs qui travaillent dur. Mais je veux aussi jouer un style attrayant. J’aime que le ballon soit au sol plutôt qu’en l’air. Je veux que nos fans soient divertis. » Avec cette façon de jouer, il continue le bon boulot effectué par James O’Connor et les Boys In Purple terminent à la 2e position de l’Est, derrière l’énorme FC Cincinnati qui prépare déjà sa montée en MLS.

Un deuxième titre consécutif
À l’aube de leur quatrième présence de suite en séries éliminatoires, les hommes de John Hackworth sont confiants. Ils sont des habitués aux playoffs avec plus de 9 matchs éliminatoires après seulement trois saisons. Le premier tour est sans embuche pour les Los Morados qui l’emportent sur un score de 4-1 face au Indy Eleven. Le deuxième tour est remporté 2-0 face au Bethlehem Steel, la réserve de l’Union de Philadelphie. Pour la finale de conférence, la victoire est écrasante pour LouCity face aux Red Bulls II. Les Bébés Bulls repartent humiliés du Kentucky avec une défaite de 5-1. Malheureusement pour Louisville, dans cette victoire, Cameron Lancaster se blesse gravement. C’est une énorme perte pour le club qui voit le meilleur buteur de la USL (25 réalisations) être désormais sur la touche. Les joueurs restent tout de même confiants avec comme seul objectif : une deuxième coupe consécutive. Avec ce trophée, Louisville peut rentrer dans l’histoire de la ligue : devenir la première équipe à remporter deux USL Cup d’affilée.
Le 8 novembre 2018, la finale a lieu face au Phoenix Rising, champion de la conférence Ouest. La légende vivante Didier Drogba rend visite aux Violets afin de clore une carrière exceptionnelle. La rencontre est chaudement disputée, jusqu’à ce que Luke Spencer inscrive le but de la victoire en début de deuxième mi-temps. Le Rising tente par tous les moyens de revenir au score par l’intermédiaire de joueurs de qualité comme Didier Drogba, Salomon Asante, Jason Johnson ou bien Kevon Lambert, mais nul ne peut faire la différence. Louisville remporte un deuxième titre consécutif, une performance légendaire pour un club USL. Mais comment Louisville a-t-il réussi ce que nul n’avait fait auparavant? La régularité est la clé. En effet, la division deux Américaine est une ligue où il est très dur que garder le même effectif à travers les années. Alors que ses concurrents tentent de signer de nouveaux joueurs, LouCity tente avant tout de retenir les siens. C’est grâce à cette façon de faire qu’en 2018, il n’y a eu que cinq départs qui ont été comblés par des arrivées de qualité.
Malheureusement à la fin de cette saison parfaite, un évènement tragique arrive. Wayne Estopinal, celui qui aura bâti cette franchise, celui qui aura ravi le Kentucky, celui qui aura permis à cette franchise de rentrer dans l’histoire de la USL, meurt dans un accident d’avion tout près de Memphis, au Tennessee. L’homme originaire de l’Indiana laisse derrière lui en héritage, une culture de succès à Louisville. Malgré cette mort tragique, le club continue à avancer avec ses projets sportifs, mais pas seulement. Un projet de stade est prévu pour 2020.
Projet de stade
Depuis le tout début du club, les Los Morados veulent un stade spécifique au soccer. Le club évolue présentement au Slugger Field, un stade de baseball qui est moqué à travers la ligue. Même si les stades de baseball sont fréquents en USL, LouCity cherche à avoir un meilleur terrain, puisque celui du Slugger Field est exécrable. Pour la finale 2018 face à Phoenix, la ligue et Louisville ont décidé de déménager la finale dans le stade de l’University of Louisville. Quoique plus petit, la qualité du terrain est bien meilleure. Certains diront que le Slugger Field aide à créer une ambiance qui est unique en son genre dans le soccer nord-américain, d’autres diront que le terrain est impraticable avec une qualité de gazon digne d’une ligue amateur, mais une chose est sure : les deux parties seront heureuses avec un nouveau stade.

La construction de l’enceinte est officialisée début 2017 avec un investissement de 65 millions de dollars américains. La construction est située dans le secteur de Butchertown, au nord de la ville. Le stade est prévu pour la saison 2020. Le commissionnaire de la USL, Jake Edwards, accueille à bras ouverts cette nouvelle installation. Selon lui, le Slugger Field n’est pas digne d’un club de division deux. Le stade pourra accueillir jusqu’à 11 300 personnes. Cela permettra à LouCity d’être dans le club sélect de la USL propriétaires de leur propre stade. Jusqu’à présent, seulement le Battery de Charleston, les Switchbacks de Colorado, Orange County SC, le Phoenix Rising, les Riverhounds de Pittsburgh, les Real Monarchs et Rio Grande Valley Toros possèdent leur propre stade sur 33 équipes. D’autres clubs comme Tampa Bay ou San Antonio évoluent également dans un stade spécifique au soccer, sans en être les propriétaires.
Héritage avec le Orlando City SC
Même si l’affiliation entre les deux clubs cesse en 2016 avec la création du Orlando City SC B, la relation entre Louisville et Orlando City SC ne meurt pas. Effectivement, elle a un nouvel essor lors de la saison 2018 lorsqu’Orlando est au plus mal. Les résultats sont négatifs malgré un bon début de saison et Jason Kreis est écarté. La direction fait confiance à un ancien du club et surtout à l’un des meilleurs entraineurs en USL; James O’Connor. À la fin de la saison 2018, quelques joueurs de Louisville sont annoncés en partance vers Orlando. Le gardien de but, Greg Ranjitsingh, signe en Floride et le défenseur Kyle Smith fait de même. Même si Kyle Smith n’est pas le plus connu de l’effectif violet, il a été le joueur le plus utilisé lors de la saison 2018 étant le pilier de la défense avec 58 interceptions, 113 tacles et 211 duels gagnés. En somme, à travers les saisons, les deux clubs n’hésitent pas à s’entraider.
Louisville est un club modèle de USL. Avec un rare projet de stade dans cette division, des performances historiques avec deux coupes consécutives et plusieurs joueurs / entraineurs qui ont signé des contrats MLS, le club devient petit à petit une dynastie version USL. La prochaine saison sera un véritable test pour les Los Morados qui sont victimes de leur succès. Effectivement, depuis quelques semaines, Louisville subit une vague importante de départs. Kyle Smith, Greg Ranjitsingh et le meilleur buteur USL 2018, Cameron Lancaster (parti à Nashville) ont quitté le navire. Ces trois joueurs devront être remplacés très rapidement afin de pouvoir espérer un triplé rarement vu dans le sport professionnel.
Merci Antony pour ce bel article et bravo ! je ne me lasserais jamais de lire tes contributions…et de les commenter. Bonne continuation mon ami !!!
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Merci énormément Hamid d’être toujours fidèle au poste ! C’est motivant de savoir que notre contenu est toujours lu et apprécié !
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Oui c’est magnifique ce que vous faites, Antony, les débuts d’une grande aventure qui vous mènera vers encore plus haut !!!
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