Cet article est écrit par Tristan D’Amours, correspondant à Montréal pour Pro Soccer USA. Vous pouvez notamment suivre son travail sur son Twitter. 

L’association des joueurs de la MLS (MLSPA) a dévoilé ses revendications pour la prochaine convention collective durant un appel conférence. La MLSPA veut que la MLS soit plus juste envers tous ses joueurs.

Le directeur exécutif de la MLSPA, Bob Foose a résumé les demandes des joueurs en cinq points : L’association veut un vrai système d’agents libres, des règles budgétaires plus simples, plus de vols nolisés (ou vols charter privés) une rémunération des joueurs en fonction de leurs performances sur le terrain, donner aux équipes la possibilité de bâtir leurs propres équipes comme elles le veulent (cap salarial, salaire maximum des joueurs, plus de places de joueurs internationaux, plus de places senior…etc…).

« En résumé, nous voulons une MLS qui ne fait pas qu’aspirer à devenir une des meilleures ligues du monde et une ligue de choix », a dit Bob Foose. « Mais une MLS qui agit comme une des meilleures ligues du monde et une ligue dont les joueurs aspirent à s’établir. »

La MLSPA prête pour un conflit de travail

La MLSPA est plus confiante que jamais à l’aube des négociations avec la ligue et les propriétaires. Foose a aussi voulu ajouter que l’association a doublé le nombre de ses membres depuis la dernière négociation en 2015.

« Nos joueurs sont prêts à se présenter à la table de négociations mais ils sont aussi prêts au cas où l’offre n’est pas acceptable à leurs yeux », a déclaré Foose. « Nous avons discuté et nous nous sommes préparés pour un arrêt de travail depuis maintenant deux ans et demi. »

La convention collective actuelle ne permet pas à la ligue d’effectuer un « lock out » (terme anglophone désignant une grève enclenchée par les propriétaires) empêchant les joueurs de jouer avant la signature d’une nouvelle convention. Par contre, l’accord entre la ligue et les joueurs vient à échéance à la fin du mois de Janvier 2020. Ceci donnerait le droit à la MLS de déclencher un « lock out » dès le 1^er Février 2020.

Un conflit de travail va aussi affecter les équipes de la MLS qui se sont qualifiées pour la ligue des champions de la Concacaf

« Les joueurs ne pourraient pas participer à la ligue de champions si la MLS déclenchait un « lock out » avant ces matchs », a dit Foose. « Pour la même raison, les joueurs ne pourraient pas y participer non plus si nous prenons la décision de faire une grève avant ces matchs. Les conséquences par rapport au tournoi demeurent floues. C’est une décision que devra prendre la Concacaf en cas de non-participation des clubs de la MLS. »

Un système d’agents libres agrandi

Durant les négociations qui ont mené à la dernière convention collective, la MLSPA a réussi à instaurer un système d’agents libres. « Grâce à un travail acharné lors des dernières négociations en 2015, nous avons réussi à faire craquer la volonté des propriétaires qui ne voulaient pas d’un système d’agents libres en MLS » , a dit Foose.

Le système actuel permet aux joueurs de plus de 28 ans ayant disputés plus de huit saisons en MLS, d’être considérés comme joueurs autonomes. Ces joueurs peuvent donc décider eux-mêmes de leur avenir dans la ligue. Tous ceux qui ne remplissent pas ces critères sont encore la propriété de leurs clubs. Les joueurs veulent un système plus libre avec des contrats plus simples.

« Nous voulons un système d’agents libres plus clément pour que les joueurs puissent décider de  leur sort et qu’ils ne soient plus restreints par une équipe qui détient leurs droits» , a déclaré Alejandro Bedoya de l’Union de Philadelphie. « Les options unilatérales que détiennent les clubs limitent le mouvement des joueurs, surtout les jeunes joueurs. Nous voulons que ça se simplifie. »

L’augmentation du nombre de vols nolisés

Le nombre de vols nolisés est un sujet controversé en MLS. La réalité des déplacements en Amérique du nord a particulièrement frappé la ligue cette saison et beaucoup de joueurs se sont plaints sur les médias sociaux.

Bedoya est très engagé sur le sujet. L’Union n’a utilisé aucun des quatre vols nolisés permis par la MLS en saison régulière. Il a donné comme exemple une semaine de trois matchs où l’Union a affronté les Red Bulls de New York à la maison, les Earthquakes de San Jose à l’étranger et le Crew de Columbus en Ohio. L’Union a voyagé de San Jose à Philadelphie le jour après leur match puis s’est ensuite envolé pour Columbus le jour suivant.

« Je me suis blessé durant le match contre Columbus et c’était ma première blessure musculaire dans ma vie », a dit Bedoya. « Je crois que si nous avions pris un vol nolisé directement à Columbus et que nous n’avions pas pris un autobus de San Jose à San Francisco, un trajet de plus de deux heures, ma blessure aurait été évité. »

Selon lui cet enjeu n’est pas une question de luxe mais bien de récupération: « Ce n’est pas seulement pour passer devant les gens à l’aéroport ou prendre un avion de luxe. Il y a des recherches sur le sujet, ça peut améliorer la récupération. »

Pour Foose, qui a admis que la MLSPA avait mentionné le problème des vols nolisés lors des négociations en 2015, la MLS traîne la patte derrière les autres ligues nord-américaines à ce sujet : « Je ne crois pas qu’il y ait une clause rendant les vols nolisés obligatoires dans les conventions collectives des quatre autres ligues parce que c’est évident que ça doit être fait. C’est dommage que nous nous retrouvions obligés d’en parler dans un contexte de convention collective parce que ce n’est pas du tout un problème dans les autres sports. »

La MLS et la MLSPA ont intérêt à trouver un terrain d’entente assez vite s’ils veulent continuer leur évolution au sein de l’univers du ballon rond. Il ne reste que trois mois avant la date butoir du 1^er Février 2020.