Orlando, 2016. La ville américaine située dans le centre de la Floride, connue essentiellement pour son parc Walt Disney World, s’apprête à accueillir en son antre une nouvelle équipe sportive.
Une nouvelle franchise de soccer féminin va voir le jour. Son nom : Orlando Pride.
Son logo : La fontaine du Lac Eola. Rien de tel que le symbole de toute une ville pour trôner sur un maillot qui représentera fièrement toute une communauté. Les Orlandoans. Voici son histoire.
2015, La Naissance
Dès 2015, une rumeur se fait entendre et se répand comme une traînée de poudre. La franchise d’Orlando City, équipe masculine de soccer, évoluant en MLS, souhaite créer son équipe féminine professionnelle. C’est lors d’une conférence de presse organisée devant le lac Eola que le club confirme la nouvelle. Nous sommes le 20 octobre 2015 et M. Phil Rawlins, propriétaire des « Lions », dévoile le nom de la future équipe, leurs couleurs, leur logo ainsi que le nom du futur entraîneur. Il s’agira de Tom Sermani, un nom pas totalement inconnu sur le territoire américain car il fut à la tête de l’équipe nationale féminine de 2013 à 2014.

Le nom, Orlando Pride a été choisi pour « capturer ce que tout le monde ressent à propos de la ville, tout en étant lié à la famille des Lions » expliqua M. Rawlins. Le Lion étant le symbole et le surnom de l’équipe masculine et Pride signifiant « fierté » en français. Le logo, la fontaine du Lac Eola, symbole de la ville n’a pas été si simple à trouver, comme on pourrait le penser. Cinquante logos différents ont été créés, puis M. Stone, le designer graphique, a avoué « étant si proche du Lac Eola, la fontaine paraissait logique, c’est rafraîchissant à regarder et très emblématique ». Pour ceux qui se poseraient la question, l’équipe féminine n’a pas pu porter le même logo que l’équipe masculine, car celui-ci appartient à la MLS (ligue masculine) et à Adidas alors que toutes les équipes de NWSL sont par ailleurs habillées par Nike. Le choix des couleurs s’est porté sur le violet, pour garder celle du club MLS, à laquelle s’ajoute le bleu, qui en plus de donner sa propre identité à l’équipe, représente l’eau des cent lacs présents dans la ville.
Ce n’est qu’une semaine plus tard, le 26 octobre 2015, que la franchise annonce ce que tout le monde attendait : le nom des premières joueuses de son histoire. C’est par l’acquisition de leurs trois premières attaquantes, Alex Morgan, Kaylyn Kyle (en provenance des Portland Thorns) et de Sarah Hagen (venant du FC Kansas City), que la NWSL déclare officiellement Orlando Pride comme étant la 10ème équipe à rejoindre la ligue.
2016, La Saison Inaugurale
La franchise écrit les premières lignes de son histoire un 17 avril 2016 à Portland où les filles jouent leur premier match. Belle affiche qui se soldera par une courte défaite 2 à 1. Vient ensuite le premier match à domicile. Ce 23 avril 2016, face au Houston Dash, verra non seulement la première victoire de l’équipe (3 à 1) mais également le premier but d’Alex Morgan sous les couleurs d’Orlando. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que la star américaine fasse trembler les filets. Ce match battra le record de supporters présents en tribunes avec un total de 23,403. À ce jour cette rencontre reste détentrice du record de présence, tous matchs de NWSL confondus. Après vingt matchs (six victoires, un match nul, treize défaites), les filles terminent leur première saison neuvième et ne se qualifient pas pour les playoffs.
2017, Départ d’Alex Morgan et l’Arrivée de Marta
Le 20 décembre 2016, trois mois après la fin de la saison inaugurale, un séisme s’abat sur la planète Orlando. Alex Morgan annonce dans une lettre ouverte son départ du club. Elle veut poursuivre son intersaison dans un autre championnat et son choix s’est porté sur l’Olympique Lyonnais. Dans cette lettre elle y explique les raisons de son choix. Souhaitant devenir la meilleure joueuse des US et du monde, elle sait qu’il faut sortir de sa zone de confort, de prendre des risques pour évoluer et Lyon devient alors la meilleure option. Les meilleures joueuses au monde évoluent sous les couleurs de l’Olympique Lyonnais, elles disputent une compétition enviée de toutes, la Champions League. Le club possède des infrastructures modernes permettant de travailler dans les meilleures conditions.
C’était donc pour elle, à vingt-sept ans, le moment de prendre un risque. Elle a fait son choix non pas seulement pour elle mais également dans une optique collective. Après sa pige française, le but est de revenir plus forte au pays pour aider son futur club, mais aussi d’emmagasiner de l’expérience européenne pour aider son équipe nationale. Elle signe alors un contrat de six mois, ce qui lui fera louper les trois premiers mois de la saison avec Orlando, ce qui est vu d’ailleurs par certains supporters comme une traîtrise.
Un changement d’opinion étrange de la part des fans, quand on sait qu’elle fait toujours passer l’équipe en premier.

Quelques mois plus tard c’est une autre nouvelle qui a l’effet d’une bombe. Le 7 avril 2017, à seulement une semaine du début de la saison, la franchise Floridienne annonce l’arrivée d’une nouvelle joueuse et pas la moindre, Marta Vieira Da Silva. Plus communément connue sous le nom de Marta, l’internationale brésilienne, six fois détentrice du trophée de la meilleure joueuse FIFA, va poser ses valises aux Etats Unis. Avant d’arriver en Floride, elle avait passé cinq ans dans le championnat suédois, au Tyreso FF de 2012 à 2014 puis au FC Rosengard jusqu’en 2017, où en cinq saisons elle marqua 110 buts ! Plus que productive, cette renarde des surfaces à l’efficacité inégalée souhaite retrouver le championnat américain qu’elle avait connu brièvement de 2009 à 2011 avec les Los Angeles Sol, les FC Gold Pride et les New York Western Flash. Meilleure buteuse trois saisons consécutives (dix réalisations avec Los Angeles, dix-neuf avec les Gold, et dix avec les Flash) elle se retrouve en Suède suite à l’annulation de la saison 2012 de la WPS (division qui avait précédé la NWSL).
Cinq ans après, elle foule à nouveau les pelouses du championnat américain et souhaite retrouver Alex Morgan (qui la rejoindra après son séjour en France). Toutes deux anciennes coéquipières des New York Flash elles formaient à l’époque un duo d’attaque redoutable (vingt-quatre réalisations combinées avec Morgan et Sinclair l’internationale Canadienne).
Malgré l’arrivée d’une joueuse de ce calibre, Orlando n’arrive pas à lancer son championnat et les quatre premiers matchs se soldent par deux défaites et deux matchs nuls. Heureusement, Orlando verra un visage familier revenir pour sauver la saison.
Le Retour d’Alex
Après six mois passés dans le championnat Français, le 21 juin 2017 signe le retour d’Alex Morgan. Elle y aura gagné le triplé, objectif qu’elle s’était fixée (Championnat, Coupe de France et Champions League), jouant seize matchs et marquant douze buts.

Son séjour en France lui a « fait retrouver l’amour pour le football » et cela va se ressentir sur le terrain. Revenue blessée, elle démarre sa saison à Orlando le 1er juillet face à Chicago, une rencontre qui se solde par une courte défaite 1 à 0. À ce moment-là de la saison, douze matchs ont été joués (cinq défaites, trois nuls, quatre victoires) et l’équipe culmine à la sixième place. Puis, Alex Morgan marque son premier but de la saison face à Kansas City un 15 juillet, tout s’enchaîne et sa saison est alors lancée. Va s’en suivre une série de neuf matchs sans défaite. L’équipe fait une remontée spectaculaire avec une attaque inarrêtable. Le duo Marta/Morgan est efficace, elles piquent la troisième place à Chicago et se dirigent tout droit vers les premiers Playoffs de leur histoire.

Le mois d’août couronne Alex Morgan, meilleure joueuse du mois avec sept buts, deux passes décisives, treize tirs et onze chances créées. Malgré leur duo d’attaquantes, Orlando s’incline finalement en demi-finale des playoffs 4 à 1 face aux Portland Thorns qui deviendront les championnes NWSL 2017 (Playoffs).
2018, L’Arrivée de Sydney Leroux
En 2018, Orlando frappe fort de nouveau. Sydney Leroux, attaquante internationale, arrive lors du mercato suite à la dissolution des Boston Breakers. Ce transfert transforme la ligne d’attaque déjà menaçante du Pride en l’une des plus explosives du monde du soccer féminin.

Lors de la présaison, les buts ne se font pas attendre et cela promet une saison grandiose.
Malheureusement, le championnat démarre sur un match nul et s’en suit deux défaites consécutives, le soufflet retombe, le trio d’attaque ne prend pas. Cependant, l’équipe réalise une bonne série de dix matchs avec seulement une défaite par la suite, et l’espoir renaît. Orlando aurait-elle trouvé sa vitesse de croisière ?
Finalement, l’inconsistance domine. La bonne lancée s’arrête et les onze derniers matchs voient les Pride s’imposer seulement deux fois et la saison se termine avec quatre défaites consécutives. Les filles finissent septième avec seulement huit victoires, six matchs nuls et dix défaites, avec trente buts marqués pour trente-six encaissés, loin de la quatrième place visée pour vivre les play-offs une seconde fois. Un onze de départ différent à chaque match ainsi que des joueuses non placées à leurs postes de prédilection font partie des nombreux facteurs qui pourraient expliquer l’absence l’alchimie dans l’équipe. Les attaquantes non alimentées en ballons ne peuvent pas créer le danger dans la défense adverse. Il devient dès lors compliqué pour elles de transpercer les filets et de prendre l’ascendant psychologique. Cela se ressent sur le terrain et les chiffres reflètent indubitablement ce mal-être. L’équipe concède trente-sept buts contre trente-et-un la saison précédente et l’attaque n’arrive pas à égaler le nombre de buts marqués la saison passée qui était de quarante-cinq. Avec seulement trente buts inscrits en 2018, c’est aussi une saison moyenne par rapport aux ambitions placées dans cette ligne d’attaque.
Malgré l’arrivée d’une nouvelle attaquante internationale, avec une présaison prometteuse, les résultats obtenus déçoivent. La saison 2018 est donc à oublier et une chose indéniable arriva, l’entraineur Tom Sermani annonce qu’il n’entraînera plus les Pride. Les résultats trop faibles et le manque d’efficacité ont eu raison de lui et le « front office » décide qu’il est temps de changer la ligne directive et de mettre en place un nouvel entraîneur.
2019 La Saison du Renouveau ?
Le 14 janvier 2019, quatre jours après la draft et un suspense insoutenable, Orlando confirme la rumeur ; Marc Skinner est propulsé à la tête de l’équipe féminine et remplace Tom Sermanni. Il devient donc le deuxième entraîneur de l’histoire du club.

Ancien coach des Birmingham Ladies, club de la ligue féminine anglaise, la gestion d’un club féminin ne lui est pas inconnue. Il sera d’ailleurs secondé par Carl Green avec lequel il a déjà travaillé an Angleterre et au sein de ce même club de Birmingham. Déçus de la saison précédente, les supporters fondent en Marc beaucoup d’espoir. L’année passée n’a pas amené les résultats escomptés et avec des joueuses de renoms dont la réputation n’est plus à faire, les espoirs étaient hauts et la chute d’autant plus vertigineuse. Après le départ de la défenseuse Monica et du milieu de terrain Christine Nairn, Marc Skinner arrivera-t-il à donner à ses joueuses les armes qui leurs permettront d’obtenir les résultats qu’elles méritent, afin de faire enfin d’elles une équipe menaçante? À surveiller dès le 14 avril lors du lancement de leur quatrième saison, à domicile et face à Portland. Rien de tel pour lancer l’ère Skinner.
Jetons un coup d’œil au calendrier ainsi qu’à l’effectif 2019 :

Numéro | Nom | Poste |
24 | Ashlynn Harris | Gardienne |
28 | Haley Kopmeyer | Gardienne |
3 | Toni Pressley | Défenseuse |
4 | Shelina Zadorsky | Défenseuse |
9 | Camila | Défenseuse |
11 | Ali Krieger | Défenseuse |
14 | Alanna Kennedy | Défenseuse |
16 | Carson Pickett | Défenseuse |
N/O | Morgan Reid | Défenseuse |
5 | Emily Van Egmond | Milieu |
12 | Kristen Edmonds | Milieu |
17 | Dani Weatherholt | Milieu |
2 | Sydney Leroux | Attaquante |
6 | Chioma Ubogagu | Attaquante |
8 | Danica Evans | Attaquante |
10 | Marta | Attaquante |
13 | Alex Morgan | Attaquante |
15 | Rachel Hill | Attaquante |
La coupe du monde se déroulant du 7 juin au 7 juillet, huit internationales ont de fortes chances d’être appelées en sélection, ce qui va amputer au club un nombre important de joueuses. Au coach de palier à ses absences et à se construire un effectif satisfaisant.
Orlando en chiffres c’est :
Saison | Classement | Buts Marqués | Buts Encaissés | Supporters en tribunes |
2016 | 9ème | 20 | 30 | 87,851 (soit 8785 par match) |
2017 | 3ème | 45 | 31 | 74,233 (soit 6186 par match) |
2018 | 7ème | 30 | 37 | 58,046 (soit 4837 par match) |
Top 5 des buteuses (toutes saison confondues):
Numéro classement | Nom | Nombres de matchs | Nombres buts |
1 | Alex Morgan | 47 | 18 |
2 | Marta | 41 | 17 |
3 | Kristen Edmonds | 57 | 9 |
4 | Chioma Ubogagu | 41 | 8 |
5 | Rachel Hill | 36 | 7 |
Souhaitons en tous cas au Pride d’oublier la saison 2018, de tourner une nouvelle page et laissons les filles écrire l’histoire en 2019.
Go Pride!
Pride on three……

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