Houston Dynamo, Radins Géniaux ou Mal Gérés?

Le Houston Dynamo est l’un des clubs les plus décriés en Major League Soccer. Issue d’une relocalisation (on l’oublie souvent, mais l’équipe était basée à San José), la franchise n’était pas la plus populaire à ses débuts et ne l’est pas devenu. Dans un Texas toujours frileux au soccer (voir notre podcast sur le sujet), ses affluences sont faibles, ces prestations le semblent aussi, et certains des aspects de l’équipe -elle n’avait pas, pour la saison 2018, de sponsor sur le maillot- paraissent en faire une franchise mal gérée. Pourtant, si elle est moquée de tous, elle a récemment une dynamique intéressante et des résultats probants.
Tour d’horizon de ce qui attend le Houston Dynamo.

Texas Monthly
Photo via Texas Monthly

L’année dernière, le Houston Dynamo arrivait en finale de la Conférence Ouest après des victoires face à des favoris pour le titre, comme les Portland Timbers ou le Sporting Kansas City. Cette année, ils sont même arrivés à gagner l’US Open Cup (l’équivalent de la Coupe de France aux Etats-Unis) grâce à des victoires face à des concurrents féroces, tel que Minnesota United (1-0), Kansas City (4-2), Los Angeles FC (3-3, victoire aux tirs au but) et Philadelphie en finale, où ils s’imposèrent facilement 3 à 0.
Tout cela, avec le budget salarial le plus bas de la ligue depuis plus de deux ans. Par exemple, la star du LAFC (battu en demi-finale), Carlos Vela, gagne plus que tous les joueurs du Dynamo combinés.

Le rationnement budgétaire n’est pas dû à la nature radine des investisseurs, il peut se comprendre comme une réaction aux mauvais résultats qui se sont accumulés pendant des années. Malgré deux premières années fantastiques en 2006 et 2007, où ils gagnèrent à deux reprises la MLS Cup -et qui augmenta logiquement la base salariale du club-, Houston était encore à l’époque dans une période de transition, 2006 ayant été sa première saison au Texas après la relocalisation.
Le stade n’ouvrira qu’en 2012, et il ne verra donc pas les dernières années de succès du club. Le Dynamo atteindra la finale MLS en 2011, puis en 2012, mais jamais au tout neuf BBVA Compass Stadium, censé être la preuve des ambitions de Houston.

Houston Miguel Sada.png
Photo via Miguel Sada

Le stade ne répondra jamais aux ambitions placées en lui. Situé en centre-ville (ingrédient essentiel pour un succès en Amérique du Nord), il n’arrivera pourtant jamais à attirer les foules, nous vous en parlions dans un podcast.  Alors que le nombre de spectateurs est globalement en hausse aux Etats-Unis, le Houston Dynamo perd d’année en année des fans, passant de 21.000 en 2012 à 17.500 en 2017, un chiffre gonflé par l’habitude de la MLS de compter le nombre de tickets vendus et distribués plutôt que le réel nombre de personnes en tribune. En 2018, le nombre est d’ailleurs passé sous la barre des 17.000 spectateurs par match. En coupe cette saison, il y avait même parfois moins de 2000 spectateurs. Une situation calamiteuse qui explique, aussi, la frilosité des investisseurs à ne pas perdre leur argent dans une équipe qui, de toutes manières, n’aura jamais les audiences ni d’Atlanta ni de Seattle.

La raison des faibles affluences pourrait être les piètres résultats. Beaucoup pointent du doigt les autres équipes de Houston, qui elles aussi connaissent des baisses de niveau dès que leur équipe est en difficulté. Le Dynamo connaîtra la même dynamique, et après 2012, ils iront en finale de conférence en 2013, puis connaîtront trois années sans play-offs en 2014, 2015 et 2016, où ils n’arriveront pas à dépasser la huitième place.

Mais ces dernières saisons, le spectacle et les résultats sont au rendez-vous. Et malgré leur enceinte toujours vide, le Houston Dynamo est dans une étrange mais bonne dynamique. L’année dernière, c’est une finale de conférence perdue face au Seattle Sounders, et cette année, une victoire en U.S Open Cup.

Houston Cup
Photo via Houston Dynamo

La MLS a toujours fait en sorte que ses équipes puissent rebondir facilement après une saison compliquée. Le récent exemple de DC United en est la preuve. Cependant, ces dernières années, cela est devenu de plus en plus compliqué, suite à l’assouplissement des règles de plafond salarial. Joueurs désignés, introduction de l’argent d’allocation TAM et GAM, les franchises peuvent maintenant à souhait dépenser plus ou moins d’argent pour se distinguer de leurs concurrents.
La conséquence première est celle d’une MLS qui est maintenant à deux vitesses, entre ceux qui veulent dépenser (Atlanta, Seattle, le Galaxy, NYCFC, LAFC, etc) et ceux qui préfèrent se baser sur d’autres techniques, comme la formation (les New-York Red Bulls en sont un parfait exemple).
A Houston, on a trouvé la combinaison parfaite pour avoir des résultats sans des dépenses conséquentes, grâce notamment à l’achat-revente de joueurs, qui étaient totalement impossible il y a quelques années.
Le Dynamo a trouvé la cible privilégiée pour ses investissements. Des joueurs jeunes, rapides, peu chers et revendables. Selon Matt Jordan d’ailleurs, le General Manager de l’équipe : « c’était important que nous reconstruisions l’équipe ces dernières années, avec une stratégie qui soit de chercher des jeunes joueurs, que l’on puisse entraîner et améliorer. Notre but est de les aider à progresser comme joueurs et aussi les aider à augmenter leurs valeurs dans le marché mondial ». Un transfert donnant-donnant en quelque sorte : les joueurs offres à Houston du jeu, des performances et une plus-value en échange d’une scène sur laquelle s’exprimer.

Problème, malgré sa location dans la quatrième plus grand agglomération du pays, avec beaucoup de talents dû à l’immigration, l’Académie du Dynamo n’a jamais sorti d’excellents joueurs. C’est donc avec un projet d’achats de jeunes que la révolution est faite. Pour qu’il marche, il fallait donc aussi trouver un Jardim à ce Monaco du Texas, un entraîneur qui soit capable de faire jouer des jeunes dans un style de jeux plaisant à regarder, qui les mettent en valeur.
Ce Jardim, c’est Willem Cabrera, un entraîneur habitué aux jeunes. Entraîneur des moins de 17 ans des Etats-Unis pendant cinq ans, aussi passé par la réserve de Houston, Cabrera sait s’entourer de talents encore inconnus et les sublimer par son jeu rapide en contre-attaque.
Depuis les deux dernières années donc, grâce à son arrivée, il y a eu un quasi renouvellement de l’effectif. Juan David Cabezas, Ronaldo Pena, Adam Lundquist, Alberth Elis, Romel Quioto et Tomas Martinez ont par exemple tous en dessous de 26 ans et font aujourd’hui le bonheur du Dynamo.
Tout cela en étant, toujours, le moins dépensier en ce qui concerne les salaires (mois de 6 millions par ans), loin d’ailleurs le numéro un de la ligue, Toronto, et ses 26 millions par ans. Au nombre de points par dollars dépensés d’ailleurs, Houston est quatrième, avec un impressionnant 155,173$/point, pas loin du numéro un, les New-York Red Bulls (113,591$/pt).

Elis
Alberth Elis (Photo via MLSoccer.com)

Alors certes, beaucoup diront que cette saison, malgré l’U.S Open Cup (qui est « l’équivalent de tes parents t’achetant un hamster plutôt qu’un chien » par rapport à la MLS selon Tom Dart) le Dynamo n’est pas bien placé dans la ligue. Il faut cependant garder en tête que le nombre de places en play-offs diminue d’années en années, et qu’encore une fois, aux vues de leur budget, leurs prestations étaient impressionnantes.
On pourrait aussi dire que le futur sera brillant : l’effectif devrait peu changer en 2019, et les meilleurs joueurs se connaissant de plus en plus, elles devraient effectuer encore plus de dégât sur le terrain. Après tout, ces derniers seront qualifiés pour la Concacaf Champion’s League l’année prochaine grâce à leur succès en coupe, et pour ces jeunes joueurs, il n’y a pas de meilleure scène pour briller et montrer aux yeux du monde son talent qu’une compétition continentale. Le club ayant aussi acquis 300.000$ avec la victoire (assez pour assurer une année à leur plus gros salaire), on pourrait aussi s’attendre à un certain investissement… Reste à savoir si cela rimera avec un stade plein.

Houston bigsoccer
Plus de calories dans l’assiette que de fans en tribune (Photo via bigsoccer.com)
Antoine Latran

Co-créateur de Culture Soccer. Ancien rédacteur Soccer Nord-Américain pour Lucarne Opposée. Fan de MLS depuis une balade dans Seattle un jour de match, j'écris sur Culture Soccer sur la MLS, la NISA, la sélection américaine, ainsi que sur des sujets mêlant le sport à la culture, la politique et l'économie.

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