« Redéfinir le Soccer aux Etats-Unis » This is NISA

Merci au site NISA Nation pour leur aide précieuse.

En 2017 s’arrêtait la NASL, la North American Soccer League, qui était la seule deuxième division américaine après la MLS (bien qu’à ses débuts, elle voulait la concurrencer) avant de voir la United Soccer League devenir elle aussi D2. Perdant des équipes qui préféraient rejoindre la USL, elle fut rétrogradée en D3 et avant de cesser ses opérations le 27 février 2018, les coûts devenant trop importants (c’est résumé très rapidement, mais plus d’informations peuvent être trouvées ici). La NASL a poursuivi la fédération américaine de soccer (USSF) en justice, se sentant victime des trop bonnes relations entre l’USSF, l’USL et la MLS mais, sans succès. Certains clubs sont ensuite partis en USL (North Carolina, Indy Eleven) mais d’autres, se sentant bafoués par le monopole que possède la MLS et l’USL sur le soccer américain professionnel, ont refusé de s’y plier.

New-York Cosmos, Miami FC, certains de ses clubs populaires voire légendaires se sont retrouvés tout à coup en NPSL (National Premier Soccer League), une division 4 semi-professionnelle. En attendant, le duo USL/MLS a continué à se renforcer avec la création de la USL League One (D3) et la USL League Two (D4).

Voici l’état actuel de la Pyramide du Soccer Américain :

Pramide soccer USA
Via Reddit

Vous pouvez y voir une deuxième D3, à côté de la USL League One, appelée NISA. C’est cette division qui va nous intéresser aujourd’hui.

Si les premières informations sur la National Independant Soccer Association arrivent dès Juin 2017, elles sont d’abord mises dans l’ombre par un projet plus fou, la NPSL Founder’s Cup, une compétition qui devait donner un statut professionnel aux plus grosses équipes de NPSL en créant une division supérieure mais en dehors de tout statut donné par la Fédération Américaine. Le NY Cosmos et le FC Miami devaient rejoindre la ligue, tout comme les futures expansions de NASL (mais finalement annulées) comme le San Diego 1904 FC, les Oakland Roots et d’autres clubs très populaires de NPSL comme le Detroit City FC et le Chattanooga FC, tous ouvertement anti-MLS.

Un problème surgit, bien que l’idée était belle, elle fut finalement trop difficile à réaliser en dehors des statuts de la Fédération. Le résultat final fut donc une unique NPSL Member’s Cup, avec peu de clubs (seulement six), qui ne résultera pas (pour le moment) dans un championnat régulier. La raison principale est surtout l’émergence de la NISA.

NISA Map
Via NISA

Une création compliquée

La NISA en elle-même fut annoncée le 6 Juin 2017, mais ses débuts furent extrêmement chancelants. Présentée alors que la NASL était toujours plus ou moins d’actualité, beaucoup se moquèrent de ses ambitions et de son silence total, sur les réseaux sociaux. Les idées de départ furent vite éloignées. Le premier fondateur, Jack Cummins, décéda malheureusement quelques mois après la création de la ligue et le second, Peter Wilt, partit pour fonder une équipe de soccer en USL League One ; le Forward Madison.

Pour aller plus loin : Forward Madison FC, la Vie en Rose

Jusqu’au mois de Mai 2019, peu de nouvelles font surface. On apprend que certains clubs seront créés de toutes pièces dans certains marchés et que la Fédération leur a attribué un statut de troisième division, mais tout s’accélère à l’été 2019. Devant l’échec du plan prévu pour la Founder’s Cup, début Juillet 2019 le Miami FC (ancien gros club de NASL, où Alessandro Nesta entraînait) se joint à la NISA pour l’Automne 2019. Les Oakland Roots, qui font beaucoup parler d’eux depuis leur création, annoncent en faire de même quelques semaines plus tard. Le 15 aout ce seront les deux plus gros clubs de NPSL, qui attirent parfois plus de 5.000 spectateurs dans leurs stades, Chattanooga et Detroit, qui annoncent faire leur départ vers la NISA pour la saison 2020 également.
La machine est lancée.

Pour aller plus loin : Detroit City FC – The Spirit of Detroit

DetChaOak
Via NISA

Ouverte, Intégrée, Basée sur la Performance   

La plus grande particularité de la NISA, c’est que ce n’est pas techniquement une ligue au sens américain du terme. C’est une association.
Bien différente de la MLS, ce n’est pas une entité privée qui essaye de faire du bénéfice avant tout. D’où son slogan, « Redefining Soccer in the US », redéfinir le soccer aux Etats-Unis. Ses trois principes : Ouverte, Intégrée, Basée sur la performance.
C’est-à-dire, qu’importe le marché, si important dans la sélection des franchises en MLS, il n’est pas important d’être dans une grosse ville ou d’avoir un investisseur multimilliardaire derrière le club pour rejoindre la NISA. Tous les projets sérieux sont les bienvenus.

Pour aller plus loin : La Course à l’expansion continue en MLS

Deuxièmement, puisque ce n’est pas une ligue privée les participants ne sont pas des franchises, mais bien des clubs. En MLS, les franchises sont des propriétés privées qui peuvent être relocalisées et qui obéissent à la ligue qui créé des règles, sanctions, etc.
Au sein de la NISA, ce sont des clubs indépendants qui sont plus importants que la ligue elle-même comme dans les systèmes européens. Les clubs en entrant dans l’association prennent une part de la NISA, qui appartient donc à ses clubs. Pas d’entité privée au-dessus, pas de dirigeants si ce n’est les clubs qui sont les véritables propriétaires. Certains d’entre eux sont d’ailleurs la propriété de leurs fans, comme à Chattanooga ce qui fait en sorte que certains fans possèdent même une part de la ligue.

Pour aller plus loin : Chattanooga, une ville divisée

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Via Front Office Sport

Une autre particularité qui diffère de la Major League Soccer ou de ses petites sœurs, c’est qu’il n’y a pas de frais d’expansion en NISA. Pour aujourd’hui vouloir entrer en MLS, il faut débourser plus de 150 millions de dollars. En USL le prix est entre 20 et 25 millions, en League One un peu en dessous de 10. Tout ça, sans compter tous les frais pour le stade, l’effectif, l’administration… Du point de vue de la NISA, c’est un gâchis puisque les fonds devraient être alloués directement à l’académie ou au confort des supporters. Il n’y a donc zéro frais d’expansion, une véritable aide pour les clubs affiliés.

Un seul petit bémol : voulant participer à des compétitions telles que la US Open Cup (coupe nationale américaine), la NISA est sous la coupe de la Fédération comme Division 3 et pour cela elle est donc obligée de respecter certains critères : les stades doivent avoir une capacité de 10.000 places au minimum et un investisseur avec au moins 35% du club doit posséder une fortune d’au moins 10 millions de dollars.
La ligue a aussi récemment conclu un partenariat avec Hummel, l’équipementier danois. Cependant les équipes qui ont déjà un partenaire (comme Oakland avec Nike) pourront ne pas signer avec Hummel si elles le veulent, contrairement aux franchises MLS qui sont attachées légalement à Adidas.

Huit Participants en 2019

Ils ne seront que huit pour ce championnat d’Automne 2019, cependant, le nombre devrait gonfler à un minimum de 13 franchises pour le printemps 2020. Les deux premiers de chaque conférence arriveront en finale de conférence et le gagnant de l’Est et de l’Ouest seront qualifiés pour les playoffs de l’édition de Printemps 2020. On peut le dire, le tour d’automne 2019 est surtout une préparation pour 2020.

Miami FC NPSL.jpg
Via Miami FC

A l’Est, une franchise devrait être bien plus compétitive que les autres : le Miami FC, récent vainqueur de la NPSL. C’est un des plus grands budgets de la ligue et il est entraîné par Paul Daglish, ancien entraîneur du Ottawa Fury en USL et fils de la légende écossaise Kenny Daglish. Les joueurs sont pour la plupart d’anciens d’USL ou de League One, avec quelques noms connus dans le lot comme Harrison Heath, fils d’Adrian (actuel entraîneur de Minnesota) qui est passé en MLS à Orlando, Atlanta et Minnesota. Ariel Martinez, international cubain de 33 ans (54 sélections) est aussi un des visages connus avec notamment son triplé en Gold Cup 2013. Cependant c’est Lloyd Sam la véritable vedette du Miami FC : l’international ghanéen a connu plus de 200 titularisations avec les Red Bulls, deux belles saisons à DC United et même à Leeds. Il sera une des forces de frappe de Miami devant. Dans leur stade de 20,000 places nommé Riccardo Silva, Miami tentera de regagner la ferveur populaire qu’elle avait dans ses plus belles années en NASL où elle était entraînée par Alessandro Nesta avec notamment Dario Cvitanich dans l’effectif.
Deux des autres franchises de l’Est, le Stumptown Athletic et l’Atlanta SC (ces derniers qui n’ont même pas de site internet actif…) n’ont pas annoncé leur effectif, mais avec divers essais prévus dans la semaine ça ne saurait tarder. Stumptown a annoncé une seule signature, Michael Binns, international jamaïcain à 18 reprises.
Le Philadelphia Fury de son côté semble être le seul adversaire du Miami FC ; l’effectif vient en majorité de D4 avec quelques anciens d’USL, dont Christian Hernandez, passé par le New-York Cosmos, les Las Vegas Lights ou encore le Philadelphie Union. Le Fury est une équipe historique en Amérique du Nord puisqu’elle jouait déjà dans l’ancienne NASL, dans les années 70, mais elle végétait depuis son retour en 2011 dans les divisions amateures. A noter qu’elle jouera dans le Franklin Field de l’Université de Pennsylvanie, immense stade pouvant accueillir plus de 50.000 personnes.

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Via Oakland Roots

A l’Ouest la course au titre sera un peu plus disputée. Bien entendu, le gros morceau reste l’effectif du Oakland Roots SC qui a investi dans un effectif de qualité. Le club se fait connaître depuis plusieurs mois grâce à des coups marketings et médiatiques ainsi qu’une ligne de vêtement réussie et veut aussi gagner en succès sur le terrain. Dans la région d’Oakland-San Francisco, c’est le premier club depuis les Deltas, disparus en 2017 après la fin de la NASL. L’effectif est talentueux. Oakland a frappé fort avec la toute première recrue, l’excellent arrière latéral de Phoenix Devante Dubose. Chris Christian, défenseur de Sacramento Republic, est la dernière addition de talent mais deux grosses signatures l’ont précédé. Tout d’abord, Victor Bernadez dit ‘Muma’. Plus de 20 matchs de première division belge dont un titre de champion avec Anderlecht en 2010 et plus de 160 matchs avec les San José Earthquakes en MLS. A 37 ans, celui qui compte 78 sélections au Honduras et qui a participé à la Coupe du Monde 2010 et 2014 avec son pays sera un joueur mais aussi un assistant de l’entraîneur avec les Roots. Cependant, il est éclipsé par le vrai coup mercato d’Oakland, Jack McInerney. A 27 ans c’est un ancien espoir international américain qui rejoint la Californie. Il a notamment été appelé pour la Gold Cup 2013 avec les Etats-Unis. Il compte plus d’une quarantaine de matchs avec l’Impact de Montréal, une vingtaine avec Portland et des piges à Portland et au Los Angeles Galaxy, un sacré morceau pour un joueur qui vient de rejoindre une équipe d’expansion en troisième division. Cet effectif de talent sera coaché par Paul Bravo, ex-international américain et légende des Colorado Rapids, avec qui il a joué plus de 130 matchs. Ce sera son premier poste en tant qu’entraîneur en chef mais il a été assistant dans le passé au Galaxy et aux Rapids. 

Dans le reste de la conférence jouera (enfin) le San Diego 1904 FC. Le club propriété d’Eden Hazard et de Demba Ba est en préparation depuis 2017 et devait originellement rejoindre la NASL, avant de connaître deux ans d’attente sans projet. Ils joueront la première saison dans l’énorme SDCCU Stadium de 70.000 places et tenteront de rivaliser avec l’expansion de USL portée par Landon Donovan qui jouera dès l’année prochaine dans la ville. L’effectif n’est pour le moment pas connu. Tout comme San Diego, le California United Strickers FC devait commencer à jouer en 2017 en NASL mais trouvera les terrains cet automne grâce à la NISA. Surtout connu pour sa formation dont viennent Benny Feilharber et Jonathan Bornstein, le club a peu de gros noms si ce n’est Chris Klute, l’ancien joueur des Rapids, dans son effectif. Cependant les joueurs ont joué ensemble toute la saison en NPSL et ont l’avantage de se connaître.
Finalement le Los Angeles Force représenta la ville de LA mais peu d’informations sont pour le moment connues : affilié au club de League Two du FC Golden State Force, il devrait signer les meilleurs joueurs de ces derniers.

Pour aller plus loin : Notre entretien avec les Fondateurs d’Oakland Roots SC

DetroitFC.jpg
Photo via Detroit City FC

Des renforts prévus pour le futur

Vous l’aurez vite compris, les deux gros effectifs de ce championnat d’Automne 2019 seront globalement le Miami FC à l’Est et les Oakland Roots SC à l’Ouest, ce qui pourrait donner quelques affrontements déséquilibrés. Heureusement, les expansions arrivent. Chattanooga FC et le Detroit City FC seront deux clubs bien préparés à la compétition dès le Printemps 2020 et apporteront, c’est certain, un brin de folie en tribunes. Des expansions à Bâton-Rouge au Connecticut et en Nouvelle-Orléans sont aussi en discussion, ainsi qu’avec les Palm Beach Breakers, club de division quatre qui cherche un investisseur et qui s’est fait connaître grâce à ses maillots originaux. L’équipe, surnommée « The Dudes » , pourrait arriver en 2020.
Mais une ombre plane sur ce championnat, celle de la plus grosse puissance du soccer américain de deuxième division depuis 2013 et peut-être du nom le plus connu du sport aux Etats-Unis. Le New-York Cosmos n’est pas pour le moment de la partie, alors qu’il fut de la NPSL Member’s Cup et de la NASL. La raison est simple, une dispute légale avec a Fédération Etasunienne de soccer qui n’en finit plus et qui l’empêche de concourir dans une division professionnelle. Cependant peu en doutent ; dès que cette dernière sera terminée, le Cosmos rejoindra la NISA.

Calendrier (la diffusion se fera sur MyCujoo, site gratuit de diffusion):

2019_NISA-schedule-v1-6.png
Via NISA
Antoine Latran

Co-créateur de Culture Soccer. Ancien rédacteur Soccer Nord-Américain pour Lucarne Opposée. Fan de MLS depuis une balade dans Seattle un jour de match, j'écris sur Culture Soccer sur la MLS, la NISA, la sélection américaine, ainsi que sur des sujets mêlant le sport à la culture, la politique et l'économie.

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