Carlos Vela, l’Homme aux Crampons Dorés

L’équipe de Culture Soccer vous transporte aujourd’hui vers Los Angeles, là où la compétition est féroce entre le LAFC et le LA Galaxy. Véritable club phare de la MLS depuis le passage, entre autres, de David Beckham, le Galaxy a maintenant un adversaire local contre qui mousser une rivalité surnommée « EL TRAFICO ».

Si l’an passé, l’un libérait de sa cage, le lion Zlatan Ibrahimovic avant chaque rencontre, l’autre, lui, misait sur « le bombardier » Carlos Vela, surnom acquit à l’époque où il évoluait avec le Real Sociedad en Espagne. Rapide, fougueux, fin renard et virtuose à la patte gauche, Vela a tout pour rivaliser et répondre coup pour coup à n’importe quel adversaire qui viendra se frotter à lui en MLS.

Carlos Vela nait d’un père qui jouait au soccer au niveau semi-professionnel. Le frère aîné de Carlos, Alejandro, a débuté le premier en tant que professionnel au Club Deportivo Guadalajara, plus couramment appelé « Chivas de Guadalajara » (« les chèvres »). Fondée en 1906 et basée à Guadalajara dans l’État de Jalisco, il s’agit de l’équipe la plus populaire du Mexique.

Alejandro Vela
Alejandro Vela, frère de (via Getty Images)

En 2002, Carlos rejoint également les Chivas, mais c’est en 2005, lors de sa participation à la Coupe du Monde des moins de 17 ans, qu’il deviendra un attaquant convoité. Avec ses cinq buts et le titre de meilleur buteur de cette compétition en poche, Vela, vedette instantanée de l’équipe mexicaine, offre la victoire en finale à ses entraîneurs, coéquipiers et supporters sur le score de 3-0 face au Brésil de Marcelo.

Cette performance aura ouvert les yeux des recruteurs de l’autre côté de l’Atlantique où de nombreux clubs européens  ont montré leur intérêt. Arsenal finira par l’emporter en novembre 2005, faisant signer Vela pour cinq ans. Malheureusement, pour des raisons de restrictions d’âge en Premier League concernant les joueurs extracommunautaires, il ne pourra pas débuter en Angleterre avant janvier 2008.Il sera alors prêté à Salamanque, en deuxième division espagnole, pour la saison 2006-2007 et suscitera rapidement l’admiration en générant beaucoup d’enthousiasme chez les spectateurs. Il n’aura peut-être marqué que huit fois en 31 matches de championnat, alternant entre joueur d’attaque et milieu de terrain, mais ceux qui l’auront vu à l’époque ont rapidement été convaincus de son talent. Déjà, il démontrait des signes évidents d’une capacité latente à devenir un numéro 10 moderne de très haut niveau.

Selon Javi López, qui dirigeait Salamanque à l’époque, «il a dépassé nos attentes». «Il avait une énorme capacité innée à flairer le jeu et trouver le bon timing pour donner le cuir, mais c’était surtout un garçon qui avait beaucoup confiance en lui.» «Il savait qu’il avait du talent pour le football et il a surmonté tous les défis se posant devant lui avec une relative facilité.»

Vela passera toute la saison 2007-08 en prêt à Osasuna en première division espagnole. Il ne fera trembler les filets qu’à trois reprises durant ses 33 matchs disputés. Alors qu’il prenait lentement de l’expérience en équipe première, il terminera tout de même ex aequo au premier rang de son club pour les tirs cadrés avec vingt-quatre tentatives.

Vela The Sun
Via The Sun

Rapatrié à Arsenal pour la saison 2008-2009, le Mexicain prend part à la majorité des matchs de présaison, s’illustrant notamment face à Stuttgart et au FC Séville en, inscrivant son nom sur la feuille de match à chaque occasion. Durant cette période, Arsène Wenger, en profite au passage pour comparer le jeune Vela à Eduardo, habituellement appelé Eduardo da Silva, lui aussi joueur d’Arsenal,  international croate d’origine brésilienne. Wenger déclare : «Il est tellement calme devant le but que cela vous donne toujours le sourire. Il n’est jamais stressé.» Toujours selon les propos du légendaire entraîneur d’Arsenal, «en dépit de la jeunesse et du manque d’expérience en Premier League, Vela possède toutes les qualités nécessaires pour connaître le succès sur le sol Britannique».

Dénombrant uniquement sept joueurs âgés de plus de vingt-cinq ans sur les vingt-huit ayant un contrat au club, la troupe menée par le capitaine de l’époque, Kolo Touré âgé de vingt-sept ans, se fait un point d’honneur d’être à la hauteur des déclarations flatteuses de Wenger qui prenait tous les risques en leur confiant le sort du club londonien.

La très jeune formation des « Gunners » n’aura pas déçu en Premier League. Le 30 août 2008, à domicile, Vela foule, pour la première fois, la pelouse  du Emirates Stadium face à Newcastle United (victoire d’Arsenal 3-0).  Sa première titularisation toutes compétions confondues coïncidera avec son premier but. C’était lors d’une confrontation en League Cup. Face à Sheffield United (victoire 6-0), il y inscrira même son premier triplé. Son second but ce soir-là laisse présager un immense potentiel : sur une longue passe de Kieran Gibbs, il contrôle de la poitrine alors qu’il est dos au but, reprend la balle du pied gauche et oriente celle-ci vers la cage adverse, tout en éliminant deux adversaires au passage avant de se présenter seul face au gardien.

Il le battra d’un lob astucieux prenant ce dernier à contre-pied et le laissant perplexe devant tant de réussite. Il marquera son premier but en championnat face à Portsmouth le 2 mai 2009. En décembre de cette même année, il prolonge son contrat en faveur des Gunners et les astres semblent alors s’aligner pour une longue alliance entre le Mexicain et Arsenal. Il cumulera, lors de sa première saison, six buts toutes compétitions confondues mais il ne réussira jamais vraiment à décoller et à s’établir dans le onze de départ d’Arsène Wenger.

Afin d’acquérir plus de temps de jeu, il est prêté, fin janvier 2011, à West Bromwich Albion jusqu’à la fin de la saison, sans option d’achat. Un mois plus tard, il inscrit son premier but avec sa nouvelle formation lors d’un match important face à Wolverhampton. Ce but est crucial, car il permet à WBA de prendre un point à la dernière minute du match (1-1). Mais, n’ayant pas impressionné comme prévu dans le football anglais, Vela retourne en Espagne en prêt à la Real Sociedad avant la campagne 2011-12. Sa carrière à Arsenal prend ainsi fin d’une manière déplorable.

Avec trois buts avant Noël et profitant du cadre familier de la Liga, le joueur lui-même indiquera clairement où il voit son avenir : «Je ne veux pas retourner à Arsenal. J’ai demandé à mon agent de négocier avec les Gunners pour rester ici.» Mi-juillet 2012, le club espagnol annonce avoir fait signer le jeune attaquant mexicain pour quatre ans. Il héritera dès lors du numéro 11, laissé libre à la suite du départ du capitaine Mikel Aranburu. Terminant la saison avec 12 buts, Vela verra son souhait réalisé quand la Sociedad entérina son transfert définitif en provenance d’Arsenal.

En 2012-13, il développera un brillant partenariat avec Antoine Griezmann et aidera le club à se qualifier pour la Ligue des Champions. Le 23 novembre 2013, il inscrit aussi son premier quadruplé avec la Real Sociedad, s’imposant comme une présence menaçante pour les futurs adversaires de Sociedad.

En 2013-14, seuls Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Alexis Sanchez et Diego Costa auront fait mieux que sa production de 27 buts et passes décisives combinés. À l’époque, celui qui couvrait la Real Sociedad pour Radio Marca, Yoan Cuezva, disait : «Il a eu la possibilité de partir, mais il n’a jamais voulu y aller et la Real n’a jamais voulu le vendre. Il était à son meilleur niveau dans la même équipe que Griezmann, mais il n’a pas atteint les mêmes sommets au cours de ses dernières saisons. La constance n’a jamais été sa force. C’est un joueur qui, s’il l’avait voulu, aurait pu figurer dans le top 10 mondial. Mais pour lui, le plus important était juste d’être heureux à sa manière. Il était content de sa vie à la Real Sociedad ».

C’était un secret de polichinelle que le sort de Vela dans le football européen touchait à sa fin. John Thorrington, le DG du futur club du Los Angeles FC en MLS, proposa alors un nouveau défi à l’attaquant âgé de 28 ans. Thorrington était à la recherche du tout premier joueur désigné de l’histoire de sa franchise et il entendait bien offrir les clés du club au mexicain, devenu depuis citoyen espagnol.

Il dira de lui lors d’une entrevue: «C’est exactement le type de joueur que nous recherchions ». C’est avec des étoiles dans les yeux que Vela déclarera sur le site officiel de la Real Sociedad : «Je pars au bon moment avec l’envie de tenter une nouvelle aventure, d’être proche de mon pays, où je peux rentrer plus souvent, à un endroit où ma famille peut me rendre visite plus souvent et dont j’ai toujours été attiré par la façon de vivre, la façon dont ils laissent les gens vivre, comment ils pensent le football et tous les sports en général».

Vela jouera à Saint-Sébastien jusqu’au mercato hivernal 2017, avant de rejoindre Los Angeles pour la première saison de l’histoire du club. Dès 2018, l’attaquant de 1m77, jouera 28 matchs pour un total de 14 buts et 10 passes décisives.

LA Magazine
Via Los Angeles Magazine

Pour sa saison inaugurale, le LAFC engrangera un total de 57 points : un record pour une franchise d’expansion. Il s’agira maintenant pour eux de montrer qu’ils ont bien fait en remuant ciel et terre pour avoir Vela. En qualité de titulaire indiscutable, il pourra mener son équipe et exprimer tout son talent aux côtés de Brian Rodriguez et Diego Rossi, tous deux joueurs désignés,  face aux  équipes dominantes de la ligue.

Sur le plan individuel, la saison 2019 propulsera Vela directement dans la stratosphère. Ce dernier bat le record de buts en une saison en Major League Soccer, avec un total de 34 buts en 31 matchs, devançant Zlatan Ibrahimovic et Josef Martinez. Son club est, de ce fait, lui aussi projeté en tête du classement avec seize points d’avance sur son plus proche compétiteur, les Sounders de Seattle, tout en maintenant une différence de buts de +48.

À titre comparatif, le meilleur de cette catégorie dans la conférence Est, New York City FC, atteignait seulement +21. Malheureusement, la course au titre s’arrêta brutalement en finale de conférence pour Vela et sa bande. Ils s’inclinèrent face aux Sounders par la marque finale de trois buts à un. Le 1er mars 2020, Vela marque le premier but de sa saison d’un magnifique lob, à la suite d’une belle action individuelle, contre la nouvelle franchise  MLS créée par David Beckham, l’Inter Miami. Pour un joueur de sa trempe seul le travail acharné et la passion brûlante peuvent guérir son ego meurtri. Carlos Alberto Vela Garrido a un seul objectif en tête : soulever la MLS Cup.

Et pour la suite? Selon les médias catalans, le Barça aurait déjà eu le béguin pour Vela et cela pas plus tard qu’en 2019. Mais les choses évoluent à la vitesse grand V au Camp Nou et les pépites y vont et viennent sans relâche. L’Espagne garde d’excellents souvenirs de son fils adoptif, mais, là encore, le Mexicain d’origine voit la jeunesse remplie de promesse combler le vide qu’il a laissé.

 Selon toute vraisemblance, Vela tissera sa toile en MLS et consolidera son emprise sur les distinctions individuelles. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour paver la voie du LAFC vers la coupe MLS. La suite probable serait un retour en fin de carrière vers le pays qui l’a vu naître et qui permettrait au Maestro de terminer son parcours jouant devant les siens. Il pourrait dès lors être, à son tour, un grand frère parmi les pépites mexicaines en devenir.

Palmarès en sélection

  • Vainqueur de la Coupe du monde des moins de 17 ans en 2005
  • Vainqueur de la Gold Cup en 2009.

Distinctions personnelles

Yanick Massicotte

Fan de foot depuis sa tendre enfance, Yanick suit le foot sans trop connaître les tenants et aboutissants, mais profites de chaque occasion afin de regarder le foot international. L'offre télévisuelle est faible et sa culture étant axé sur le hockey, c'est lorsqu'on lui tend la main pour devenir éducateur de son fils aîné qu'il plonge littéralement au fond des abysses du ballon rond. Passionné jusque dans son ADN, il participe à toutes les formations auxquelles il peut assister pour devenir éducateur et convoite les plus hauts sommets. La tactique et les stratégies sont ses passions et il ne rate jamais une occasion de discuter en ce sens. Que ce soit le foot européen, ici en Amérique ou à l'international, tant masculin que féminin, le ballon rond est au coeur de chaque moment de sa vie.

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