En Europe, on l’appelle communément la ‘Coupe aux grandes oreilles’, ce titre européen qui couronne la meilleure équipe de la région, est la distinction la plus convoitée par tous les clubs du vieux continent. Dans notre coin du monde, la Ligue des Champions Concacaf (CCL) n’a pas toujours été populaire dans le passé. Créée en 1962, ce n’est que depuis 2005 que la compétition a pris de l’importance quand le champion s’est vu offrir une place en Coupe du Monde des Clubs. En 2008, un nouveau format a été adopté et une rivalité s’est installée entre les clubs mexicains et les clubs de la MLS (États-Unis et Canada). Malgré une domination totale de la compétition par les clubs mexicains depuis 2006 et un nouveau changement de format adopté en 2018, l’intérêt des clubs du continent par rapport à cette compétition n’a jamais cessé de croître avec, en point de mire, l’opportunité de se mesurer aux plus gros clubs de la planète lors de la prochaine édition de la Coupe du Monde des Clubs.
L’espoir américano-canadien :
Après la magnifique épopée du Real Salt Lake lors de l’édition 2011 où le RSL s’est incliné en finale de la compétition face à Monterrey, l’étonnante chevauchée de l’Impact de Montréal en 2015 avant sa défaite amère face au Club America dans un Stade Olympique chauffé à bloc et la défaite crève-cœur aux penaltys du Toronto FC face aux Chivas de Guadalajara en 2018, la plupart des observateurs voient l’écart entre les clubs de MLS et ceux de Liga MX (nom de la ligue mexicaine) se resserrer de plus en plus. À l’heure où j’écris cette chronique, il n’est plus question de ‘si’ mais plutôt de ‘quand’ la MLS va enfin mettre fin à l’hégémonie mexicaine sur cette compétition.
Et si 2020 était l’année de la rédemption?

Je vous parle depuis deux ans de la progression fulgurante de la MLS. Cette ligue a beaucoup d’ambition et a pour objectif de se placer parmi les meilleures ligues de soccer au monde. Afin d’y parvenir, la MLS continue à recruter de plus en plus de joueurs talentueux à travers le globe. Pour pouvoir découvrir ces nouveaux sommets, ce qui semblait irréaliste il y a une dizaine d’années tant l’écart avec le Mexique était énorme, la ligue américaine doit tout d’abord conquérir le titre continental qui lui échappe depuis vingt ans (les derniers vainqueurs sont DC United en 1998 et LA Galaxy en 2000, sous l’ancien format). Dans cette chronique, j’ai voulu vous présenter quatre raisons, une pour chacun des clubs de MLS, qui pourraient permettre à la ligue d’écrire (enfin!) sa première ligne sur le palmarès de cette compétition continentale :
La remontada qui promet de beaux lendemains :
Impossible de négliger le club qui a battu tous les records en saison régulière de MLS en 2019. Malgré sa défaite face aux Seattle Sounders en finale de conférence, le LAFC reste une équipe redoutable avec une force de frappe qui ne laisse personne indifférent. Après un match aller perdu sur le score de 0-2 au Mexique face à Leon, je ne m’attendais pas du tout à voir le LAFC passer le stade des huitièmes de finale. Mais, rien n’est impossible pour les coéquipiers du MVP Carlos Vela. Le chef d’orchestre mexicain, bien aidé par le virevoltant ailier uruguayen Diego Rossi, n’a rien voulu savoir d’une élimination précoce. Vela s’est démené, en inscrivant un doublé lors du match retour, afin de remonter le déficit du match aller et s’imposer sur le score de 3-0 dans un Banc of California Stadium électrisant. Situé en seconde partie du tableau, là où les adversaires potentiels sont tout aussi forts les uns que les autres, le club de Los Angeles ne peut-il pas tous les éliminer en route vers le sacre final après avoir réalisé un premier exploit ? Selon moi, tout est possible, LAFC est dirigé par un excellent entraineur en Bob Bradley et a le talent nécessaire dans son effectif avec Vela, Rossi, Mark-Anthony Kaye, Eduard Atuesta, sans oublier le retour de blessure d’Adama Diomandé, pour aller loin dans la compétition et, pourquoi pas, la gagner.
La maitrise d’un effectif bien rodé :
Le champion de la conférence Est en 2019 n’a pas dit son dernier mot. Malgré le départ de son entraineur espagnol Domènec Torrent durant la saison morte, New York City FC fait toujours figure de favori en MLS comme je vous l’avais écrit dans le guide de Culture Soccer (lien). Depuis le début de sa saison, le club new yorkais n’a rien perdu de sa superbe et l’entente qui existait en 2019 entre les joueurs de l’effectif semble encore intacte. Ce qui a surtout changé cette année, c’est le fait d’avoir des joueurs qui se connaissent et qui ont déjà développé certains automatismes. Si je vous parlais de la force de frappe du LAFC un peu plus haut, celle de NYCFC n’a rien à lui envier avec un trio destructif composé de Alexandru Mitrita, Maximiliano Moralez et Heber. Ce dernier a déjà fait parler la poudre lors des huitièmes de finale en inscrivant un triplé pour son premier match de la saison. De plus, si les ‘Boys in Blue’ sont capables de faire tomber l’ogre mexicain Tigres au prochain tour, il sera très difficile de les battre dans cette compétition en 2020 puisque son effectif fait partie des meilleurs de l’édition. La question à un million selon moi, sera de savoir si la défense new yorkaise, chancelante de temps à autre, saura tenir le coup face aux multiples attaques d’André-Pierre Gignac, Nicolas Lopez, Javier Aquino, Enner Valencia et consorts.
La culture de la gagne :
Je sais que vous vous attendez à ce que je vous parle du nouvel entraineur de l’Impact de Montréal, Thierry Henry, champion du monde en 1998 et légende vivante de la planète soccer. Mais, même si son expérience et son aura sont inestimables, ce n’est pas le seul atout sur lequel le club montréalais devrait s’appuyer. Le bleu-blanc-noir a aussi l’histoire de cette compétition derrière lui. Entre son excellente performance en 2009 où Montréal, encore en NASL, avait atteint les quarts de finale de la compétition et sa magnifique épopée en 2015 lorsque le club arriva en finale, l’Impact sait comment se comporter lors de ces grands rendez-vous. C’est comme si les joueurs, le club et les partisans se transcendaient lors de ces matchs afin de vivre et d’écrire l’histoire. Ce petit côté mystique qui reste un peu inexplicable en termes footballistiques peut-il encore se reproduire au Stade Olympique? Le Big O est-il le ‘Theatre of Dreams’ (surnom donné au stade de Manchester United qui a connu plusieurs matchs épiques) du continent nord-américain? CD Olimpia, l’adversaire hondurien du club en quarts de finale devra se sublimer afin de mettre des bâtons dans les roues de l’ambition montréalaise. Avec un effectif renouvelé, dont un nouveau joueur désigné en provenance de la Premier League anglaise en Victor Wanyama, un nouveau staff et une nouvelle structure au sein du club, l’Impact semble avoir les épaules assez larges pour relever ce défi qui semblait insurmontable il y a six mois à peine.
La théorie du lion blessé :
Le quatrième club de MLS n’est nul autre que le champion 2018, Atlanta United. Alors que les « Five Stripes » étaient considérés comme un prétendant sérieux au titre, la blessure de leur star Josef Martinez lors de la première journée de la MLS semble en avoir refroidi plus d’un. Si l’effectif de 2020 n’est plus aussi clinquant que celui de 2018 après les départs de la grande majorité des joueurs, la troupe de Franck De Boer n’est pas aussi faible que ce que plusieurs observateurs nous laissent penser avec Pity Martinez, Ezequiel Barco, Emerson Hyndman ou encore Brad Guzan qui font toujours partie de l’effectif. De plus, c’est quand le lion est blessé qu’il est le plus dangereux et P. Martinez a l’air de l’avoir compris et la blessure du buteur vénézuélien semble l’avoir libéré. En effet, lors du dernier match d’Atlanta face à Nashville en MLS, celui qui a été nommé meilleur joueur d’Amérique du Sud en 2018, a retrouvé confiance et a su déstabiliser la défense de Nashville (une passe décisive dans la victoire 2-1 mais tout le danger passait par lui). Avec Barco auteur d’un but et d’une passe décisive lors de ce même match, et ce, malgré le manque d’options en pointe avec le seul Adam Jahn disponible, l’entraineur néerlandais du club pourrait très bien mettre un de ces deux joueurs argentins en pointe en qualité de ‘faux neuf’ afin de donner plus de responsabilités offensives à l’irlandais Jake Mulraney, récemment arrivé d’Écosse. N’est-ce pas dans les moments les plus difficiles que les meilleurs se distinguent? Une occasion en or pour P. Martinez et Barco qui n’ont pas encore prouvé qu’ils pouvaient porter l’équipe sur leurs épaules. En tout cas, Atlanta rencontrera un adversaire qu’il a déjà battu lors de la première Campeones Cup en 2019; le Club America, et le fait de bien connaitre son adversaire est un avantage important en route vers le titre continental tant convoité.