Retour vers le futur #5 : Quand Red Bull a donné des ailes aux MetroStars

Dès le lancement de la MLS en 1996, New York a toujours eu son club et en a même deux aujourd’hui : New York Red Bulls et New York City FC. Bien que le second ait débarqué en MLS en 2015 seulement, le premier est présent depuis la saison inaugurale mais a, entre-temps, changé de nom en passant de MetroStars à Red Bulls.

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La naissance des MetroStars

C’est en 1994 que John Kluge et Stuart Subotnick fondent à New York, un club destiné à jouer au soccer et il porte le nom d’Empire Supporters Club. C’est d’ailleurs ce nom qui sera, plus tard, donné au plus gros groupe de supporters des New York Red Bulls. Pour son entrée en MLS, John Kluge voulait que sa franchise puisse représenter son entreprise de médias Metromedia, c’est ainsi que Nike a proposé de renommer le club MetroFlash mais cette idée fut refusée. L’idée de racheter le nom Cosmos fut également envisagée pendant un temps. Finalement le club portera le nom de MetroStars New York/New Jersey.

Côté sportif, le joueur international américain Tab Ramos est le premier à s’engager avec la MLS et devient donc le premier joueur des MetroStars. Il est rapidement suivi par son coéquipier en équipe national Tony Meola puis par l’ancienne star de l’AC Milan Roberto Donadoni ainsi que Peter Vermes, le premier capitaine de l’histoire des MetroStars. L’équipe est entraînée par Eddie Firmani, connu pour son passage au New York Cosmos de Pelé, Beckenbauer, Chinaglia et Carlos Alberto. Les MetroStars sont attendus comme un prétendant au titre mais leur parcours est semé d’embûche et, après cinq défaites en huit matchs, Firmani est démis de ses fonctions et laisse place à Carlos Queiroz. Les new yorkais arrivent tout de même à se hisser en demi-finales de conférence mais s’inclinent en trois rencontres, avec deux défaites. La seule satisfaction dans cette première saison est Giovanni Savarese, jeune joueur vénézuélien jusque-là inconnu du grand public, qui inscrit treize buts en saison régulière et un en playoffs. L’année qui suit n’est pas meilleure puisque les MetroStars terminent dernier à l’Est et, encore une fois, seul Savarese tire son épingle du jeu avec ses quatorze buts et deux passes décisives.

En 1998, l’appellation MetroStars New York/New Jersey se simplifie et laisse place officiellement à la version utilisée le plus souvent par les fans et médias : MetroStars. Les années passent, les entraîneurs se succèdent mais rien n’y fait et il faut attendre l’an 2000 pour voir les MetroStars arriver en tête de la division Est, dans une MLS qui se divise désormais en trois conférences. Mais, après avoir largement battu le Burn de Dallas en quarts de finale, les MetroStars s’inclinent contre le Chicago Fire. En 2001, le producteur d’événements AEG (Anschutz Entertainment Group), qui possède déjà d’autres équipes de MLS comme le Los Angeles Galaxy et le Chicago Fire, rachète le club. Cette année-là, les new yorkais sont éliminés en quart de finale par… le Galaxy justement.

ViaUSSoccerPlayers
Via US Soccer Players

Le second souffle apporté par Bob Bradley

Pour la saison 2003, la franchise new yorkaise fait appel à Bob Bradley, un entraîneur expérimenté et titré à plusieurs reprises en tant qu’assistant avec D.C. United mais aussi en tant qu’entraîneur principal du Chicago Fire, avec lequel il remporte la MLS Cup lors de la saison inaugurale. Ce choix s’avère payant puisque l’équipe emmenée par Mark Pisi et Amado Guevara retrouve les playoffs et, surtout, accède pour la première fois de son histoire à la finale de l’U.S. Open Cup, mais s’incline contre le Chicago Fire sur le score de 0-1. En 2004, les MetroStars retrouvent une nouvelle fois les playoffs mais perdent deux fois 0-2 en demi-finales de conférence. En revanche, la franchise new yorkaise devient la première en MLS à s’imposer dans un tournoi en dehors du sol nord-américain en remportant la Manga Cup, un tournoi hivernal qui se dispute en Espagne. Les étasuniens battent le Dynamo Kiev en demi-finale puis le Viking FK en finale. La saison 2005 est encore très mouvementée puisque Bob Bradley est démis de ses fonctions d’entraîneur à trois journées de la fin de la saison régulière et est remplacé par son assistant Mo Johnston. Une fois encore, les MetroStars sont présents en playoffs mais, une fois encore, ils s’arrêtent en demi-finales de conférence.

Le rebranding complet du club au profit de Red Bull

Le 9 mars 2006, la MLS et AEG annoncent que l’entreprise autrichienne de boissons énergisantes Red Bull, détenue par Dietrich Mateschitz, est le nouveau propriétaire des MetroStars. Le montant de la vente n’est pas dévoilé mais avoisinerait quarante-deux millions d’euros. En plus du rachat, Red Bull s’engage à participer à la construction d’un stade de vingt-cinq mille places à Harrison et ainsi en détenir cinquante pourcent. Dans le même temps, AEG reste responsable de la construction, de la gestion et des réservations de la nouvelle enceinte. Le commissaire de la ligue, Don Garber, se réjouit de l’arrivée d’un investisseur comme Red Bull qui apporte “une crédibilité internationale ainsi qu’une expertise marketing”.

Avec cette nouvelles franchise, Red Bull accroît un peu plus sa présence dans le sport. En plus de ses activités dans les sports extrêmes, la marque aux deux taureaux possédait déjà un club en Autriche, le Red Bull Salzburg, ainsi que deux écuries de Formule 1 : Red Bull Racing et Scuderia Toro Rosso. Red Bull n’a pas cessé d’investir dans le football puisque la marque de boissons énergisantes est également devenue propriétaire d’un club de Bundesliga depuis, le RB Leipzig, mais aussi d’un club brésilien, le Red Bull Brasil. Dès l’arrivée de Red Bull, le club a subi de nombreux changements comme les symboles, les couleurs et le nom devenu New York Red Bulls. Ce profond changement d’identité laisse certains fans perplexes. Les MetroStars avaient réussi à se construire une forte fanbase mais comme en témoigne Mark Fishkin, abonné depuis 1996 : “La plupart des fans étaient choqués au moment de la vente. Certains supporters sont partis mais ne sont jamais revenus. Un club de football qui porte le nom d’un produit de consommation perd forcement ses fans. En dehors du foot, le nom est tourné en dérision”.

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Malheureusement pour Mark et les puristes du MetroStars, le club new yorkais est devenu un support de publicité pour la marque autrichienne. Pour cela, il était important pour Red Bull que le club soit plus régulier sportivement mais aussi plus présent médiatiquement. Afin d’y arriver, le club nomme Bruce Arena comme entraîneur, lui qui s’est déjà imposé en MLS et U.S. Open Cup. Sur le terrain, le club signe le capitaine de l’USMNT, Claudio Reyna, ainsi que Juan Pablo Angel et le jeune Jozy Altidore. Durant l’été, les New York Red Bulls s’imposent 4-2 face au Bayern Münich et s’inclinent 4-1 face au FC Barcelone, à chaque fois devant plus de quatre-vingt mille personnes. Malheureusement, cette saison encore, les new yorkais seront éliminés en demi-finales de conférence par D.C. United. En 2007, l’histoire se répète puisque l’équipe est une nouvelle fois éliminée au même stade de la compétition, cette fois-ci par le New England Revolution. C’est en 2008 que les New York Red Bulls, emmenés par leur entraîneur Juan Carlos Osorio, connaîtront enfin une finale de MLS Cup, après avoir battu le Real Salt Lake en finale de conférence Est. Lors de la finale de la MLS Cup, le Columbus Crew est trop fort pour les new yorkais et s’impose finalement 3-1. La saison qui suit est catastrophique puisque, comme souvent, l’équipe n’arrive pas à rester régulière et cela débouche sur une dernière place au classement général.

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(Via Red Bulls)

Nouveau stade, nouvelles ambitions ?

En entrant dans la Red Bull Arena en 2010, le club avait l’intention de tout changer : des joueurs cadres sont libérés et Hans Backe est nommé directeur général. En juillet, la légende d’Arsenal, Thierry Henry, signe en tant que joueur désigné, propulsant les New York Red Bulls sur le devant de la scène en attirant le regard des fans européens. Il est accompagné par son ancien coéquipier au FC Barcelone, Rafael Marquez. L’équipe se positionne en tête de la conférence Est mais retrouve ses vieux démons en demi-finales de playoffs en s’inclinant contre les San José Earthquakes. Lors des deux saisons qui suivent, la franchise, emmenée par un Thierry Henry inscrivant 14 et 15 buts, ne parvient toujours pas à passer ce cap des demi-finales de conférence.

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(Via New York Red Bulls)

En décembre 2012, le contrat de Marquez avec le Red Bulls est rompu un an et demi après son arrivée, le joueur mexicain est depuis souvent considéré comme l’un des pires joueurs désignés de l’histoire de la ligue. Grace cette place de joueur désigné libéré, Juninho, l’ancien joueur de l’Olympique Lyonnais, s’engage avec les Red Bulls. Mais là aussi l’aventure est de courte durée puisqu’en juillet 2013, le Brésilien et le club new yorkais s’entendent sur une résiliation de contrat. Durant son passage aux États-Unis, Juninho aura délivré seulement 4 passes décisives mais, ce que l’on retient le plus, c’est son coup de sang envers le gardien du Sporting Kansas City, Jimmy Nielsen, sur lequel il envoie la balle violemment alors qu’il ne reste plus que quelques minutes à jouer. Cela n’empêchera pas les Red Bulls de performer et de remporter le Supporters Shield avant de s’incliner une nouvelle fois en demi-finale de conférence. L’année qui suit, Thierry Henry arrive à emmener, pour sa dernière saison, New York en finale de conférence Est mais le New England Revolution remporte la double confrontation.

Pour l’après Thierry Henry, l’équipe est confiée à l’entraîneur Jesse Marsch et le club recrute des joueurs comme Shaun Wright-Phillips ou Sacha Kljestan et s’appuie sur Bradley Wright-Phillips en attaque, afin de palier au départ du buteur français. A l’image des autres clubs de la filière Red Bull, Leipzig et Salzburg, le club s’appuie de plus en plus sur la formation et la post-formation. Grâce à cela, des joueurs comme Brandon Allen, Sean Devis ou encore Tyler Adams ont pu être repérés. Pour la deuxième fois, les New York Red Bulls remportent le Supporters Shield mais se font ensuite éliminer par le Crew de Columbus en finale de conférence. En 2016 et 2017, malgré les très bonnes performances de Kljestan, deux fois de suite meilleur passeur de la ligue avec 20 puis 17 passes décisives, et la réussite de Wright-Phillips, qui inscrit 24 puis 17 buts, le club ne dépasse jamais les demi-finales de conférence et n’arrive pas à remporter la finale de l’U.S. Open Cup 2017, battu par le Sporting Kansas City. Il faut attendre 2018 pour voir les Red Bulls retrouver un trophée et remporter le Supporters Shield en toute fin de saison, devant Atlanta United, et, par la suite, retourner en finale de conférence. Mais cette fois-ci, la franchise géorgienne prend sa revanche et élimine les Red Bulls. En 2019, c’est en barrages que les new yorkais arrêtent leur course après s’être inclinés face au Philadelphia Union.

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Une culture de la lose aux NYRB ? (Via MLSsoccer.com)

La franchise des New York Red Bulls est une des plus importantes franchises en MLS et surtout une des plus médiatisées et, pourtant, les new yorkais n’ont jamais soulevé l’U.S. Open Cup ou la MLS Cup. Bien que l’arrivée de Red Bull et, par conséquent, la transformation des MetroStars en New York Red Bulls at pu contribuer à la renommée de cette franchise aux Etats-Unis, mais aussi dans le monde et notamment en Europe, cela ne lui a pas permis d’atteindre les sommets sportifs. Toutefois, depuis l’arrivée de Red Bull, le club est mieux structuré avec, comme atout notable, son stade mais l’équipe est aussi plus régulière dans ses résultats et a déjà remporté le Supporters Shields à trois reprises, affichant enfin la régularité espérée par Red Bull. Les supporters attendent désormais le premier trophée en MLS Cup ou en U.S. Open Cup afin de pouvoir se voir retirer l’étiquette d’éternel perdant qui leur colle à peu depuis tant d’années, à tel point que le mot « metro » est devenu synonyme de « lose ».

 

 

Raphaël Croizard

J'ai co-créé les pages Twitter @AtlantaUtd_FR et @LAGalaxy_France A la recherche d'une opportunité en marketing du sport, j'écris pour Culture Soccer sur la MLS et son économie. Également fan de football Italien et du grand Andrea Pirlo.

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