L’événement tant attendu cette année, coté soccer féminin, se déroulera du 7 Juin au 7 juillet. Réunies autour du ballon rond, vingt-quatre nations (réparties en six groupes), montreront leur meilleur football pour accéder à la récompense suprême. On parle bien sûr de la huitième édition de la Coupe du Monde Féminine (CdM). Cette fois-ci, c’est en France que cela se passe. En tant que pays hôte, « les Bleues », font partie sans aucun doute des équipes favorites. Devant leur public elles en seront plus que galvanisées et les supporters seront bien présents dans les stades.
Tout un mélange d’émotions va nous faire vibrer pendant un mois : excitation, stress, joie, nervosité, ferveur, engouement et bien plus. Les peuples de vingt-quatre nations seront derrière les joueuses. Et savoir que cela se passe en France, sur le sol de plusieurs des rédacteurs de Culture Soccer, c’est la chance de toute une vie de pouvoir assister à un tel événement. Portons donc notre regard sur les deux équipes qui nous concernent : l’équipe nationale américaine (USWNT) ainsi que l’équipe nationale canadienne (CanWNT) .
Les américaines, tenantes du titre, ont un trophée à défendre et toute une nation est derrière elles. Meilleure équipe de l’histoire récente de la CdM, première au classement FIFA, elles feront tout pour ajouter une quatrième étoile à leur collection déjà bien fournie (‘95, ‘99, ‘15). Le Canada en revanche, voudra prouver que son programme de soccer féminin ne se limite pas à une seule génération dorée mais à un programme d’élite qui continuera à produire des joueuses exceptionnelles.
Le tirage au sort :

L’outsider qui cherche la reconnaissance : le Canada
Éliminé en quarts de finale de sa Coupe du Monde par l’Angleterre en 2015 à Vancouver, le Canada cherche à se trouver une place au soleil dans cette compétition. Malgré deux troisièmes places acquises lors des jeux olympiques en 2012 et en 2016, les Rouges n’ont jamais fait mieux qu’une quatrième place en Coupe du Monde et celle-ci date de 2003 ! Il est grand temps de prouver au monde que la feuille d’érable mérite bien mieux que ce que son palmarès montre.
Le Canada n’a certes pas de titres à son nom mais se classe tout de même entre la quatrième et la cinquième place du classement FIFA féminin depuis 2015. Mieux encore, l’équipe nationale féminine n’a pas arrêté de progresser au classement depuis 2003 malgré quelques courtes périodes de disette.
La première épreuve du Canada a été lors de la Gold Cup féminine 2018 où le Canada a brillamment remporté ses matchs face à la Jamaïque (2-0), Cuba (12-0) et le Costa Rica (1-3) lors du premier tour, puis a battu le Panama 7-0 en demi-finale avant de s’incliner face aux États-Unis en finale sur le score de 2-0. Déçue de cette défaite, l’équipe nationale canadienne a tout de même réussi à se qualifier pour la grande épreuve avec sa deuxième place.

Contrairement à beaucoup d’équipes, Canada Soccer a pris son temps avant d’annoncer la liste finale des joueuses qui participeront à cette huitième édition de la Coupe du Monde féminine. Le sélectionneur danois Kenneth Heiner-Møller en sera à sa deuxième compétition majeure avec le Canada après la deuxième place en Gold Cup.
No. | Pos. | Joueuse | Date de naissance (âge) | Nombre de sélections (Au 24 mai 2019) |
Buts |
1 | G | Stephanie Labbé | 10 octobre 1986 (âge 32) | 61 | 0 |
18 | G | Kailen Sheridan | 16 juillet 1995 (âge 23) | 7 | 0 |
21 | G | Sabrina D’Angelo | 11 mai 1993 (âge 26) | 6 | 0 |
2 | D | Allysha Chapman | 25 janvier 1989 (âge 30) | 64 | 1 |
3 | D | Kadeisha Buchanan | 5 novembre 1995 (âge 23) | 88 | 3 |
4 | D | Shelina Zadorsky | 24 août 1992 (âge 26) | 52 | 1 |
5 | D | Rebecca Quinn | 11 août 1995 (âge 23) | 48 | 5 |
8 | D | Jayde Riviere | 22 janvier 2001 (âge 18) | 5 | 0 |
10 | D | Ashley Lawrence | 11 juin 1995 (âge 23) | 76 | 5 |
20 | D | Shannon Woeller | 31 janvier 1990 (âge 29) | 21 | 0 |
22 | D | Lindsay Agnew | 31 mars 1995 (âge 24) | 11 | 0 |
23 | D | Jenna Hellstrom | 2 avril 1995 (âge 24) | 4 | 0 |
7 | M | Julia Grosso | 29 août 2000 (âge 18) | 16 | 0 |
11 | M | Desiree Scott | 31 juillet 1987 (âge 31) | 143 | 0 |
13 | M | Sophie Schmidt | 28 juin 1988 (âge 30) | 184 | 19 |
14 | M | Gabrielle Carle | 12 octobre 1998 (âge 20) | 12 | 1 |
17 | M | Jessie Fleming | 11 mars 1998 (âge 21) | 65 | 8 |
6 | A | Deanne Rose | 3 mars 1999 (âge 20) | 40 | 8 |
9 | A | Jordyn Huitema | 8 mai 2001 (âge 18) | 21 | 6 |
12 | A | Christine Sinclair | 12 juin 1983 (âge 35) | 282 | 181 |
15 | A | Nichelle Prince | 19 février 1995 (âge 24) | 50 | 10 |
16 | A | Janine Beckie | 20 août 1994 (âge 24) | 56 | 25 |
19 | A | Adriana Leon | 2 octobre 1992 (âge 26) | 57 | 15 |

Privé de deux de ses joueuses d’expérience (la gardienne Erin Mcleod et Diana Matheson au milieu du terrain), Heiner-Møller n’a pas été pris au dépourvu. En effet, le danois a eu du flair depuis qu’il a pris en main l’équipe en incorporant au fur et à mesure plusieurs jeunes joueuses prometteuses comme la défenseure de 18 ans Jayde Rivière, Julia Grosso (18 ans) et Gabrielle Carle (20 ans) au milieu de terrain ainsi que la future star du pays, l’attaquante Jordyn Huitema (18 ans).
Du côté des vétérans, Équipe Canada pourra compter sur le savoir-faire de Stephanie Labbé qui gardera les buts pour la première fois de sa carrière en Coupe du Monde, celle de Désiree Scott qui est encore et toujours le métronome du milieu de terrain canadien, de Sophie Schmidt au milieu de terrain, capable de dépanner à tous les postes de la défense et enfin de l’éternelle Christine Sinclair, toujours aussi flamboyante du haut de ses 35 ans.
En parlant de Sinclair, l’attaquante étoile de l’équipe nationale canadienne depuis presque 20 ans n’a besoin de marquer qu’à quatre reprises pour battre le record de buts internationaux détenu par l’américaine Abby Wambach. ‘Sincy’ a déjà marqué quatre buts en sept matchs internationaux en 2019, peut-elle continuer sur sa lancée durant l’épreuve reine ?
Un tirage loin d’être facile :

Les canadiennes auront du pain sur la planche afin de sortir de leur groupe lors de cette Coupe du Monde. Opposées au Cameroun (46ème mondial), la Nouvelle Zélande (19ème mondial) et les Pays-Bas (8ème mondial), les coéquipières de Christine Sinclair vont se battre dès le début de la compétition face à des équipes de haut niveau.
Le Canada aura une impression de déjà vu alors qu’il se retrouve face à deux équipes qu’il a affronté lors de la phase de groupe de la Coupe du Monde 2015 ! Lors de cette compétition disputée en sol canadien, Équipe Canada n’avait pas pu s’imposer lors de ses deux matchs face à la Nouvelle Zélande (0-0) et face aux Pays-Bas (1-1). Le résultat de ces deux rencontres en 2019 sera extrêmement important et pourrait démontrer une belle progression en cas de victoires. Le Cameroun est clairement identifié comme le maillon faible de ce groupe et il serait surprenant de voir l’équipe africaine comme une grosse menace pour les trois autres équipes.
Du côté néerlandais, le FC Barcelone féminin, fort de sa finale en Ligue des Champions 2019, sera représenté par Stefanie Van Der Gragt et Lieke Martens alors que Shanice Van De Sanden représentera le champion lyonnais. Les deux dernières occuperont vraisemblablement les deux couloirs de l’attaque tonitruante des Pays-Bas. En pointe, la puissance de Vivianne Miedema (22 ans), meilleure buteuse de la ligue anglaise, qui a déjà 57 buts en 74 matchs avec son équipe nationale sera difficile à contenir.
La Nouvelle Zélande n’est pas une équipe dominante mais a tout ce qu’il faut pour créer des surprises sur un ou deux matchs. Les expérimentées Ali Riley (31 ans), Abby Erceg (29 ans) en défense centrale, Katie Duncan (31 ans) au milieu et l’attaquante talentueuse Sarah Gregorius (31 ans) voudront prouver qu’elles peuvent surprendre pour leurs probables dernière expérience en Coupe du Monde.
Tout indique que nous verrons le Canada et les Pays-Bas se qualifier pour la phase à élimination directe mais le ‘beautiful game’ nous a montré plus d’une fois qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Les tenantes du titre : les USA
Au sommet depuis maintenant plus de trois ans grâce à une première place reprise à l’Allemagne (suite à leur victoire en 2015), elles ne seront pas faciles à détrôner. Les américaines viennent pour gagner et tout le monde le sait. Il est à préciser que les « Yankees » n’ont jamais été classées en dessous de la deuxième place au classement FIFA. Se positionnant premières de mars 2008 à décembre 2014 avant, de tomber à la seconde place derrière l’Allemagne. Leur victoire lors de la Coupe du Monde canadienne en 2015 (5-2 face au Japon) leur permet de reprendre la première place au classement, une place qu’elles conservent depuis et ce sans interruption.
Mais avant d’avoir le droit de participer à cette phase finale, les Etats-Unis ont dû se qualifier lors de la Gold Cup féminine (compétition continentale de la région CONCACAF, équivalent de l’EURO en Europe) où les trois premières équipes se qualifient directement pour la prochaine Coupe du Monde et l’équipe en quatrième place doit jouer un match décisif face à une formation sud-américaine pour se qualifier. Compétition qu’elles ont remporté en battant le Mexique 6 à 0, le Panama 5 à 0, Trinité et Tobago 7 à 0, la Jamaïque 6 à 0 et enfin le Canada en finale sur le score de 2 à 0.

Un effectif enfin dévoilé
Le 2 mai 2019 après tant d’attente, la sélectionneuse Jill Ellis annonce les 23 joueuses qui auront la chance de fouler les pelouses françaises et de représenter leur nation. À noter la présence d’une petite surprise avec le retour d’Ali Krieger, 35 ans, qui n’a eu qu’une seule sélection entre 2016 et 2019.
No. | Pos. | Joueuses | Nombre de sélection
(Au 7 mai) |
Date de naissance
|
Nombre de buts en CDM |
1 | G | Alyssa Naeher | 43 | 20 avril 1988 (age 31) | 0 |
18 | G | Adrianna Franch | 1 | 12 novembre 1990 (age 28) | 0 |
24 | G | Ashlyn Harris | 21 | 19 octobre 1985 (age 33) | 0 |
2 | D | Emily Sonnet | 31 | 25 novembre 1993 (age 25) | 0 |
4 | D | Becky Sauerbrunn | 155 | 6 juin1985 (age 33) | 0 |
5 | D | Kelley O’Hara | 115 | 4 août 1988 (age 30) | 1 (2015) |
7 | D | Abby Dahlkemper | 37 | 13 mai 1993 (age 25) | 0 |
11 | D | Ali Krieger | 99 | 28 Juillet 1984 (age 35) | 1 (2011) |
12 | D | Tierna Davidson | 19 | 19 Septembre 1998 (age 20) | 0 |
19 | D | Crystal Dunn | 83 | 3 juillet 1992 (age 26) | 0 |
3 | M | Sam Mewis | 47 | 9 octobre 1992 (age 26) | 0 |
6 | M | Morgan Brian | 82 | 26 février 1993 (26) | 0 |
8 | M | Julie Ertz | 79 | 6 avril 1992 (age 27) | 0 |
9 | M | Lindsey Horan | 66 | 26 mai 1994 (24) | 0 |
16 | M | Rose Lavelle | 24 | 14 mai 1995 (age 23) | 0 |
20 | M | Allie Long | 42 | 13 août 1987 (age 31) | 0 |
10 | A | Carli Llyod | 271 | 16 juillet 1982 (age 36) | 1 (2011)
6 (2015) |
11 | A | Mallory Pugh | 50 | 29 Avril 1998 (age 21) | 0
|
13 | A | Alex Morgan | 160 | 2 Juillet 1989 (age 29) | 2 (2011)
1 (2015) |
15 | A | Megan Rapinoe | 150 | 5 Juillet 1985 (age 33) | 1 (2011)
2 (2015) |
17 | A | Tobin Heath | 147 | 29 Mai 1988 (age 30) | 1 (2015) |
21 | |||||
23 | A | Christen Press | 113 | 29 Décembre 1988 (age 30) | 1 (2015) |

C’est donc sans des joueuses emblématiques présentes en 2015 comme Hope Solo, Christie Rampone ou encore Abby Wambach que les Américaines se présenteront sur le terrain. L’équipe saura-t-elle malgré ces absences conserver sa suprématie et montrer sa supériorité ? C’est ce que tenteront de prouver Alex Morgan et ses coéquipières.
En 2018, Morgan s’est illustrée avec l’équipe nationale Américaine avec 18 buts et 3 passes décisives en 19 matchs. Elle a atteint la barre fatidique des 100 buts en équipe nationale devenant ainsi la septième américaine et la troisième plus jeune à franchir ce cap. Elle tentera de prouver que le « Baby Horse » (son surnom) de 2011 n’a pas perdu de son efficacité et que la plus jeune de l’équipe à l’époque est devenue un vétéran indispensable.
Cependant, c’est un regard particulier que l’on aura sur cette équipe qui changera de visage d’ici quelques années, car cette huitième édition sera sûrement la dernière pour certaines d’entre elles. Tobin Heath, Alex Morgan, Carli Lloyd, Megan Rapinoe, Becky Sauerbrunn et Ashlyn Harris auront marqué l’histoire du soccer américain de leurs empreintes et auront inspiré toute une génération de jeunes joueuses, comme elles ont-elles-mêmes été marquées par la génération précédente des ‘99ers’ (L’équipe Américaine de 1999 qui a remporté la deuxième coupe du monde).
Jill Ellis, coach de l’équipe en 2015, a su trouver l’alchimie et les bonnes combinaisons pour mener son équipe à la victoire. Avec un effectif quelque peu différent (plus que onze championnes présentes), l’expérience des cadres et la fougue de la jeunesse suffiront- elles à faire oublier les grandes absentes ?
Coach souvent critiquée suite à la mauvaise passe de l’équipe nationale (défaite au JO de 2016, défaite à la SheBelieves Cup en 2017), la native de Portsmouth, à la tête de l’équipe depuis cinq ans, fera tout son possible pour devenir la première sélectionneuse de l’histoire à remporter deux fois une coupe du monde.
Un tirage au sort favorable ?

Dans un groupe considéré comme le plus facile il ne fait quasiment aucun doute que les « Stars and Stripes » en ressortiront vainqueurs. Mais elles devront se méfier des Suédoises. Meilleures ennemies, « les jaunes et bleues », avaient réussi à extirper leur épingle du jeu et à éliminer les Américaines en 2016 lors des Jeux Olympiques de Rio. Grâce à un jeu de possession, elles les ont poussées jusqu’aux prolongations et aux tirs aux buts. Éliminées en quart de finale sur un score de 4 à 3, la colère avait fait parler Hope Solo qui les avait d’ailleurs traitées de lâches…Et ce fût là le début de la fin pour cette grande gardienne qui suite à cet événement, sera exclue de l’équipe nationale par la commission de discipline.
Il est d’ailleurs drôle de faire remarquer que depuis 2003, les deux équipes se retrouvent dans le même groupe. La Suède ne l’a remporté qu’une seule fois, c’était lors de la Coupe du Monde 2011 sur un score de 2 à 1. Il y a quatre ans les deux nations s’étaient neutralisées 0 à 0. Classées 9ème au rang mondial, la Suède est l’une des meilleures équipes d’Europe. De 2007 à 2018 elles ont oscillé de la 3ème à la 11ème place. Elles forment donc un adversaire redoutable pour les tenantes du titre.
Les Thaïlandaises, 34ème au classement FIFA, n’ont jamais dépassé la 28ème place. Deuxième participation à une coupe du monde pour l’équipe asiatique dont leur palmarès compte une seule victoire en coupe d’Asie en 1983 et 4 championnats d’Asie du Sud Est remportés en 2011,2015,2016 et 2018. En 2015 elles ne s’étaient pas qualifiées pour les phases à élimination directe en subissant 2 défaites contre une seule victoire, finissant donc à la 3ème place de leur groupe.
Les Chiliennes, elles, sont classées 39ème au rang FIFA et n’ont jamais été mieux que 38ème. Première participation à une coupe du monde pour les « les filles en rouge » pour qui il ne sera pas facile de s’opposer aux Américaines et Suédoises.
Les Yankees devront cependant rester vigilantes et prudentes car elles ne restent pas à l’abri d’un exploit. Dans une telle compétition tout devient possible. Après la déception de 2011 et la revanche de 2015, qu’en sera- t-il pour 2019 ?

La compétition va battre son plein pendant un mois et il faudra, bien entendu, rester sur Culture Soccer pour la suivre. De nombreux podcasts, articles, insides et résumés seront disponibles sur le site, puisque l’équipe aura la chance de vivre la compétition et même se rendre à certains matchs. Restez donc bien à nos côtés pendant la compétition !
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