Cet article a été écrit par Aurélien Pech, passionné du LA Galaxy.
Le 26 juillet 2018 marqua l’histoire de Bradley Wright-Phillips (abrégé « BWP »). À la deuxième minute du match entre les Red Bulls et DC United, le numéro 99 des Red Bulls frappe à bout portant pour marquer son 100e but sous les couleurs de son club. Il devient alors le joueur le plus rapide à atteindre le cap des 100 buts en MLS, réalisant cet exploit en 159 matches (record que détenait auparavant Taylor Twellman qui l’avait marqué à son 174ème match avec le New England Revolution).
Ayant vu passer plusieurs joueurs emblématiques au sein de ses rangs tels que Thierry Henry ou Tim Cahill, BWP a bel et bien marqué le club, si bien que le directeur général des New York Red Bulls de l’époque, Ali Curtis (présentement directeur sportif de Toronto FC depuis janvier 2019) a décidé de retirer le numéro 99 pour rendre hommage au joueur anglais.
Mais connaissez-vous vraiment le parcours de la légende Bradley Wright-Phillips ? Récemment signé par le Los Angeles Football Club, nous revenons aujourd’hui sur la carrière d’un des avant-centres les plus connus de la MLS.

Transféré à Southampton alors en Championship à l’époque, BWP a du temps de jeu mais peine à confirmer devant. Trois saisons plus tard, en 2008, son contrat ne sera pas renouvelé en raison de son faible apport offensif (25 buts et 8 passes décisives en 120 matches).
La famille : Lourd héritage
Imaginez que votre père ait marqué l’histoire d’un club et que les médias braquent leurs caméras sur vous, alors que vous n’êtes pas sûr de confirmer en tant que joueur professionnel. Pire, imaginez que votre frère aîné, ayant cette même pression, a réalisé une carrière plus qu’honorable en passant par plusieurs grandes institutions ? C’est ce qui est arrivé à Bradley Wright Phillips.
Son père, Ian Wright, était le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal avec 185 buts en 288 matches. Quelques années plus tard, Shaun Wright-Phillips reprenait le flambeau en passant par Manchester City, Chelsea et les Queens Park Rangers.
En juin 2008, les coéquipiers de Wright-Phillips et de Nathan Dyer à Southampton ont été inculpés pour cambriolage dans une boîte de nuit de Portsmouth. L’affaire contre Dyer a abouti à une condamnation, mais Wright-Phillips a plaidé non coupable et l’affaire a été classée en raison d’une insuffisance de preuves. Un an plus tard, Wright-Phillips se retrouva de nouveau en difficulté. Avec son coéquipier David McGoldrick, il est arrêté pour agression contre un partisan de Southampton. Le service des poursuites de la Couronne a décidé de ne pas engager de poursuites. Les deux incidents, bien qu’ils n’aient abouti à aucune condamnation, ont été les moments les plus remarquables de l’épopée de Bradley Wright-Phillips à Southampton et ont mis en lumière un jeune homme qui luttait pour faire face à sa nouvelle renommée.
Après la relégation des Saints (surnom de Southampton) en League One, BWP a été prié de trouver un autre club. Il rejoint alors Plymouth Argyle et sombre une fois de plus. Après une longue blessure au genou qui l’éloignera des terrains pendant plusieurs mois, le numéro 99 des Red Bulls rechute et ne réapparaitra qu’en mars 2010 soit presque un an après sa blessure.
Malgré tout, les statistiques sont en faveur de l’attaquant anglais : trente-cinq matches disputés, dix-sept buts et une passe décisive toutes compétitions confondues. Un bilan jugé cependant insuffisant par le club.
Transféré en janvier 2011 pour un montant inconnu, il évoluera à Charlton Athletic.
Il participe grandement à la conquête du titre de League One en disputant quarante-deux matches pour un total de vingt-deux buts et neuf passes décisives. C’est alors, l’apogée de sa carrière.

Oui mais, malgré une saison séduisante, Bradley sera prêté à Brentford…sans succès. En 2013, l’anglais se retrouve au pied du mur. Bien qu’apprécié par les collaborateurs du club et par les supporters, le joueur se retrouve à 28 ans avec un faible temps de jeu partout où il est passé et un seul trophée, celui glané à Charlton.
Cependant dans le soccer tout va très vite et une franchise, anciennement appelée MetroStars devenue New York Red Bulls l’approche en 2006.
Le début d’une incroyable histoire d’amour
La réputation de la Major Soccer League est maintenant bien plus reluisante qu’en 2013 notamment grâce à l’excellent travail de communication et de marketing de la ligue mais aussi grâce aux franchises qui se démarquent de par leur jeu alléchant (Los Angeles Football Club), leur stade à la fine pointe de la technologie (Mercedes Benz Stadium d’Atlanta United) ou encore leur supporters (Minnesota United).
À l’époque cependant, partir en MLS était considéré comme une régression tant elle était décrite comme « une ligue de retraités ». Les New York Red Bulls en revanche, survolaient ou presque la ligue grâce à leurs deux stars : Tim Cahill et Thierry Henry.
Réticent au départ, BWP a été invité plusieurs fois voir les Red Bulls. Il dit dans son blog givemesport que c’est en voyant Cahill et Henry sortir en se tenant les hanches qu’il s’est aperçu qu’il avait toutes ses chances et surtout, que le club lui rendait un énorme service : la possibilité de briller sur le terrain.

24 juillet 2013: Bradley Wright-Phillips signe aux New York Red Bulls
Après des débuts timides, il faut dire qu’il était difficile de prendre le train en marche tant les Bulls avaient l’équipe la plus huilée de la ligue, il jouera sept matches avec un but. L’équipe de Thierry Henry terminera première de la conférence et première de la ligue… pour échouer en demi-finale de play-offs.
Malgré le fait que Bradley était épanoui et que le club et les supporters étaient satisfaits de lui, l’équipe chercher à trouver de la concurrence au joueur pour la prochaine saison en raison de son apport offensif moyen. En effet, Gérard Houiller, emblématique entraîneur français de Liverpool qui était, à cette époque, responsable du football mondial des Red Bulls, monte au créneau et parvient à convaincre la haute direction de garder BWP. (Austin Fido, onceametro)
La saison 2014 sera la meilleure saison des New York Red Bulls depuis les débuts de la franchise en 1996. La paire Bradley Wright-Phillips-Thierry Henry est redoutable. L’attaquant français est souvent passeur pour l’anglais qui trouve le fonds des filets. Même si on le sait déjà, il est bon de rappeler que Thierry Henry a battu le record de buts du père de BWP à Arsenal, comme un clin d’œil du destin. Statistiquement, BWP aura réussi sa saison 2014 avec vingt-sept buts en trente-deux matchs en saison régulière. Malheureusement et comme souvent d’ailleurs, NYRB ne confirme pas et se fait éliminer 4-3 par sa bête noire des phases finales : le New England Revolution.
Cependant, l’attaquant impressionnera avec l’équipe des MLS All Star en catapultant le ballon au fond des filets du Bayern Munich.

2015 : année de transition
Après le départ de Thierry Henry, les « haters » (les dénigreurs) commençaient à avoir des doutes sur le talent réel de BWP. Pour eux, Thierry Henry faisait tout le travail et Wright-Phillips n’avait encore rien prouvé.
L’équipe avait aussi changé d’entraineur avec l’arrivée de Jesse Marsh (aujourd’hui entraineur de Red Bull Salzburg) et les supporters affichaient leur mécontentement. Leur numéro 99, auteur d’une saison remarquable avec vingt-sept buts n’en n’a marqué « que » dix-sept cette saison.
L’équipe a aussi reçu un renfort que connaît bien BWP : son frère.

En difficulté avec Queens Park Rangers, Shaun Wright-Phillips rejoint son petit frère. Le seul inconvénient a été les médias anglais. Retraçant le passé de Bradley plus que chaotique en Angleterre et le voyant réussir dans le New Jersey, beaucoup ont dévalorisé la ligue et mettait, depuis l’outre Atlantique, la pression sur BWP. Au final, Shaun n’arrivera pas à s’intégrer et choisira Phoenix, pensionnaire de United Soccer League (USL) qui possédait à l’époque l’illustre Didier Drogba, son ancien coéquipier à Chelsea.
Bradley, le Messie des Red Bulls
« Notre » Bradley a bien changé, si bien que la pression l’a aidé à battre deux records : Son 63e but face à Chicago Fire a battu le record du colombien Juan Pablo Angel, alors recordman de buts des Red Bulls ainsi que le record du joueur le plus prolifique sur une période de trois ans en MLS (68 buts de 2014 à 2016).
2017 était une année noire pour l’équipe du New Jersey mais, malgré tout, Bradley Wright Phillips égalise le record de Robbie Keane en marquant dix-sept buts (le record était de marquer au moins quinze buts en quatre saisons consécutive).
Malgré un véritable affaiblissement de l’équipe, Bradley a su tirer son épingle du jeu et être régulier pour tenter de faire gagner son équipe. A 33 ans, Bradley n’a pas encore dit son dernier mot. Sa meilleure saison en MLS a été celle de 2014 avec vingt-sept buts marqués et deux passes décisives. Quatre ans plus tard, l’anglais bat toujours des records: vingt-huit buts et huit passes décisives.
De quoi rendre fier son père qui tweetera pour féliciter son fils. Bradley, ému lui aussi, lui rendra la pareille.

La dernière pour BWP:
Bien que son année 2018 ait été elle aussi prolifique, les chances de gagner un titre ont été inhalées par Atlanta United qui, après avoir survolé la ligue cette année, remporte la MLS Cup. 2019 est encore plus difficile, à 34 ans, l’attaquant anglais est moins vif même si sa technique reste intacte.
Les New York Red Bulls ont peut-être trouvé la relève avec Brian White, appelé en renfort cette saison, qui a réalisé huit buts et deux passes décisives en dix-neuf matchs de saison régulière. Malgré une qualification sur le fil pour les Playoffs, les Red Bulls s’inclinent 4-3 après avoir mené 2-0 contre Philadelphia Union.
New York revient de loin et peut nourrir des regrets.
Concernant notre numéro 99, il n’a joué que 29 matches pour un rendement bien trop insuffisant : deux buts et trois passes décisives.
New York Red Bulls a annoncé, jeudi 21 novembre 2019, que Robles, Étienne JR et… Bradley Wright-Phillips quittaient définitivement le club.
Dans la nuit du 8 au 9 février, il est annoncé qu’après s’être entraîné avec l’équipe pendant la trêve hivernale, BWP signe avec le Los Angeles Football Club. Sans conteste le meilleur club de la saison régulière en 2019, l’équipe de Bob Bradley avait besoin d’une doublure pour Adama Diomandé et le profil de Wright-Phillips collait parfaitement. C’est un nouveau challenge pour un des visages les plus reconnus de l’histoire de la MLS.
Son Palmarès :
Objectivement, les années 2013 et 2018 devaient être les années où sportivement, les Red Bulls devaient soulever la MLS Cup, titre qu’ils n’ont encore jamais remporté. Ils obtiennent tout de même trois Supporters’ Shield décerné au premier de la MLS en saison régulière (2013, 2015 et 2018).
Individuellement, peu de personnes peuvent se vanter d’avoir aussi bien fait que lui, surtout en MLS :
MLS Golden Boot (meilleur buteur) : 2014, 2016
MLS Best XI (meilleur XI de départ) : 2014, 2016
MLS All Star : 2014, 2018
New York Red Bulls MVP (meilleur joueur) : 2014, 2017, 2018
CONCACAF Best XI (meilleur onze ligue des champions CONCACAF) : 2018
Et ensuite ?
Rester dans le monde du soccer n’est peut-être pas la priorité pour l’Anglais.
En effet, début 2018, Bradley lance sa marque de lifestyle « TwoNines ». Numéros bien évidemment inspirés de celui qu’il porte dans le dos avec les New York Red Bulls.
Souffrant d’une réputation injustement sulfureuse, ses réalisations sont en grande partie passées inaperçues en dehors des États-Unis. Les médias anglais vantent les mérites de leur soccer en disant que le numéro 99 des NYRB ne s’en serait jamais sorti s’il n’avait pas fait ses classes en League One. Mais c’est une grande injustice que de rabaisser BWP à ça.
C’est grâce à sa persévérance que l’anglais s’est forgé et a marqué l’histoire d’un club et même d’une ligue !
Pour Bradley Wright-Phillips, déménager dans un pays différent, loin de toute attention médiatique, s’est révélé merveilleux. Cela met en évidence les possibilités qui peuvent s’offrir aux joueurs qui luttent afin d’être reconnus en Angleterre ou ailleurs en Europe. Il existe d’autres ligues dans lesquelles une carrière peut être forgée. Plutôt que de gaspiller ses années de gloire dans les bas-fonds du football anglais professionnel, Wright-Phillips a misé sur la Major League Soccer et elle lui a permis de briller de mille feux. Avec 224 matches, 126 buts et 30 passes décisives à son actif, Bradley Wright-Phillips est devenu une des plus grandes réussites de l’histoire des Red Bulls, le classant comme l’un des meilleurs arrivants de la ligue.
Avec la blessure d’Adama Diomandé, le LAFC espère que BWP pourra tout d’abord être un joker tactique, qui pourra conclure les magnifiques caviars de Diego Rossi et Carlos Vela. Pendant la saison et avec le retour de Diomandé, il devrait plus sortir du banc pour donner un second souffle à l’équipe en cours de match. C’est un recrutement osé, mais calculé, de la part du dernier gagnant du Supporter’s Shield et qui pourrait sûrement permettre à BWP, d’améliorer encore son total de buts marqués en MLS.
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