En pleine entre-saison d’USL League One, nous avons souhaité donner la parole aux supporters des équipes composant cette ligue. Nous avons donc contacté le Reedy River Riot (Greenville Triumph, Caroline du Sud) ainsi que The Flock (Forward Madison, Wisconsin) pour répondre à nos questions, qui se découpent en deux parties : la culture du supportérisme outre-Atlantique et le côté sportif. Retrouvez leur interview ci-dessous.
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Culture Soccer (CS) : tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer comment votre groupe de supporters s’est créé ? Nos lecteurs aimeraient comprendre ce que ça signifie de soutenir un club qui n’existe que depuis quelques semaines/années.
Reedy River Riot (RRR) : Le Reedy River Riot a sérieusement commencé au moment où des membres de notre direction réfléchissaient à des stratégies pour créer une équipe de soccer professionnelle à Greenville. Ce processus a été lancé en juillet 2017 suite à un ‘buzz’ sur les réseaux sociaux, à travers le hashtag « #usl2gvl », ainsi qu’à une pétition sur le site Change.org (https://www.change.org/p/can-greenville-get-a-usl-d3-team-with-your-help-yes). La pétition, intitulée « Bring Professional Soccer to Greenville » (Ramener le Soccer Professionnel à Greenville) a réuni plus de 900 signatures et a attiré l’attention de la direction de l’USL ainsi que du groupe de propriétaires locaux qui faisait de la prospection. Notre rêve est devenu réalité en mars 2018 lorsque Greenville fut annoncé comme membre fondateur de l’USL D3 (renommée en USL League One). Au fur et à mesure de la conception et construction de l’équipe, les membres initiaux du Reedy River Riot ont commencé à se réunir pour discuter de notre vision pour créer un groupe de supporters. Notre direction consiste en un groupe de fanatiques de soccer basé à, et autour de Greenville, des supporters qui ont occupé des postes de direction dans de nombreux groupes de supporters par le passé. Nous avons pioché dans ces expériences pour lancer l’histoire du Riot. Dès le départ, nous avons été époustouflés par le soutien de la communauté et nous ressentons leur enthousiasme à l’effet d’avoir été là depuis le départ. Soutenir un club à ses balbutiements est excitant puisque nous aidons à créer et façonner ce que la culture soccer pourrait être à Greenville. Si c’est bien fait, cette équipe peut s’ancrer dans le cœur dans la ville et de ses habitants.
The Flock (TF) : Plusieurs d’entre nous soutenaient déjà des clubs ailleurs dans le monde et, quand l’opportunité de soutenir un club nouvellement formé dans notre ville s’est présentée, nous avons sauté sur l’occasion. Organiser le soutien autour d’un nouveau club n’est pas évident, dans le sens qu’on essaie de créer une culture et des traditions autour de quelque chose de nouveau. C’est difficile de ne pas faire de choses qui semblent artificielles. Nous avons simplement décidé d’essayer plein de choses différentes pour voir ce à quoi les gens réagiraient le plus et ça a bien fonctionné. Chaque groupe a besoin d’une base solide pour survivre à sa première saison et passer la phase de « lune de miel », une fois que la nouveauté s’estompe. Notre façon de garder les pieds sur terre est le service à la communauté, au travers de collectes de fonds et de volontariat. Notre sens de la responsabilité envers les autres et envers notre ville est notre fondation.
CS : Pouvez-vous décrire l’ambiance lors de vos matchs à domicile ?
RRR : Nous avons des fans, venant de tous les horizons, qui sont prêts à hurler, chanter et soutenir nos gars durant 90 minutes !
TF : Notre stade n’a pas une grande capacité (5.000 places) mais notre but est de faire du bruit et d’être extrêmement positifs. On chante et frappe les tambours durant 90 minutes et nous nous focalisons uniquement sur le fait de tirer notre équipe vers le haut et de prendre du plaisir.
CS : Est-ce que votre groupe a participé à des activités caritatives ou d’aide à la communauté cette saison ? Si ce fut le cas, pouvez-vous nous en dire plus sur ce genre d’expérience ?
RRR : Oui en effet ! Greenville a une journée « Hands on Greenville » chaque année, lors de laquelle la communauté peut participer à différents projets à travers l’Etat. Cette année, nous avons pu mettre sur pied un groupe du Reedy River Riot pour aider un centre communautaire local. Nous avons posé du paillis, aidé dans leur jardin, nettoyé les vitres, organisé leurs fournitures, etc. Ce fut, sincèrement, l’un de nos événements préférés de l’année !
TF : Nous collectons des fonds pour une association caritative différente chaque mois (au moyen de tombolas à nos avant-matchs et aux rassemblements dans des bars de la ville pour regarder nos matchs quand nous jouons à l’extérieur) et participons à divers événements sociaux également. Nous avons participé à Prideraiser en juin, qui permet aux gens de faire une promesse de don pour chaque but marqué par son équipe durant le mois et les fonds vont ensuite à une organisation LGBTQ+ locale. Nous avons notre propre fondation caritative dont les bénéficiaires sont les organisations locales de jeunes joueurs de soccer qui permettent à des enfants, dont les parents n’ont pas les moyens, de jouer à ce sport. La fondation reverse aussi une partie de ses bénéfices à une équipe de Power Soccer classée au niveau national, les Wisconsin Warriors. Nous faisons du volontariat dans notre communauté aussi, en nettoyant les parcs publics et le quartier autour de notre stade, ou encore en travaillant dans une banque alimentaire locale.
CS : Comment gérez-vous l’incertitude qui entoure une ligue nouvellement créée, comme l’USL League One ? Nous avons vu quelques équipes aller et venir, à différents niveaux de l’USL, ça ne doit pas être évident tous les jours.
RRR : Honnêtement, croire en la ligue importe peu. Notre foi est envers notre groupe de propriétaires. Dès le premier jour, ils ont tout fait pour établir une équipe qui veut sérieusement faire partie de la communauté, qui veut gagner et pour créer une identité visuelle qui va durer. L’USL peut faire ce qu’elle veut, nous sommes là pour rester !
TF : Notre approche est la suivante : si on travaille dur pour rendre les matchs positifs et fun pour tout le monde, les gens continueront à revenir et à soutenir le club. Les propriétaires, le staff et les joueurs voient tous les efforts que nous faisons et voient que la communauté est derrière ce qu’ils font et ils veulent nous rendre la pareille. Si nous soutenons notre club avec du temps, de l’énergie et des moyens financiers, le succès est inévitable.
CS : Qu’est-ce que cela vous fait d’être dans une ligue fermée et voudriez-vous voir la mise en place de la promotion/relégation à un moment donné (et expliquez pourquoi) ?
RRR : Il faut s’y attendre. Malheureusement, les structures de ligues aux États-Unis n’ont pas encore comblé l’écart qui les séparent du reste du monde et il ne semble pas y avoir de lumière au bout du tunnel quand on regarde vers la MLS (dont les propriétaires ne soutiendront JAMAIS le système de promotion/relégation). Cependant, l’USL a l’air de créer une structure dans laquelle ceci pourrait être possible un jour. Nous voulons, à 100%, un système de promotion/relégation puisque ça permet à toutes les équipes de toujours lutter pour quelque chose tout en assurant de l’enjeu à tous les matchs !
TF : Personnellement, je suis pour. Un modèle fondé sur le mérite contribuerait énormément à aider ce sport à atteindre son apogée en Amérique du Nord. Je comprends pourquoi le modèle de franchise, en vigueur en MLS/USL, a toujours été populaire : c’est une structure stable mais elle ne fait rien pour s’assurer qu’un club comme Orlando, par exemple, ne finisse pas dernier dans toutes les compétitions dans lesquelles il a une équipe. Leurs propriétaires continuent d’être récompensés chaque saison et il n’y a pas vraiment d’effet secondaire punitif.
CS : Quelles étaient les attentes de votre groupe envers votre équipe avant la saison inaugurale ?
RRR : Ce fut une progression. Après l’annonce initiale de la création de l’équipe, nous étions juste contents d’en avoir une. Après l’annonce de notre identité visuelle, nous voulions avoir un bilan positif à la fin de la saison. Après l’engagement de John Harkes, nous voulions finir en tête du classement !
TF : Nous n’avions pas vraiment d’attentes du côté sportif pour cette première saison mais, de manière générale, je pense que la majorité de notre base de supporters est satisfaite des résultats. Évidemment, nous voulons soulever un trophée la saison prochaine mais je pense que beaucoup d’entre nous avions revu nos ambitions à la baisse avant cette année, parce que nous savions que nous allions affronter des équipes dont les joueurs se connaissaient déjà bien. Les équipes réserve de MLS ont des éléments qui jouent ensemble depuis des années, tout comme certaines équipes indépendantes. Au fil de la saison, la mayonnaise a pris dans notre équipe et ça nous a beaucoup aidé à rester constants. Malheureusement, il nous a manqué le dernier geste devant le but et nous n’avons pas assez converti nos occasions de marquer.
CS : Qui est le joueur le plus important (MVP) de votre équipe, selon vous ?
RRR : L’homme entre les poteaux, le Gardien de l’Année 2019 en USL League One : Dallas Jaye ! Il joue pour l’équipe nationale du territoire américain de Guam et a également reçu le prix du Gant d’Or après avoir réussi 13 blanchissages en saison régulière, tout en emmenant le Triumph dans son sillage vers une place en finale de League One.
TF : Ceci est mon avis personnel : J.C. Banks. Ce n’est pas un joueur flamboyantmais il est incroyablement doué techniquement et rend tout le monde autour de lui meilleur. C’est aussi un gars qui va prendre le taureau par les cornes pendant les matchs et se battre pour en tirer quelque chose.
CS : Qu’est-ce que l’USL fait de bien et que pourrait-elle améliorer ?
RRR : Ils savent comment construire un produit, ça c’est sûr ! Le rebranding, l’accord avec ESPN+, tout cela semble indiquer un futur excitant. Une chose qu’ils peuvent améliorer, c’est la production des matchs télévisés : plus ça a l’air professionnel, plus le nombre de téléspectateurs augmentera !
TF : Ils ont l’air de vouloir laisser les clubs développer leur propre identité un peu plus que ce que fait la MLS avec ses franchises. Il semble aussi que les clubs indépendants d’USL possèdent leur identité visuelle et droits à l’image, ce qui est également un point positif. Ils pourraient beaucoup améliorer la communication avec les supporters. Cette saison, nous avons eu une interdiction de dernière minute sur l’utilisation des mégaphones pour nos capos lors de notre premier match à domicile, sans aucune explication. Il aura fallu attendre trois matchs avant de comprendre pourquoi et le club a dû plaider notre cause pour que nous puissions les récupérer. Toute la peur et le dégoût auraient pu disparaître avec un simple coup de téléphone. Aussi : nous n’en avons rien à faire des équipes réserve de MLS. Je sais que ça contribue à la stabilité de la ligue et à augmenter le niveau de jeu mais leurs stades sont vides et il n’y a aucune ambiance.
CS : Que peuvent attendre les gens de votre équipe en 2020 ?
RRR : Perdre en finale va donner faim de victoire à nos garçons et les motiver à prouver que ce n’était pas un coup de chance. Nous pouvons dire avec certitude que notre marque de fabrique est la défense contre laquelle les équipes ne peuvent pas se permettre de faire des erreurs.
TF : Le quadruplé. A savoir :
- la coupe d’USL League One ;
- l’Extraordinairement Brillante Coupe de toutes les Coupes, qui revient à la meilleure équipe de l’Etat du Wisconsin ;
- le trophée du Henny Derby, qui récompense le groupe de supporter dont l’équipe remporte le plus de matchs en une saison, entre Forward Madison et les Richmond Kickers ;
- le trophée du Handy, que nous avons défendu avec succès lors d’un match à 5 contre 5 entre notre groupe et celui de l’Assembly Line (groupe de supporters de feu Lansing Ignite).
CS : Pour terminer, avez-vous quelques mots pour les fans francophones des ligues mineures du soccer Nord-Américain ?
RRR : Le fait que vous vous intéressiez à notre petite partie du monde du soccer nous touche beaucoup, alors merci ! Nous espérons que si, un jour, vous venez jusqu’à Greenville, vous saurez que vous pouvez venir au Legacy Field et faire partie de la famille du Riot !
TF : Nous sommes ravis que vous soyez de la partie et Allez les ‘Gos !
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C’est ainsi que s’achève notre entretien avec Reedy River Riot et The Flock. Culture Soccer tient à remercier les deux Andrew pour le temps consacré à répondre à nos questions. Vous pouvez suivre les comptes Twitter de ces deux groupes à @GVLRiot et @fwdflock. Enfin, vous pouvez également suivre Andrew Phillips (Reedy River Riot) à @Remy_Stark et Andrew Schmidt (The Flock) à @drudgeons.

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