Gyasi Zardes était l’un des joueurs américains les plus prometteurs de ces dernières années en MLS. Après des débuts tonitruants et un sacre en 2014, des blessures ont freiné sa carrière mais le joueur de 27 ans semble aujourd’hui avoir retrouvé un second souffle du côté du Columbus Crew. Malgré ses bonnes performances pour le LA Galaxy, le Crew et l’équipe nationale, ce n’est pourtant pas dans les stades que l’aura du joueur est la plus importante mais bien dans les rues de Hawthorne où il est considéré comme un véritable héros.
L’enfant de Hawthorne
Comme beaucoup de familles afro-américaines à Los Angeles, la famille des Zardes n’est pas originaire de l’État ; en effet le père de Zardes, Glenn, vient de la Nouvelle-Orléans alors que sa mère, Linda, est originaire du Michigan. Le couple (tous deux originaires du Ghana) avec ses quatre fils et une fille, a décidé d’emménager dans le sud de la Californie, à Hawthorne précisément, pour que leurs enfants puissent profiter des nombreux parcs qu’offre la ville.
Élevés à Hawthorne, Gyasi et ses frères ont naturellement commencé à pratiquer le baseball, le basketball… et le soccer, même si cela pouvait être considéré comme une « blague » par certains membres de sa famille. Pourtant, très vite le talent du jeune afro-américain se fait remarquer et ses frères, qui jouaient dans des ligues locales, ont été obligés de protéger leur cadet des autres enfants désireux de stopper sa progression. À mesure qu’il grandissait, son talent se faisait davantage remarquer, ce qui l’amena à une carrière remarquable, d’abord à la High School of Leuzinger puis à la Galaxy Academy et finalement à la Cal-State Bakersfield. Après avoir marqué trente-trois buts en trente-sept matchs pour son équipe universitaire, Zardes devient professionnel pour le Galaxy avant la saison 2013 de MLS.
Selon ses dires, cette progression se doit à sa ville d’enfance et à ses habitants, qui lui ont permis de forger son caractère : « Les habitants de Hawthorne ont une mentalité de fonceurs. Ils ne sont pas complaisants ; ils veulent simplement en faire toujours plus, pousser leurs limites et travailler pour devenir plus forts » C’est pour cette raison qu’après avoir réussi au LA Galaxy, Gyasi Zardes a voulu renvoyer l’ascenseur aux jeunes de Hawthorne. “Être afro-américain est une chose qui compte beaucoup pour moi et pas seulement, je veux faire bouger les choses pour ma communauté”, l’impact de Zardes sur son quartier est si important qu’à sa demande, la Galaxy Foundation et le Chevrolet FC se sont associés à Hawthorne pour transformer trois courts de tennis sous-utilisés en terrains de futsal. Cette installation était importante à ses yeux car elle permettait aux jeunes de sa ville de pouvoir, eux aussi, aspirer à devenir footballeurs. Il voulait aussi leur permettre d’occuper leur temps en étant sur les terrains de soccer plutôt que de le passer à avoir des ennuis dans des rues plus dangereuses d’une ville où le soccer a été absent plus de vingt ans, faute d’endroit pour le pratiquer.
En parallèle de sa carrière de footballeur, Gyasi a suivi un cursus en justice criminelle à la California State University Dominguez Hills dont il a été diplômé en 2017, sur la pelouse de l’ex-Stubhub Center. Cela lui a valu de réaliser un stage pour le département de police de Hawthorne, où il lui arrivait de patrouiller dans les quartiers aux côtés de Chris Cognac, sergent de police ayant collaboré avec la Galaxy Fondation pour transformer les terrains de tennis.
La consécration en 2014 pour la fierté de Los Angeles
Avant de se rendre à Bakersfield, Zardes a joué pour la Galaxy Academy U-18 et les Galaxy U-20 entre 2008 et 2010. Il effectue ses débuts avec les Roadrunners en 2010 où il marque cinq buts et délivre sept passes décisives lors de sa première saison de College Soccer (soccer universitaire). Mais c’est lors de sa deuxième année que Zardes impressionne par son talent en marquant dix-huit fois en vingt matchs, ce qui permet à son équipe d’obtenir pour la première fois de son histoire une place dans le tournoi de la Division I de la NCAA. Il est même élu joueur de l’année par la Fédération sportive du Pacifique et demi-finaliste du trophée MAC Hermann, remis chaque année au meilleur joueur de soccer universitaire.
L’année suivante, Zardes continue d’impressionner en inscrivant quinze buts et délivrant neuf passes décisives, permettant aux Roadrunners de réaliser un nouveau record de victoires. Lors de son passage en Premier Development League du côté des Ventura County Fusion, son talent se démarquait déjà à en croire les dires de son entraîneur de l’époque Ole Mikkelsen : “Ce qu’il a fait était si difficile et il le faisait si rapidement et avec tant de fluidité que vous pouviez dire, ‘OK? C’était spécial.”
Ses belles performances poussent le LA Galaxy à le signer comme Homegrown Player en fin d’année 2012. Sa première saison MLS en 2013 est prometteuse avec quatre buts et quatre passes décisives ce qui lui vaut une quatrième place au vote des recrues de l’année en MLS. Mais c’est en 2014 que Zardes prend une nouvelle dimension. Il forme avec Robbie Keane l’une des attaques les plus prolifiques de MLS et inscrit seize buts, dont un face au New-England Revolution permettant à son équipe de s’imposer 2-1 et de remporter ainsi la cinquième MLS Cup du LA Galaxy. Après ce titre, Gyasi Zardes devient une véritable star à Los Angeles et Hawthorne, notamment auprès de la communauté afro-américaine comme l’explique son frère Gabriel :”Tout le monde dans la région sait que Gyasi vivait au coin de la rue et fait maintenant de grandes choses à la télévision. Cela montre que tout est possible, quelle que soit votre ambition.”
Lors de l’année 2015, son entraîneur Bruce Arena décide de le repositionner sur l’aile, ce qui a un impact sur son rendement offensif puisqu’il inscrira dix buts de moins que la saison précédente mais avec tout de même six passes décisives. La saison du LA Galaxy s’arrête au premier tour de playoffs avec une défaite 3-2 contre les Sounders durant laquelle Zardes aura tout de même inscrit un but et offert une passe décisive. D’un point de vue personnel 2015 est une très bonne année, il est appelé pour presque tous les matchs de la sélection américaine, soit dix-neuf sélections dont sa première le 28 janvier contre le Chili et celle de son premier but, lors d’une victoire 4-3 contre les Pays-Bas le 5 Juin. L’année 2016 sera pour lui plus compliquée puisqu’après une bonne première partie de saison durant laquelle il jouera 19 matchs, l’attaquant du LA Galaxy se blesse au pied fin août ce qui mettra fin à sa saison et à sa bonne série de sélections. Il connaîtra par la suite une opération au genou, ce qui l’éloigne des terrains lors du début de la saison 2017. Il aura du mal à revenir à son meilleur niveau que ce soit avec l’arrivée de Curt Onalfo puis de Sigi Schmid sur le banc. Cette saison qui sera pour lui sa dernière avec le LA Galaxy sera marquée par une 22ème et dernière place en MLS.
A la recherche d’un nouveau départ, Chris Klein et le LA Galaxy annoncent avec le cœur lourd qu’ils ont décidé de céder Zardes au Columbus Crew. “Il a beaucoup contribué à cette équipe, à notre communauté et à notre ville. Le personnage de Gyasi est presque inégalé” déclare le président du LA Galaxy. Bien que ce transfert soit une bonne idée qui permettra à chacun de repartir sur de nouvelles bases, par cette décision, le Galaxy laisse la communauté de Hawthorne orpheline de son meilleur ambassadeur. La tristesse était bien présente au Hawthorne’s Memorial Park où des dizaines d’enfants étaient venus saluer une dernière fois leur héros avant qu’il ne rejoigne le Crew.
La renaissance avec le Crew
Après avoir lutté contre des blessures lors de ses deux dernières saisons avec le Galaxy, Zardes a trouvé un second souffle du côté du Crew, disputant 33 matchs lors de la saison 2018, un record personnel. Finalement ce n’est pas vraiment une surprise, cela avait même était annoncé par son ancien président qui avait déclaré qu’il ne serait pas étonné si Gyasi réalisait une bonne saison pour le Columbus Crew. Force est de constater que ce changement a été bénéfique au buteur américain puisqu’il a inscrit dix-neuf buts lors de la saison régulière, permettant au Crew d’accéder aux demi-finales de la conférence Est où il s’est offert un nouveau but face aux NY Red Bulls. Ses belles performances lui ont aussi permis de retrouver la sélection américaine, après deux années compliquées. Sa renaissance peut s’expliquer tout d’abord par le fait qu’il avait besoin de changer d’air : “dans la vie, tu grandis constamment. Le simple fait d’être ici à Columbus m’aide vraiment à grandir en tant que joueur et en tant qu’être humain.” disait-il. De plus il a été placé au centre de l’attaque alignée par Gregg Berhalter mais aussi Caleb Porter, ce qui lui a permis de retrouver un poste qu’il affectionne davantage et qui le laisse davantage s’exprimer. Cette année, il semble reparti sur de bonnes bases en ayant inscrit trois buts en six matchs avec le Crew mais également en ayant pris part à toutes les rencontres de la sélection américaine en 2019 jusqu’à présent. Comme un clin d’œil au passé, Gyasi Zardes a même été élu MLS Comeback Player de l’année 2018 devant un certain Zlatan Ibrahimovic, nouvel attaquant du… LA Galaxy.
Joueur assez particulier, avec une technique assez moyenne pour un attaquant de pointe, mais qui au final aura probablement une carrière assez solide. C’est un énorme battant et un énorme bosseur (ce qui compense pas mal), on ne peut pas lui enlever.
Il faut quand même noter que ses deux meilleures saisons il les réalise dans des équipes avec un gros collectif et où il était considéré comme le vrai buteur : 2014 à LA avec l’un des meilleurs collectifs de ces dernières années en MLS, et l’année dernière à Columbus dans un 4-2-3-1 où les trois milieux offensifs jouent beaucoup pour lui (ce qui était déjà le cas du temps de Kei puis de Ola Kamara, un peu la marque de fabrique du Crew ces dernières années).
Bref, un joueur moyen-bon capable d’être excellent mis dans de bonnes conditions. En manque de confiance et dans un collectif qui prend l’eau il est catastrophique, en témoigne sa terrible saison 2017 où il avait même été replacé arrière droit en fin d’année. En tant que fan des LA Galaxy, j’ai beaucoup apprécié l’homme, un peu plus moyennement le joueur.
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Bonjour LEM, excusez-nous nous n’avions pas regardé nos commentaires depuis… Des mois !
C’est en effet un énorme bosseur. Un peu comme d’autres attaquants modernes il est meilleur lorsqu’il est simplement à la réception des ballons en effet ce qui limite selon moi l’étendu de son talent, mais qui le rend efficace quand on joue pour lui, comme l’année dernière en effet.
Très heureux de votre commentaire ! (N’étiez vous pas dans un forum sur la MLS en français il y a quelques années? )
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