Alors que l’équipe avait pour ambition de faire partie du Top 25 en College Soccer, le programme de Grand Canyon University (GCU) n’a pas décollé et devient l’un des pires du pays sous les ordres de Schellas Hyndman.
L’année 2013 marque l’arrivée de l’université en NCAA DI, rejoignant la Western Athletic Conference (WAC). Avant cela, GCU était en NCAA DII et lorsque vous faites le choix de rejoindre la division phare du sport universitaire, vous devez compléter quatre ans de transition où vous ne pouvez concourir à aucun tournoi après la saison régulière (pas de tournoi de conférence, ni de NCAA Tournament). Ce sont quatre années où les étudiants-athlètes et les départements sportifs tentent de s’acclimater à la Division I. Lorsque GCU arrive en NCAA DI, l’entraîneur en chef du soccer masculin est Petar Draksin, qui avait remporté en 1996 le titre national de NCAA DII avec cette même université. Il n’y restera que les deux premières années de la transition, car GCU annonce en novembre 2014 l’avoir démis de ses fonctions. Le bilan de Petar Draksin durant ces deux saisons est très terne :
- 2013 : 4 victoires, 14 défaites, 1 nul pour la 8ème place de la WAC sur 8.
- 2014 : 5 victoires, 12 défaites, 3 nuls pour la 9ème place de la WAC sur 10.
Le département sportif a pour objectif que tous ses sports, dont le soccer, soient un programme du Top 25 (considéré parmi les 25 meilleurs du pays). Afin de remplacer Draskin, GCU annonce en janvier 2015 que l’ancien coach de SMU et du FC Dallas en MLS, Schellas Hyndman, devient le nouvel entraîneur en chef du programme. En même temps, survient l’annonce de la construction d’un stade spécifique au soccer, qui voit le jour en août 2016.

À ce moment-là, nombreux sont ceux qui pensent que GCU a fait une très grosse acquisition. Schellas Hyndman est l’un des coachs qui a connu le plus de victoires en College Soccer, même s’il n’a jamais remporté un seul titre majeur au cours de sa carrière. Le futur semblait alors sur la bonne voie, mais accouchera finalement d’un désastre. Nous vous avions parlé de la très mauvaise réputation de l’ancien entraîneur de Dallas lors d’un article précédent où Bobby Warshaw, qui évoluait à Dallas de 2011 à 2013, nous disait que l’environnement était des plus austères avec lui. « Sous Schellas Hyndman, c’était horrible », …, « personne ne s’améliorait sous ses ordres. Surtout les jeunes, car Schellas ne connaissait rien au soccer. Quand tu es jeune, on doit te parler de positionnement, de jeu sans ballon, de penser deux, trois passes en avance… Nous, tout ce qu’on avait, c’étaient des discours et des engueulades car on n’y mettait pas assez d’intensité. Il y avait zéro développement à l’époque, zéro tactique ». D’autres passages dans cet article, comme les conflits qu’avait le joueur Brek Shea avec Schellas Hyndman, le fait que beaucoup de joueurs voulaient partir et son manque de connaissance en soccer égratignent sévèrement l’image du personnage. Si le département sportif avait vraiment fait une recherche sérieuse, cela aurait dû les alerter. Dans certains cas, une seconde chance peut être offerte mais il faut aussi s’assurer que l’entraîneur sélectionné sache dans quel environnement il va se retrouver. De son côté, Schellas Hyndman n’avait plus connu le College Soccer depuis 2008 et durant son absence, le championnat a connu une profonde transformation. Les attentes ne sont plus les mêmes, le jeu a changé et tout ceux qui ont gardé leurs anciennes méthodes ont été dépassés par son évolution.
Sous sa gouverne le programme connaît les pires années de son existence en Division I. Son bilan parle contre lui :
- 2015 : 7 victoires, 10 défaites, 0 nul pour la 10ème place de la WAC sur 11.
- 2016 : 7 victoires, 9 défaites, 3 nuls pour la 5ème place de la WAC sur 11.
- 2017 : 7 victoires, 11 défaites, 1 nul pour la 6ème place de la WAC sur 11.
- 2018 : 12 victoires, 8 défaites, 1 nul pour la 4ème place de la WAC sur 11. GCU remporte le WAC Tournement et se qualifie pour son premier NCAA Tournament
- 2019 : 4 victoires, 9 défaites, 4 nuls pour la 11ème place de la WAC sur 12.
- Le bilan des confrontations extérieures de 2015 à 2019 est de 9 victoires, 32 défaites, 7 nuls.
Ceux qui prennent sa défense évoquent qu’on ne peut lui imputer aussi durement les saisons 2015 et 2016, car à son arrivée, GCU avait encore deux années de transition à remplir, ce qui est un frein à la performance. Ils ajoutent qu’il faut du temps pour avoir des résultats et qu’il a tout de même remporté le WAC Tournament de 2018, qualifiant ainsi le programme pour le premier NCAA Tournament de son histoire.
Tout d’abord il est bon de préciser que le fait d’avoir quatre années de transition, imposées par la NCAA, ne veut pas dire qu’il est interdit de remporter le titre de champion de la saison régulière dans sa conférence. Merrimack College, lors de sa première année de transition, a remporté celui de Northeast Conference (NEC) en 2019 avec un bilan de 11 victoires, 3 défaites, 1 nul. De plus, l’University of Massachusetts Lowell (Umass Lowell), arrivée en même temps que GCU en NCAA DI, qui elle a rejoint l’America East, réputée pour être une des cinq meilleures conférences du pays à cette période,a remporté le titre de la saison régulière en 2016 avec un bilan de 13 victoires, 1 défaite, 2 nuls. Ce qu’ont accompli ces programmes, avec des moyens bien inférieurs à ceux de GCU, démontre que les quatre années de transition imposées par la NCAA ne sont en aucun cas un obstacle à la compétitivité et que l’on peut avoir des résultats immédiats.
Par ailleurs, l’année 2018 où GCU accède au NCAA Tournament, à l’orée d’une non-qualification pour le tournoi de conférence, Schellas Hyndman décide de frapper fort en intégrant dans le onze de départ des joueurs qui avaient très peu de temps de jeu. GCU remporte grâce à ces changements, une série de plusieurs victoires et se qualifie au tournoi de conférence. Par la suite ce groupe réalise ce qui était encore impensable en cours de saison; atteindre la finale du tournoi et la gagner. Pour réussir cet objectif, il a fallu défendre, défendre,et encore défendre et profiter de la moindre opportunité de contre-attaque offerte par l’adversaire. Un an plus tard, Schellas Hyndman connaît la même situation et tente l’expérience une nouvelle fois, mais cette fois-ci, sans succès. GCU manque le tournoi de la WAC et finit à la 11ème place de sa conférence. Le programme ne décolle finalement pas et reste sur la continuité des mauvais résultats précèdent le titre. Que doit-on en conclure de ce qui a été accompli en 2018 ? Avoir de bons résultats une année ne veut pas dire que l’entraîneur ait fait du bon travail car certains d’entre eux profitent de la formation acquise par les joueurs avant leur entrée à l’université pour en venir à leurs fins. Les joueurs ne gagnent rien en retour, faisant en sorte que de nombreuses équipes ne soient pas compétitives et n’obtiennent pas les mêmes résultats sur la durée. Schellas Hyndman est-il celui qu’il faut féliciter dans la conquête du titre de la WAC? Quoi qu’il en soit, cet échec en 2019 n’était pas une surprise selon moi et ce, bien avant que la saison débute. Depuis que l’ancien entraîneur de MLS est en charge de l’équipe, mes observations sont pour le moins alarmantes :
- Les joueurs sont sans repères sur le terrain, vivent continuellement en autogestion et régressent d’année en année.
- Aucun fond de jeu et une absence de technique.. La philosophie recherchée est simpliste. Dès qu’un ballon est récupéré, le joueur tente un long ballon derrière la défense.
- Un refus d’avancer vers un soccer plus moderne pour rester dans des méthodes de l’ancien temps, non adéquates au temps actuel.
- Il y a très peu, voir pas de recrutement de joueurs locaux alors qu’il y a des académies, des clubs et des lycées renommés à l’échelle nationale dans la région (Real Salt Lake-AZ, Barca, academy, Sc del Sol, Brophy College Prep, etc.). Pourtant, GCU est la seul université de l’Arizona à proposer du soccer masculin en DI. Dans l’effectif de la saison 2019 seulement 4 joueurs viennent de l’Arizona et ce nombre a diminué par rapport aux années précédentes.
Il y a toujours eu des contradictions entre ce que Schellas Hyndman déclare et ce qu’il essaye de mettre en place. Par exemple, dans une entrevue du 16 novembre 2017 pour Soccer America, il apporte son analyse sur le soccer US. Selon lui, chaque équipe a besoin d’un “Playmaker” pour pouvoir gagner sinon il faudrait pouvoir marquer des buts grâce aux coups de pieds arrêtés. Sa volonté d’avoir un Playmaker n’est pas une mauvais idée en soi et laisse penser que Hyndman se dirige vers une approche plus moderne du soccer mais lorsqu’on regarde GCU après cette entrevue, nous ne voyons pas du tout ce style de jeu utilisé. .
Dans une autre interview du Cronkite News datant du 26 septembre 2019, il confirme que sa priorité reste axée sur le recrutement de joueurs locaux mais, si son staff n’arrive pas à recruter ce joueur “clé”, il le prendra ailleurs. Bien évidemment, un entraîneur est libre de recruter à sa guise mais Schellas Hyndman précise que la raison pour laquelle il se concentre plus sur des joueurs internationaux est dûe au processus de recrutement de ces derniers qui est beaucoup plus simple. 14 internationaux composent l’effectif de 2019 souligne l’article ce qui est complètement contradictoire à ce que Hyndman a déclaré. Pourtant, Utah Valley qui est une université publique, est la seule de l’état de l’Utah à proposer du soccer masculin, elle dispose de moyens bien inférieurs à GCU et ne peut bénéficier que d’une seule académie dans la région, celle du Real Salt Lake. Pour autant, le programme est composé d’une majorité de joueurs locaux et parvient même à être compétitif à l’échelle nationale. GCU bénéficie dans l’Arizona d’au moins cinq académies sans compter les clubs, les lycées et Community College, donc pourquoi le recrutement local serait plus compliqué ?

GCU est une des universités privées les moins chères du pays, elle concurrence directement les écoles publiques. Le coût d’une vie complète universitaire est équivalente ou moins chère à celui d’un résident Californien qui va dans une université publique en Californie. Lorsque vous avez le statut de résident dans ce genre d’école, vous avez des avantages au niveau des frais que ne possèdent pas ceux qui ont le statut de non-résident. Grand Canyon s’est démarqué de cela en gelant depuis de longue date les frais universitaire. Ceux qui y étudient, payent l’école comme s’ils étaient résidents et peut importe d’où ils viennent. De plus, l’université ne connaît aucun problème financier, le département sportif ne manque pas d’argent et alloue énormément de liberté financière pour ses programmes sportifs. N’oublions surtout pas que les structures sportives sont récentes et des plus modernes.
Tous ces éléments mis ensemble, il n’est pas prétentieux de dire que le soccer masculin de GCU devrait être aujourd’hui l’un des 25 meilleurs du pays et devrait attirer les meilleurs joueurs en College Soccer, mais c’est tout le contraire qui se passe. GCU ne figure pas dans les meilleures recrutement de l’année et des annonces d’engagement dévoilées sur le site de Top Drawer Soccer, sont quelque temps plus tard supprimées. Une suppression signifie, dans une grande partie des cas, que le joueur est revenu sur son engagement pour aller ailleurs. Dans les retours d’entrevues que je vais vous faire découvrir, un joueur m’a confirmé que GCU connaît de nombreux désengagements. Suite à tous ces constats, j’ai donc voulu en savoir plus et voici ce qui en a découlé:
Les témoignages que j’ai obtenu proviennent de joueurs du programme qui ne souhaitent pas que leurs identités soient dévoilées, leurs noms ont été modifiés pour garder leur anonymat. Je suis donc rentré en contact avec Carlos et Omar qui ont tous les deux accepté de me parler de la situation. J’ai constaté au départ des saisons 2018 et 2019, un renouvellement massif des joueurs et même du staff. Cela indique que de nombreux départs du côté des joueurs par l’intermédiaire de transferts ont été enregistré mais la nouvelle règle a seulement pris effet en octobre 2018. Cette dernière permet aux joueurs de Division I d’être transférés quand ils le veulent et sans demander l’autorisation de leur entraîneur ce qui n’était pas le cas auparavant où l’entraîneur principal avait le pouvoir d’accepter ou de refuser toute demande de transfert. Je suis donc allé sur le site sportif de l’université afin de vérifier si depuis que Schellas Hyndman a pris ses fonctions en janvier 2015, y avait eu des mouvements importants. À ma grande surprise, depuis 2015, environ 14 joueurs quittent le programme chaque année dont huit ne sont initialement pas prévus. De plus, le 20 juin 2019, je découvre sur Top Drawer Soccer que Malik Smith a été transféré à Liberty et que son nom est encore présent dans l’effectif de GCU pour la saison 2019. Liberty avait même annoncé sa venue le 17 juin 2019.
D’habitude, les entraîneurs ne dévoilent pas l’effectif de la prochaine saison avant de s’assurer de vouloir conserver les joueurs concernés. Une erreur n’est pas à exclure mais elle est peu probable car plusieurs noms vont disparaître quelque temps plus tard comme celui de Brandon Johnson, aujourd’hui à Temple University. Dans mon enquête, j’ai enfin pu connaître la vérité. Les joueurs ont plutôt été exclus de l’effectif. « À la fin de la Spring, l’entraîneur nous a annoncé le nom des joueurs qui étaient virés de l’effectif, des gars qui étaient même sous bourse. Il faisait déjà cela avant. » raconte Carlos. Même son de cloche du côté d’Omar qui apporte une explication sur les remaniements de staff, « C’était la chose la plus frustrante ces coupes de joueurs. Chaque année l’effectif était rempli de joueurs talentueux. Après ma première année, il a même licencié son personnel d’entraîneurs qui avait recruté tous ces joueurs techniques basés sur la possession et venant des meilleures académies de la MLS. Schellas voulait mettre en place un système plus direct et basé fortement sur le côté défensif », dit Omar. Que Schellas Hyndman souhaite mettre en place un jeu plus direct et défensif est son droit mais cependant, se débarrasser de ses joueurs de la sorte est extrêmement problématique. Ce n’est pas une pratique courante en College Soccer où les programmes sportifs ont un rôle éducatif en premier lieu et de développement humain. La réussite scolaire est toujours mise en priorité. De plus, les joueurs ne sont pas payés ne sont pas professionnels et beaucoup d’entre eux viennent de très loin pour continuer leurs études. Mais encore, l’entraîneur se permet donc de jouer avec le futur des joueurs qui ne peuvent plus continuer leur études et cela peut avoir de graves répercussions pour la réputation de l’université. Si seulement ces coupures étaient décidées à l’avance afin d’informer les joueurs concernés suffisamment tôt pour qu’ils aient le temps de trouver un nouveau programme, cette manière de faire aurait été tolérée mais ce n’est pas le cas . Carlos raconte que ces coupures ont eu lieu à la fin de la saison ‘Spring’, c’est à dire vers la mi-avril pour GCU. À cette période, les entraîneurs sont en discussions avec des recrues depuis de longues semaines, ils reçoivent aussi de nombreuses candidatures et possèdent moins d’argent afin d’offrir une bourse convenable. Omar m’a stipulé dans notre entretien que des joueurs ont pu trouver un point de chute en DI, DII ou NAIA. C’est effectivement le cas mais d’autres ne montrent plus de signe de vie dans le College Soccer…
Concernant les changements de staff, ce n’est pas très courant au College Soccer. De tels mouvements ont lieu lorsqu’il y a un changement d’entraîneur principal car le nouvel arrivant veut avoir sa propre équipe ce qui est très compréhensible. Bien évidemment, certains membres du staff quittent eux-mêmes s’ils reçoivent une meilleur opportunité mais c’est rare de voir tous les adjoints quitter au même moment. Pourquoi avoir recruté ce personnel-là, s’il n’était pas au départ sur la même ligne que l’entraîneur? L’entraîneur est d’habitude celui qui choisit son staff et tous ensemble, ils choisissent l’effectif. Le choix de licencier le reste de son staff a été pris mais Hyndman devait montrer que cette décision était la bonne en ramenant des résultats positifs, ce qui n’a pas été le cas non plus. Carlos a connu un changement de staff et n’en tire pas du positif. « Le personnel d’entraîneurs que j’avais était compétent et connaissait vraiment bien le soccer mais après qu’il ait été remanié, les choses se sont empirées. J’ai même fini par perdre confiance ». De même pour Omar, les choix entrepris ont été néfastes pour lui. « Cela a poussé de nombreux joueurs talentueux à essayer de jouer à un jeu qui ne leur convenait pas. L’équipe n’a jamais pu développer un style de jeu défini. Au lieu de travailler avec les meilleur joueurs qu’il avait, il a décidé de recruter massivement chaque année jusqu’à ce qu’il ait une équipe pleine d’athlètes plus que de footballeurs. Bref, Schellas n’a pas la capacité de développer une équipe. S’il n’a pas la liste parfaite, il ne peut pas gagner.»
On comprend que la situation est bien plus sombre qu’elle n’y paraît. J’ai demandé à chacun d’entre-eux de me parler de Schellas Hyndman lui-même et pourquoi ils ont vécu une si mauvaise expérience avec lui. Carlos n’a pas souhaité en parler mais il m’a confessé qu’il a connu des clashs sur lesquels il ne veut pas revenir. Omar par contre, accepta de répondre à mes interrogations.« J’ai choisi d’oublier de ce qui s’est passé parce qu’il m’a fait détester le soccer. Ma bataille avec lui était surtout mentale. Il essayait de me briser chaque jour, il fallait que je sois fort et de rester concentré sur mon jeu. Un jour, je n’oublierai jamais qu’il m’a dit d’arrêter les petits ponts sur les joueurs contre qui je jouai parce qu’il a dit que c’était stupide et que j’avais seulement de la chance que lorsque ça arrivait. J’ai trouvé ça drôle parce que ça fait partie de mon jeu, de ma façon de dribbler. Pour moi, c’était une arme et une belle partie de mon jeu mais il détestait cela.»
Quelque de chose sonne faux dans le management de Schellas Hyndman. Dans une interview que l’ancienne star de GCU (Josh Drack) m’a accordé pour Midnight on Campus, il m’explique la raison de son transfert à Denver et me révèle avoir connu un malaise à Grand Canyon. En voici l’extrait :
«Bien que ma période à GCU était bonne et que j’ai construit mon nom, je n’appréciais plus le soccer et je ressentais une sorte de dépression à un moment. Je voulais trouver une porte de sortie et avoir une chance au titre national. Denver peut me donner cette opportunité. Jamie Francks (head coach ; ndlr) a vraiment montré qu’il se souciait de moi et c’est pourquoi j’ai choisi Denver.»
En partant de cette interview et du témoignage de Carlos, j’explique à Omar que j’ai eu des retours de joueurs en perte de confiance allant jusqu’à la limite de la dépression. Qu’est-ce qui ne va pas dans la manière de faire de cet entraîneur ? « Personnellement, j’ai eu des clashs avec lui. Schellas ne sait pas comment connecter avec ses joueurs. Il ne sait pas que certains joueurs ont besoin de différents types de motivation pour en tirer le meilleur parti. Je ne suis pas surpris qu’un joueur dise qu’il a souffert de dépression. Je ne serais pas surpris s’il y en avait plus d’un. J’étais proche de ce point avec lui. Cela est devenu comique lorsque de nombreux joueurs, que Schellas gardaient sur le banc, surpassaient ceux qui étaient titulaires et embarrassaient l’équipe de départ lors des matchs amicaux à l’entraînement avec des victoires de 5-0, 3-0 et qu’il ne leur donnait pas leur chance. Pourquoi? Eh bien, la plupart du banc était latino, petit de taille, technique et axé sur la possession. Tout ce que Schellas n’aime pas. Nous avons ressenti de la discrimination. Il nous a spécifiquement dit une fois de ne plus jouer de la musique espagnole dans les vestiaires. Il détestait nous voir heureux et il détestait qu’on embarrasse ses joueurs préférés. », explique Omar.
Ces différents témoignages sont très proches de l’expérience vécue par Bobby Warshaw sous Schellas Hyndman et prouvent que ce qui s’est passé à Dallas est tout aussi dommageable. Plus encore, Omar m’a laissé savoir que plusieurs joueurs ainsi que lui-même ont ressenti de la discrimination venant de l’entraîneur. Faut-il en conclure qu’il y a du racisme ? Il est difficile d’établir un tel procès mais un détail important est non négligeable dans cette situation. Les hispaniques-latinos représentent plus de 30% de la population de l’Arizona et le nombre de joueurs locaux au sein du programme ne fait que diminuer d’année en d’année. L’entraîneur reste maître de son recrutement mais la baisse constante de joueurs locaux dans l’effectif est loin de soulever le doute sur la question de la discrimination. Les accusations restent pour le moins très graves si elle s’avèrent vraies. Les joueurs se sont-ils plaints ? Si oui, pourquoi le département sportif n’a rien fait ? « Oui, en tant qu’équipe, nous nous sommes plaints et nous avons tous présenté nos problèmes au département sportif. Nous avons tous été invité individuellement à participer à des entretiens et chacun d’entre nous a passé 30 minutes à leur parler de nos mauvaises expériences. Ils ont noté l’information et n’ont rien fait. Quelques mois plus tard, 16 d’entre nous ont quitté l’équipe, y compris des seniors bien sûr. Cependant, Hyndman a des liens étroits avec le directeur sportif et pour qu’ils le retirent, quelque chose de vraiment grave devait se produire. C’est de la politique. Nous avions des plaintes légitimes de racisme, de traitement injuste et de violence mentale. », raconte Omar.
Le département sportif n’a donc pas pris ses allégations au sérieux alors que dans la situation de Petar Draksin, il n’ont pas eu l’ombre d’une hésitation pour démettre de ses fonctions leur entraîneur historique et pour moins que cela. Durant le semestre du printemps 2019, Schellas Hyndman a été prolongé de deux ans, une prolongation qui n’a jamais été dévoilée publiquement. J’ai pu recueillir cette information auprès d’un individu étant à GCU dont je ne dévoilerai pas l’identité. On ne comprends pas comment le département sportif lui a offert une extension de contrat en voyant l’état désastreux du programme mais l’homme avec qui Schellas avait des liens étroits selon Omar, Mike Vaught, a quitté le navire dernièrement.

En effet, le 30 juillet 2019, l’université annonce la démission de Mike Vaught de sa position de directeur sportif et indique qu’il quittera ses fonctions le 12 août 2019. Sur la base de témoignages récoltés, Mike Vaught a donc offert une prolongation de contrat de deux ans en toute connaissance de cause. Ceci n’est pas un cas isolé durant son mandant puisque Mike Vaught a une autre affaire sur le dos. On découvre en février 2019 que les joueuses du programme de soccer féminin ont soumis une plainte pour violences verbales, mentales et physiques envers leur entraîneur Derek Leader, en charge du programme depuis 2016.
Tout comme Schellas Hyndman, c’est Mike Vaught qui a recruté Derek Leader et, malgré les plaintes et les accusations, aucune décision contre eux n’a été prise. Finalement c’est Derek Leader qui partira de lui-même mais dix mois plus tard. Depuis le départ de Vaught, le poste de directeur sportif reste étrangement vacant.
Actuellement la fonction est occupée provisoirement par Jamie Boggs. Précédemment, elle était directrice adjointe des sports et administratrice senior des femmes à GCU. En Mars 2020, elle n’a pas hésité à virer l’entraîneur de basket-ball qui a connu une seule mauvaise saison malgré six années réussies dans le passé. Les nouveaux coachs qui arrivent dans le College Soccer aujourd’hui arrivent à hisser leurs équipes au niveau des meilleurs programmes en seulement 2-3 ans, avec un budget bien en-deçà de ce que possède GCU. Depuis que l’ancien entraîneur du FC Dallas a pris les rênes du programme, il échoue là où la nouvelle génération brille de mille feux.
En vue des éléments apportés dans cet article par rapport à ce qui se passe à GCU sous Schellas Hyndman, Jamie Boggs, ou son remplaçant, va devoir trancher dans le vif assez vite. Le département sportif doit prendre ses responsabilités et faire un choix clair sur l’avenir de cet entraîneur décrié de toutes parts.