À quoi ressemblera l’équipe nationale américaine lors de la prochaine fenêtre internationale ? Qui seront les heureux élus pour la Gold Cup 2021 ? Ce même groupe sera-t-il reconduit pour une éventuelle qualification pour la Coupe du Monde 2022 ?
Ce sont des questions que je me pose souvent. La sélection des Etats-Unis a connu son lot de jeunes talents qui ont déçu ces dernières années et, aujourd’hui encore, les jeunes sont légion. Les joueurs cadres et expérimentés, en revanche, manquent depuis le terrible échec de la non-qualification à la Coupe du Monde 2018 qui est toujours dans les esprits, plus de deux ans après cette terrible nuit à Couva, où les Etats-Unis perdirent 2 à 1 face à Trinité et Tobago.
J’ai donc décidé, dans cette période où les championnats à travers le monde reprennent les uns après les autres, de faire une revue d’effectif des possibilités que le coach, Gregg Berhalter, a entre ses mains, pour un groupe de 23 compétitif. Anciens, nouveaux, valeurs sûres et outsiders, nous tâcherons de tous les énumérer.

Gardien
Avec les milieux offensifs, le poste de gardien de but est probablement celui avec le plus de certitudes et de talents. Le numéro un est sans aucune contestation possible Zack Steffen, le gardien de Manchester City. Titulaire en Bundesliga avec le Fortuna Düsseldorf (avec 17 matchs à son actif, même si une blessure l’a tenu hors des terrains pour la reprise du championnat), il est indiscutable à ce poste en sélection américaine et connaît très bien Gregg Berhalter, pour avoir joué sous ses ordres à Columbus. Le seul doute sur sa capacité à rester numéro un est son avenir, puisqu’il restera à priori cette saison à Manchester City, qui l’a acheté à la MLS en 2019. Il est certain que le portier de 25 ans ne se contentera pas d’une place de numéro deux chez les « Citizens » et l’instabilité qu’il pourrait avoir, en enchaînant les prêts chaque année, n’est pas forcément gage de qualité. Pour 2021, avec le départ de Claudio Bravo de Manchester City, pourra-t-il réellement gagner une place de titulaire ? La concurrence d’Ederson risque de rendre la tâche ardue.
Derrière lui, comme dans de nombreuses sélections autour du monde, les Etats-Unis semblent préférer un numéro deux discret mais solidement titulaire en club : Brad Guzan est l’homme parfait. Le gardien de 35 ans ne faiblit pas à Atlanta United et continue d’enchaîner les bonnes performances, si bien qu’il pourrait rester dans le groupe malgré son âge avancé, puisque Berhalter apprécie son leadership.
La place de troisième gardien est toujours libre. L’USMNT a appelé un certain nombre de candidats à travers les camps d’entraînements ou les matchs amicaux, mais aucun ne semble réellement indiscutable en sélection. Ethan Horvath aurait pu l’être, lui qui était un titulaire en puissance à Bruges, en première division belge, où il a fait sa première saison complète en 2018-19. Malheureusement le club belge a acheté Simon Mignolet pour le poste de titulaire et depuis, Horvath ne joue presque plus : insuffisant pour intégrer le groupe des 23. A 31 ans, s’il n’est pas le futur, Sean Johnson est plutôt apprécié pour son calme dans le groupe. Cependant, le portier du NYCFC semble être un choix par défaut, en attendant l’émergence d’une réelle troisième possibilité pour défendre les cages. Souvent appelé, le train semble avoir passé pour Bill Hamid, depuis son expérience non-concluante en Europe. Il en va de même pour Tyler Miller, 27 ans, qui malgré des performances plutôt bonnes en MLS, ne semble pas avoir le calibre nécessaire pour la sélection.
Des options plus jeunes sont donc à l’étude actuellement, comme Matt Turner (25 ans) qui impressionne dernièrement au New England Revolution. Cependant, si l’on veut regarder vers la Coupe du Monde 2022, je pense que dès que le Real Salt Lake le titularisera, le jeune David Ochoa sera le troisième gardien de l’USMNT. A 19 ans, il était titulaire aux Real Monarchs en USL l’année dernière et a enchaîné les matchs avec les sélections U18 et U20. C’est le meilleur (et étonnamment, l’un des rares) jeune gardien américain qui semble apparaître au plus haut niveau et sûrement un bon moyen d’accompagner Steffen et Guzan lors d’une possible Coupe du Monde.

Défenseur Central
Au poste de défenseur central, plusieurs noms reviennent avec insistance mais pour le moment, deux reviennent avec insistance pour ce poste : John Brooks et Aaron Long. Le premier est, à 27 ans, un titulaire en Bundesliga avec Wolfsburg et est un taulier de la sélection étasunienne, avec plus de 30 sélections depuis 2013. Le problème reste, comme avec de nombreux autres joueurs de l’USMNT, les nombreuses blessures qu’il a enchaînées ces dernières années. Aaron Long, 27 ans lui aussi, a connu moins de pépins physiques et semble être une valeur sûre du poste. Certes, lors des derniers matchs de la saison 2019 de MLS, certaines de ses performances n’étaient pas particulièrement rassurantes mais il n’a pas été lié à l’Olympique Lyonnais l’année dernière pour rien : c’est un défenseur puissant, dominant dans les airs et qui rate rarement ses matchs avec les Etats-Unis.
Derrière eux, deux noms sont sûrement les deux remplaçants habituels du poste. Le premier est Matt Miazga, qui est capable du meilleur comme du pire et qui, avec plus de stabilité, pourrait enfin acquérir de manière certaine une place de titulaire à laquelle il semble promis depuis des années. Enchaînant les prêts avec Chelsea, où il a signé en 2016, il a bien joué avec Reading cette année (en deuxième division anglaise) et devra peut-être quitter le club londonien pour obtenir un contrat plus stable autre part. Avec lui, Walker Zimmerman a aussi la carrure pour débuter en sélection. Ses saisons avec Bob Bradley, au LAFC en 2018 et 2019, lui ont permis d’être nominé dans l’équipe-type 2019 mais il a été forcé à un transfert surprenant vers l’expansion Nashville SC, lors de l’inter-saison. Même si Nashville a moins de talent que Los Angeles, le club du Tennessee pourrait permettre à Zimmerman de gagner en leadership cette saison.
Derrière ces quatre-là, la porte du groupe reste ouverte, surtout avec les nombreuses blessures de John Brooks. Le jeune Miles Robinson, notamment, a impressionné toute l’année avec Atlanta United et aurait dû être le taulier des U23 aux Jeux Olympiques de Tokyo (si les Etats-Unis s’étaient qualifiés) avant leur annulation. Derrière lui, Erik Palmer-Brown, qui enchaîne les prêts depuis Manchester City, peut avoir une chance mais il lui faudra gagner une place de titulaire en Europe. Mark McKenzie, du Philadelphia Union, a plus de probabilités d’être sélectionné fréquemment : Gregg Berhalter aime les défenseurs qui peuvent relancer vers l’avant, ce que McKenzie fait très bien. Souvent capitaine à Nexaca, en Liga MX, Ventura Alvarado a un profil international avec 15 sélections déjà et une place de titulaire en première division mexicaine. Cependant, ses piètres performances sous Jürgen Klinsmann ont eu raison de son avenir avec les Etats-Unis et, à moins d’un concours de circonstances, il semble difficile de le voir revenir dans le groupe. Même problème pour Omar Gonzalez qui, à 31 ans, ne semble plus vraiment dans les plans de Berhalter, sauf blessure parmi les titulaires. De plus, l’émergence récente d’Auston Trusty (21 ans) et Justen Glad (23 ans), qui ne joueront donc pas les JO en 2020, devrait donner des choix tournés vers l’avenir à Berhalter, tout comme Mauricio Pineda (Chicago Fire), pas mauvais au MLS is Back. Enfin, un dernier nom qu’il est obligatoire de citer, c’est celui de Chris Richards. Le joueur formé au FC Dallas joue actuellement dans la réserve du Bayern Münich mais il est absolument certain que, s’il joue un jour avec l’équipe première en Bavière, il sera propulsé dans le groupe de Berhalter. A 20 ans, il pourrait prétendre à une place pour 2022 ou 2026 et a commencé à être appelé dans le groupe A munichois.

Arrière Droit
Si les compétitions se gagnaient avec des arrière-latéraux droit, les Etats-Unis pourraient prétendre à une réelle chance aux prochaines Coupes du Monde (et surtout, ils n’auraient aucun mal à s’y qualifier !). C’est clairement le poste le mieux fourni de la sélection, avec trois titulaires prétendants. Tout d’abord, le rare rayon de soleil depuis 2018 dans la sélection américaine : Sergiño Dest. À seulement 19 ans, Dest s’est implanté dans le onze de départ de l’Ajax Amsterdam cette saison et, après plusieurs mois d’indécision, il a choisi de représenter les Etats-Unis sur la scène internationale en septembre dernier (il était aussi courtisé par les Pays-Bas). Depuis, il a représenté son pays à trois reprises avec des performances remarquées. Les dernières rumeurs de transfert l’envoient au Bayern Münich, au FC Barcelone ou bien encore au Paris Saint-Germain. Derrière lui, un deuxième talent brut, de 21 ans cette fois-ci, qui est devenu un cadre du groupe depuis sa première sélection en octobre 2018 : Reggie Cannon. L’ex arrière droit du FC Dallas a plusieurs fois été lié à la Ligue 1 depuis ses débuts en Major League Soccer en 2017 et il est devenu l’un des meilleurs à son poste en Amérique du Nord. Titulaire à la Gold Cup 2019, il semble être dans les petits papiers de Berhalter pour la Coupe du Monde 2022 et au-delà. Il vient de s’engager à Boavista, au Portugal, un club qui devrait lui servir de tremplin avec une potentielle signature au LOSC, qui possède le même propriétaire. La troisième option du groupe est la plus expérimentée : à seulement 26 ans, DeAndre Yedlin compte déjà 62 sélections avec les Etats-Unis ! Le défenseur formé à Seattle a longtemps été le titulaire indiscutable du poste, depuis la Coupe du Monde 2014 et même pendant la phase de qualification pour la Coupe du Monde 2018. Cependant, il a perdu sa place de titulaire cette saison avec l’arrivée de Steve Bruce sur le banc de Newcastle et son nom a été couplé à de nombreuses équipes de MLS lors du mercato d’hiver. Il n’est plus automatiquement sélectionné comme avant et semble dorénavant n’être que la troisième option à ce poste.
Derrière ces trois joueurs talentueux, l’USMNT possède des options supplémentaires, telles que Nick Lima (San José Earthquakes) que Gregg Berhalter affectionne particulièrement. Plus physique que Dest ou Cannon, Lima sera sans aucun doute appelé plus souvent en sélection si Yedlin n’a plus de temps de jeu et il a prouvé toutes ses qualités lors de la Gold Cup 2019. Enfin, de nombreux jeunes peuvent dépanner si besoin, on citera pêle-mêle Kyle Duncan (New York Red Bulls), Julian Araujo (LA Galaxy, qui sort dernièrement d’excellentes performances) et Aaron Herrera (Real Salt Lake), tous dans les moins de 23 ans des Etats-Unis.

Arrière Gauche
Au poste d’arrière gauche, la meilleure option reste… Sergiño Dest. En effet, si les Etats-Unis sont clairement bien pourvus en termes d’arrières droit, le poste à gauche est l’un des plus pauvres sur le papier, avec celui d’avant-centre (que je garde pour la fin). Dest est capable, tout comme Nick Lima, de jouer sur les deux côtés et, vu la profondeur de banc de l’autre côté de la défense, je ne serai pas surpris de voir Berhalter le déployer à gauche.
Pour le moment cependant, le sélectionneur semble préférer Tim Ream qui est devenu, ces dernières années, la cible de nombreuses moqueries de fans américains. Il est vrai qu’à 32 ans, Ream n’est plus dans la fleur de l’âge. Cependant, je comprends l’affection toute particulière que Berhalter a pour lui. Premièrement, personne dans le groupe n’a sa capacité de passes. Les relances du joueur de Fulham sont tout bonnement excellentes et, avec la rapidité des ailiers américains, c’est un talent précieux. Deuxièmement, sa vitesse est certes critiquée mais, dans le système de Berhalter, l’arrière gauche est en réalité plus un troisième défenseur central qui laisse son compère de droite monter. Pas besoin donc pour Ream d’enchaîner les va-et-vient. Enfin, s’il n’est plus tout jeune, c’est l’un des rares joueurs expérimentés de ce groupe. Depuis 2013, Tim Ream est titulaire à Bolton et à Fulham, en Premier League comme en Championship et Berhalter lui a plusieurs fois confié le brassard de capitaine de l’USMNT.
Une autre raison qui explique ses 14 sélections en 2019, c’est l’absence de réelle concurrence à ce poste. Il y a bien Antonee Robinson (22 ans), l’ex joueur de Wigan Athletic (D2 anglaise également), qui a vu sa côte considérablement augmenter lorsqu’il était à deux doigts de signer à l’AC Milan cet hiver (un problème cardiaque l’en a empêché lors de la visite médicale). Il vient finalement de signer à la mi-août avec Fulham, fraîchement promu en Premier League. Cependant, je ne pense pas qu’il soit aussi efficace qu’un Tim Ream et, surtout, ses sept sélections ont été décevantes jusque-là (à l’exception d’un match face au Mexique). Sam Vines est probablement un nom plus attirant, à tout juste 20 ans. Le titulaire au poste d’arrière gauche avec les Colorado Rapids est tout de même un petit peu trop jeune pour débuter, selon moi, lors de matchs internationaux, mais pourrait être prêt dans quelques saisons. Les autres options derrière sont en tous cas… décevantes. Daniel Lovitz, bien que titulaire à Montréal puis à Nashville cette saison, n’a jamais paru avoir la carrure d’un international en puissance. Chase Gasper (Minnesota United) et Andrew Gutman (FC Cincinnati), tous les deux nés en 1999, pourraient être des solutions pour le futur, en attendant que Chris Gloster, le titulaire du poste chez les U20, joue avec l’équipe première du PSV Eindhoven. Pour 2022, mais surtout pour 2026, Gloster pourrait être un réel équivalent à Dest à gauche, avec également George Bello (Atlanta United), qui était titulaire en U17 et devrait jouer un rôle important en MLS l’année prochaine.

Milieu Défensif
Gregg Berhalter a déjà, à plusieurs reprises, indiqué que son système de jeu privilégié est de loin un 4-3-3. Même s’il a parfois recours à un 4-2-3-1 ou un 4-1-4-1 en phase défensive, nous allons utiliser son schéma tactique pour cet article en commençant donc par le poste de milieu défensif, ou de numéro 6.
Le favori au poste est facile à désigner : Tyler Adams. 21 ans, 10 sélections, le jeune milieu du Red Bull Leipzig aurait même pu avoir un nombre de matchs joués bien plus important si les blessures ne l’éloignaient pas autant des terrains. Il était notamment absent à la Gold Cup 2019 mais c’est assurément un titulaire indiscutable en sélection, ainsi qu’un titulaire en puissance en club, lorsqu’il est en forme. S’il reste en santé, il sera un des tauliers de cette sélection pour la prochaine décennie.
Cependant si demain les Etats-Unis devaient affronter un adversaire coriace, à cause des pépins physiques récurrents d’Adams, Michael Bradley sera probablement titulaire à la récupération. Taulier au Toronto FC où il a enchaîné trois participations en MLS Cup en quatre ans, il possède une capacité de relance que Berhalter affectionne particulièrement et une expérience qui pourrait être une denrée rare. S’il est accompagné de deux milieux de terrain hargneux, son manque de vitesse pourra être compensé et je ne suis pas forcément contre son apparition sur le terrain quand Adams n’est pas en bonne forme physique. Une bonne alternative au capitaine de Toronto serait Jackson Yueill, le milieu de terrain de San José, qui a été l’auteur de performances remarquées sous Gregg Berhalter. Plus physique et récupérateur que Bradley, il a tout de même encore un palier à atteindre avant de pouvoir être un élément incontournable de la sélection. Cependant, il possède la chance d’être sous les ordres de « El Pelado » Almeyda qui pourrait en faire un excellent joueur dans les prochaines campagnes de MLS.
Derrière ces trois éléments, je ne vois que peu de profils qui pourraient prétendre à une place de titulaire. Will Trapp a eu (à de très nombreuses reprises) sa chance en équipe nationale mais a souvent plus déçu qu’autre chose. Il était souvent bénéficiaire de sa bonne relation avec Berhalter, puisqu’ayant joué sous ses ordres à Columbus, il comprenait et mettait exactement en application ce que le sélectionneur voulait de lui. Malheureusement, il est trop limité techniquement et défensivement pour jouer en sélection aux vues de ses dernières performances. Cela dit, son arrivée à Miami pourrait changer la donne s’il réalise une excellente saison. Deux jeunes pourraient également aider l’USMNT à cette position, même si je pense qu’ils sont trop tendres pour le moment. Tout d’abord en U23, Hassani Dotson assume le positionnement avec brio et il brille avec Minnesota, puis Brandon Servania, titulaire du poste en U20, paraît également avoir sa chance. Il joue un peu plus haut avec Dallas mais, étant encore en développement, il est trop tôt pour savoir où il va décider de s’implanter sur le terrain. Tout comme eux, Frankie Amaya (FC Cincinnati, s’il confirme la saison prochaine) et Chris Durkin (qui vient d’être transféré en Belgique) 19 et 20 ans respectivement, sont également des talents en devenir. En attendant, Alfredo Morales (Stuttgart) ou James Sands (qui alterne entre milieu de terrain et défense centrale avec le NYCFC) peuvent faire l’affaire.

Milieu de Terrain
Au-dessus d’un numéro six, l’USMNT joue souvent avec un double milieu composé de deux numéro 8, avec un milieu plus récupérateur et physique et l’autre plutôt technicien. Si Christian Pulisic y a déjà joué sous Berhalter, nous le mettrons pour le moment sur l’aile puisqu’il semble que son futur y soit, à Chelsea ou en sélection.
De nombreux éléments se sont illustrés en sélection à ce poste de double 8, si bien qu’il est difficile d’y voir deux titulaires se dégager sans qu’on puisse les remettre en question. Il y en a un, en tous cas pour le moment, qui marque des points à chaque apparition en sélection et c’est Weston McKennie. Le milieu de Schalke 04 est titulaire en club et sous le maillot des Etats-Unis, avec lequel il a sorti de nombreuses performances convaincantes, notamment à la dernière Gold Cup. Possédant la hargne d’un Jermaine Jones, il est encore un peu jeune et fait des erreurs de précipitation, mais a un potentiel remarquable pour le futur. Le problème de la saison dernière, qui résidait dans son club, Schalke 04, qui jouait tout simplement d’une manière exécrable est d’ailleurs réglé. McKennie, alors qu’il était pressenti à Southampton ou Monaco, a finalement signé à la Juventus Turin. Un énorme changement de niveau qui ne le fera pas forcément jouer toutes les semaines, mais où il engrangera de l’expérience. A ses côtés, dans le poste du milieu technique mon choix se tourne vers Sebastian Lletget. Là encore, le joueur du LA Galaxy n’est malheureusement pas épargné par les blessures, mais il a toujours assuré sous le maillot des States, parfois dans des confrontations extrêmement compliquées. Il n’est pas forcément le meilleur profil si le but est de se préparer à 2022 mais il serait mon choix si un match devait se jouer demain. Pour 2022, un nom est déjà tout indiqué : Paxton Pomykal. Le milieu de 20 ans du FC Dallas a assuré cette année et semble posséder toutes les qualités techniques pour enchaîner, dès 2021, dans un club européen. S’il continue son évolution prodigieuse, il y a fort à parier qu’il sera titulaire en 2022 lors d’une éventuelle Coupe du Monde.
Derrière McKennie et Lletget/Pomykal, on retrouve de nombreux joueurs chevronnés ou en devenir de Major League Soccer. Christian Roldan, par exemple, qui n’a certes pas la palette technique d’autres joueurs mais possède un sens du placement particulièrement précis. Darlington Nagbe serait, quant à lui, probablement titulaire en sélection s’il n’avait pas exprimé son désir de ne plus y être appelé. Les jeunes Brendan Aaronson (Philadelphie Union), Gianluca Busio (Sporting Kansas City) et Djordje Mihailovic (Chicago Fire) seraient parfaits en tant que milieux techniques dans quelques années et ils semblent petit à petit gagner l’estime de Berhalter. Surtout le premier cité, qui sort d’une performance XXL au tournoi MLS is Back et qui pourrait ne pas rester longtemps dans la ligue. Pour le milieu hargneux, Keaton Parks, récemment acheté définitivement par le NYCFC, est aussi une option valide pour le futur tout comme Tanner Tessmann (FC Dallas). Jesus Ferreira, également du FC Dallas, sera probablement dans le groupe s’il continue son adaptation formidable. Du côté de l’Europe, Duane Holmes a peu montré en sélection mais continue d’enchaîner les performances plus que correctes avec Derby County (D2 anglaise). Pour se projeter dans le futur, nous pouvons également mentionner le nom de Richard Ledezma (PSV Eindhoven) mais il faut qu’il gagne en assurance physique pour jouer en première division néerlandaise, tout comme Alex Méndez (Ajax Amsterdam).

Milieu Offensif
L’aile gauche est définitivement la chasse gardée de Christian Pulisic, peut-être pour la décennie à venir. Puisqu’il a commencé avec l’équipe nationale en 2016, il est facile d’oublier que le milieu de terrain de Chelsea n’a que 21 ans, mais je le vois facilement battre le record de sélections de Cobi Jones (164 et Pulisic en est à 34 jusqu’ici) et le record de buts que détiennent Clint Dempsey et Landon Donovan (57 chacun, il en est à 14). Ceux qui l’ont vu jouer avec Dortmund puis Chelsea, dans ses meilleurs jours, savent qu’il a le potentiel pour devenir l’un des meilleurs au monde : reste que ses éclats de génie sont un trop peu nombreux pour être totalement indiscutable dans le club londonien. De plus, comme il est récurrent de l’observer dans cette sélection, il est malheureusement souvent coupé dans sa progression par de nombreuses blessures. Cependant, à moins de grosses surprises, il devrait continuer à mener l’attaque de l’USMNT comme il le fait depuis quatre ans : bien que préférant jouer à gauche, il peut également dépanner à droite ou en numéro 10.
Révélation de Dortmund cette saison comme Pulisic l’était en 2016, le jeune Giovanni Reyna a impressionné à tout juste 17 ans, notamment en Champions League face au Paris Saint-Germain. Le fils de Claudio a toutes les chances de voir son temps de jeu augmenter en club et d’avoir, enfin, sa première sélection en équipe nationale. Gregg Berhalter a indiqué qu’il voulait le sélectionner pour les prochaines échéances internationales, finalement annulées par le coronavirus, mais nul doute que le joueur formé au NYCFC sera dans le prochain groupe appelé. Bien qu’il préfère jusque là le côté gauche de Dortmund, il peut également jouer à droite et si l’USMNT se qualifie pour la Coupe du Monde 2022, je ne serais pas étonné d’y voir Pulisic et Reyna sur les ailes, surtout qu’il semble avoir un temps de jeu important en pré-saison avec Dortmund. Du côté droit de l’attaque, là encore, l’USMNT a deux beaux noms qu’elle peut inscrire pour aujourd’hui et pour 2022 : Tim Weah et Jordan Morris. Le premier est malheureusement retardé dans sa progression depuis plusieurs saisons par une série interminable de blessures mais il a montré, pendant ses huit matchs avec les Etats-Unis, qu’il pouvait jouer sur la scène internationale sans souci. Après tout, le LOSC a payé plus de dix millions d’euros il y a un an pour s’attacher ses services et il revenait d’un prêt tout à fait concluant au Celtic Glasgow en 2019. Une fois que ses blessures le laisseront tranquille, il sera tout à fait capable de prendre une place dans le XI de départ de Christophe Galtier et, par conséquent, également dans celui de Gregg Berhalter. En attendant sa remise en forme, c’est avec surprise que Jordan Morris est probablement le joueur le plus constant avec les Etats-Unis depuis deux ans. Depuis l’effroyable blessure qui lui avait fait rater l’entièreté de l’année 2018, il a été replacé sur l’aile gauche des Seattle Sounders et peut jouer des deux côtés pour les Etats-Unis. Il est d’ailleurs, pour le moment, le titulaire à droite et a marqué à cinq reprises en 14 matchs sous le maillot de la sélection en 2019. Une forme exemplaire qu’il a également en club et qui lui assure probablement une place dans le groupe pour les prochaines années.
Il y a également de la profondeur de banc sur les ailes de l’attaque. Le jeune Ulysses Llanez de Wolfsburg, qui n’a pas encore joué avec l’équipe première du club allemand, compte déjà une sélection et un but avec les Etats-Unis, à 19 ans. Gregg Berhalter semble apprécier sa versatilité et l’a déjà bien vu jouer avec les U20, où il compte sept buts en 13 matchs. Un autre joueur que Berhalter affectionne tout particulièrement, c’est Jonathan Lewis. Si j’ai également un faible pour le joueur, je dois avouer qu’il est trop irrégulier pour être dans le groupe des Etats-Unis pour le moment. Il est dans sa quatrième année professionnelle et n’arrive pas à s’imposer chez les Rapids, donc il ne devrait pas faire partie du groupe pour le moment. Quant à Paul Arriola (DC United), c’est complètement l’inverse : c’est un joueur extrêmement régulier qui peut jouer sur les deux ailes et qui ne rate quasiment jamais ses matchs avec les Etats-Unis. Malheureusement, une grosse blessure devrait le tenir hors des terrains pour quelques mois encore et, vu la forme de Morris et de Pulisic ainsi que le potentiel de Weah et Reyna, il sera dur de se faire une place. A 25 ans cela dit, ce serait le premier joueur que j’appellerais si un des quatre joueurs cités se blessait, ce qui a des chances d’arriver. Tyler Boyd doit aussi être mentionné : le milieu droit de Besiktas avait beaucoup fait parler de lui après une série d’excellentes performances en Turquie, avant de jouer la Gold Cup avec l’USMNT. Malgré de bons matchs de préparation, il sortira petit à petit du onze de départ au profit de Morris et, depuis, ses prestations sont également moyennes à Besiktas. Il va falloir qu’il signe peut-être ailleurs pour revenir dans le groupe. A 24 ans, Corey Baird (Real Salt Lake) mérite également d’être cité, bien qu’il semble techniquement un peu trop limité pour jouer en sélection, tout comme Romain Gall, le natif de Paris, qui n’arrive pas à s’imposer à Malmö. Chris Mueller, n’a jamais été du haut de ses 23 ans dans les discussions de l’USMNT, avant le tournoi MLS is Back. Dans ce dernier, l’aillier d’Orlando City SC a gagné des points et s’il confirme, il pourra être appelé en renfort. Enfin, je conclurai avec deux noms que l’on pourrait voir apparaître dans le futur du côté des Etats-Unis. Le premier est Julian Gressel, le premier choix de draft de l’histoire d’Atlanta, qui fut un des meilleurs joueurs du club pour trois saisons, avant de partir à DC. Bien qu’Allemand, il a admis qu’il comptait obtenir des papiers américains et jouer, peut-être pour la Coupe du Monde 2022 ou bien peu après, sous le maillot de l’USMNT. Enfin, du côté des U20, Konrad de la Fuente est un des leaders de l’attaque et il gagne en temps de jeu avec la réserve du FC Barcelone. S’il s’impose dans l’équipe première ou dans un club de première division, il pourrait se frayer un chemin dans le groupe de Berhalter.

Avant-Centre
Je le mentionnais bien plus tôt dans l’article, reste le dossier épineux de l’avant-centre. Les Etats-Unis n’arrivent plus à trouver un titulaire complètement indiscutable à ce poste, si bien que certains aimeraient y repositionner Tim Weah ou Jordan Morris. Je ne pense pas que la situation soit si délicate, mais voilà où nous en sommes.
Pour le moment, le choix numéro un est indéniablement Jozy Altidore. Ceux qui ne suivent pas la MLS en sont peut-être surpris puisque son aventure en Angleterre n’aura vraiment pas été concluante, mais il est l’un des meilleurs joueurs de MLS et en sélection depuis 2015 et son retour en Amérique du Nord. Avec 42 buts sous le maillot américain, il déçoit rarement et et sa hargne est une qualité rare en USMNT. Capable de réceptionner des longs ballons mais aussi technique dans ses déplacements et ses passes, il s’adapte à de nombreux coéquipiers et, avec lui devant, les Etats-Unis ont le problème du numéro neuf réglé. Sauf que (et c’est un gros bémol), Altidore est un joueur qui se blesse énormément et il n’a pas réussi à jouer plus de 30 matchs en MLS depuis son arrivée à Toronto. Il n’a pas dépassé les onze matchs par saison en sélection non plus depuis 2015 et Berhalter a souvent dû sacrifier une place dans le groupe pour le prendre dans le groupe même s’il n’était pas au top de sa forme (comme à la Gold Cup 2019, dont il n’a pas pu jouer les premiers matchs).
Il faut donc une alternative solide à Altidore et c’est là que le bât blesse. Josh Sargent a beau être titulaire avec le Werder Brême, il n’a jamais été convaincant en sélection ou en Allemagne et a même sorti des matchs cauchemardesques cette année, avant de se rattraper vers la fin de saison. La pré-saison qu’il effectue actuellement le voit être conforté dans une position de titulaire et il pourrait donc gagner en puissance cette année. Mais la conséquence de cela c’est que Gyasi Zardes (Columbus Crew) est encore dans le groupe en 2020. Forcément, il n’est pas catastrophique, il possède une rapidité et un physique que peu ont dans le groupe, mais je ne pense pas qu’il doive débuter en compétition internationale aujourd’hui. Derrière ces trois hommes, il y a notamment les deux jeunes feux follets du FC Dallas, Jesus Ferreira et Ricardo Pepi. Le premier préfère jouer un cran en-dessous cependant, et le deuxième a tout juste 17 ans. Mason Toye (Minnesota United), Jeremy Ebobisse (Portland) ou Christian Ramirez (Houston Dynamo) sont tous plutôt bons en MLS, mais loin du niveau requis pour jouer avec la sélection, même si Ebobisse a sorti un très bon tournoi MLS is Back. Malgré 45 capes en équipe nationale, Bobby Wood ne semble plus être dans les plans de Gregg Berhalter, tout comme Julian Green. Robbie Robinson (Inter Miami) semble quant à lui convaincre en Floride, mais la pandémie nous aura empêché de voir si le plus récent premier choix de Draft a le talent pour s’imposer aux Etats-Unis. Ayo Akinola (Toronto FC), lui, a impressionné au MLS is Back, mais n’a pas encore choisi s’il souhaitait représenter les Etats-Unis chez les seniors.. Avec 6 buts en 11 sélections pour les U20, Sebastian Sotto pourrait être le futur remplaçant d’Altidore et/ou Sargent, mais il faut qu’il s’impose à Hanovre. Enfin, un dernier nom qui pourrait arriver en sélection est Nicholas Gioacchini, qui joue sa première saison professionnelle avec Caen actuellement en Ligue 2 et que Berhalter garde apparemment à l’œil.

En conséquence, les Etats-Unis sont encore loin de posséder des certitudes stables. Le groupe compte une belle génération qui émerge des ruines de la non-qualification à la Coupe du Monde 2018, mais il manque du leadership et surtout, trop nombreux sont ceux à la santé fragile. D’un potentiel XI titulaire, il y a de nombreuses chances que Steffen, Brooks, Adams, Lletget, Pulisic, Weah et Altidore, soit plus de la moitié, soient blessés si un match devait se jouer dans les prochains mois.
C’est pour cette raison que l’USMNT attend avec impatience la prochaine génération de talents, venant de ses U23, U20 et U18, dont nombreux sont cités dans cet article. Ils doivent pour la plupart prendre du galon dans leurs clubs mais avec une possible qualification à la Coupe du Monde 2022, Gregg Berhalter a deux ans pour faire ses choix. De plus, si une qualification au Qatar est bien entendu un objectif certains, les Etats-Unis ont surtout en ligne de mire la Coupe du Monde jouée à la maison, en 2026. Bien travailler pour constituer un groupe jeune pour 2022 qui ensuite arriverait à son apogée en 2026 est une stratégie plus que recommandable pour Berhalter, à condition de trouver enfin un peu de stabilité.
3 thoughts on “A.Latran : Entre génération dorée et blessures à répétitions, quel USMNT pour demain ?”