La Concacaf Champions League (CCL) est une compétition historiquement compliquée pour les clubs MLS. Bien que deux l’aient déjà gagnée dans le passé (DC United en 1998 et le LA Galaxy en 2000), sous son nouveau format, la coupe régionale reste inaccessible aux clubs Nord-Américains.
Véritables risées de leurs voisins mexicains, les franchises n’ont atteint la finale qu’à trois reprises, dont la dernière en date où le Toronto FC (TFC) avait donné beaucoup d’espoirs aux fans MLS. Trois équipes avaient fait des parcours plutôt honorables en 2018 ; Seattle avait remporté une des manches face à Chivas en quarts, les Red Bulls avaient battu Tijuana en quarts aussi et était passé tout près d’une qualification en finale et finalement Toronto avait éliminé les Tigres et le Club America avant de perdre, en finale et aux penalties, face à Chivas (encore eux).
Une grosse déception mais un parcours qui laissait plutôt optimiste quant à la suite. Les influx d’argent d’allocation déversés par la ligue aux franchises permettent à ces dernières de renforcer leur effectif et de ne plus dépendre seulement de leurs joueurs désignés, un réel plus afin d’être compétitifs en Concacaf Champions League. En effet, la compétition demande de la profondeur de banc due à son calendrier et ses longs déplacements. TFC, par exemple, avait souffert de leur parcours et n’a pas réussi à se qualifier pour les play-offs de la MLS l’année dernière.
En tous cas, une nouvelle dynamique est présente ces dernières années. Les présidents de club (notamment ceux de Toronto, Atlanta ou Seattle) se sont exprimés maintes fois sur le sujet : la coupe est une réelle ambition pour enfin briser la domination mexicaine. Cependant, cette année les parcours ont une nouvelle fois été décevants.

De nombreuses excuses peuvent être trouvées, comme le fait que la compétition se déroule au pire moment pour les franchises MLS, c’est-à-dire juste avant le début de la saison. Malgré cela, l’humiliation qu’a subie Toronto rappelle les défaites que subissaient les équipes nord-américaines au milieu des années 2000. Le club panaméen du C.A.I s’est en effet imposé 4 à 1 à l’aller, avant d’aller chercher le nul au Canada face à un TFC désemparé et qui fut le premier éliminé.
Les autres ont suivi, mais cette fois-ci en quarts de finale ; à l’exception donc du C.A.I, tous les autres participants à ce stade de la compétition venaient soit de la Liga MX, soit de MLS.
Les Red Bulls furent les premiers à sortir. La première défaite de 2 à 0 à la maison devant un stade très peu rempli n’annonçait rien de bon. Le retour fit passer les supporters new-yorkais sous toutes les émotions (puisqu’ils menaient 2 à 0, au Mexique, jusqu’à la 70e) mais la franchise des taureaux ailés s’est finalement inclinée lourdement, 4 à 2, en prenant quatre buts en l’espace de dix minutes. Santos Laguna n’en est pas à son coup d’essai puisque l’équipe mexicaine avait fait de même face à l’Impact de Montréal dans cette même compétition le 5 mars 2009 (deux buts à la 90ème minute pour remporter le match et la série sur le fil, 5-4 sur l’ensemble des deux matchs)
L’espoir était aussi très mince pour le Houston Dynamo. Perdant 2 à 0 à la maison dans un stade totalement rempli de fans mexicains, ils ont tenu une bonne heure au Mexique avant de s’incliner finalement 1 à 0.
La remontée d’Atlanta était elle bien plus compliquée. Défaite 3 à 0 au Mexique, l’équipe de Frank de Boe, qui connaît des débuts poussifs en championnat, a réussi à s’imposer devant son public au match retour sur le score de 1 à 0. Une victoire qui fait tout de même du bien ; Monterrey n’avait pas encore perdu en 2019 et était invaincu face à des équipes MLS depuis une dizaine d’années.
L’hécatombe aurait pu être totale. Le Sporting Kansas City (SKC) avait perdu au match aller de ces quarts de finale au Panama face aux tombeurs de Toronto, le C.A.I, 2 à 1. Malgré une domination nette pendant le match, SKC s’est fait peur avant de remporter finalement le deuxième duel 3 à 0. L’équipe de Pete Vermes sera donc le seul représentant de Major League Soccer en demi-finale, eux qui avaient déjà fait tomber un Mexicain en huitième de finale (Toluca, 5-0 sur les deux matchs).
Cependant, leur adversaire en demi-finale sera bien plus armé que ces derniers. Monterrey est un des favoris de la compétition et même si SKC arrive à s’imposer, la finale face à Tigres ou Santos risque elle aussi d’être laborieuse.

La MLS a toujours voulu devenir la meilleure ligue de son continent. Si beaucoup d’aspects sont en constante progression, sa domination sur cette compétition continentale reste partielle. Le calendrier reste terrible, les limitations dues aux financements des équipes aussi. Mais gagner la compétition sera-t-il un aboutissement ?
Si Toronto avait gagné l’année dernière, mais que les Red Bulls et Seattle n’avaient pas dépassé les huitièmes, aurait-ce été un succès pour autant ? Une victoire ne scellera pas le débat. Après tout, que les Red Bulls arrivent à dominer Chivas sur deux matchs l’année dernière, même sans une qualification, paraît une meilleure preuve d’un rapprochement de niveau qu’une victoire finale.
Le niveau entre la Liga MX et la MLS se resserre donc, mais l’expérience des mexicains dans ces compétitions n’est pas quelque chose que la Major League Soccer peut acquérir de suite. Selon Garth Lagerway, le Directeur Général des Sounders « Tout le monde nous soulera de toutes manières avec ce débat tant qu’on ne l’aura pas gagné, qu’importent les progrès ».
Pourquoi donc s’entêter avec cette compétition ?
Premièrement, l’image, essentielle pour une MLS qui communique massivement sur les réseaux sociaux et qui veut – au contraire de la Liga MX – avoir une médiatisation internationale. Deuxièmement, le prix de la victoire qui motive les clubs mexicains depuis des années : une qualification pour la Coupe du Monde des clubs, la seule compétition ou les franchises MS pourraient affronter des clubs européens qui ne sont pas en tournée américaine.
Tous les espoirs restent donc sur Kansas City, cette équipe construite sans réelle star mais avec la force du collectif ; un profil qui a emmené le Real Salt Lake et l’Impact en finale par le passé, donc pourquoi pas le SKC ?
En bonus, voilà notre podcast guide de la Concacaf Champion’s League, fait en début de saison avec Lucarne Opposée: