À ses débuts en 1996, la MLS a attiré les regards en recrutant de grands joueurs de soccer en fin de carrière comme Hugo Sanchez, Jorge Campos, Carlos Valderrama ou Roberto Donadoni. Cependant, le but de la ligue sur le long terme a toujours été de former et de développer d’excellents joueurs locaux, qu’ils soient américains ou canadiens. Près de 25 ans plus tard, la MLS touche au but et commence à s’établir comme une ligue capable de fournir de belles pépites au Vieux Continent. De plus, elle est maintenant considérée comme une étape très intéressante pour les jeunes joueurs du monde entier qui souhaitent disputer des matchs de haut niveau afin d’attirer les regards des recruteurs européens. Après les succès Miguel Almirón, Tyler Adams ou Alphonso Davies ces dernières années, les clubs européens scrutent de plus en plus la ligue afin de dénicher la, ou plutôt les nouvelles sensations.
Gagner de la maturité
« Va-t-il réussir à s’adapter rapidement? », « peut-il élever son niveau de jeu? », les amoureux de soccer européen connaissent bien la musique lorsque leur club favori recrute un joueur sud-américain. L’adaptation est toute aussi difficile pour un jeune joueur nord-américain. Afin d’éviter un choc psychologique irréversible et leurs donner le temps de bien préparer leurs départs, les clubs européens n’hésitent pas à prêter leurs récentes acquisitions au club à qui ils l’ont acheté. Pour certains, le prêt sera seulement de quelques mois alors que pour d’autres, leur nouvel employeur pourrait choisir de prolonger le prêt et ce, pour différentes raisons. L’argument le plus répandu serait de garder le joueur dans un environnement familier dans le but de le voir accumuler du temps de jeu, ce qui lui permettrait de progresser beaucoup plus vite. Les joueurs les plus coriaces redoublent d’efforts durant leur prêt dans l’intention de se faire une place au sein de l’effectif du club européen le plus vite possible. En 2020, malgré le contexte particulier dû à la pandémie, les clubs européens n’ont pas hésité à faire leurs emplettes en Amérique du Nord et à utiliser ce fameux levier afin de permettre aux joueurs de finir la saison MLS avec leurs clubs actuels.

Si vous suivez la MLS, et surtout Culture Soccer sur les réseaux sociaux ou en podcast, vous avez sûrement entendu parler de Brenden Aaronson, de l’Union de Philadelphie. À 20 ans, le milieu offensif américain s’éclate sous les ordres de Jim Curtin. Moins décisif que Diego Rossi mais tout aussi important pour son équipe, Aaronson se distingue par une excellente vision du jeu, lui permettant de distiller de magnifiques caviars à ses coéquipiers. Il est très souvent (pour ne pas dire tout le temps) impliqué dans la construction des buts de son équipe.
Recruté par le Red Bull Salzburg il y a quelques jours, il est prêté à l’Union jusqu’au mois de janvier 2021. Le club autrichien, qui dispute la Ligue des champions de l’UEFA actuellement, a pour habitude de dénicher des joueurs talentueux aux quatre coins du monde et, en Aaronson, Salzburg est certain de ne pas se tromper. De son côté, Aaronson a le meilleur des deux mondes; il s’assure de jouer en Europe dès 2021 et continue à se battre dans l’optique de gagner la MLS Cup en 2020 avec le leader actuel de la saison régulière.
En Autriche, Aaronson ne sera sûrement pas dépaysé puisqu’il retrouvera l’entraineur américain Jesse Marsch, ancien joueur en MLS et ex-entraineur de l’Impact de Montréal et des Red Bulls de New York.

Arrivé au mois de janvier 2020 sur la pointe des pieds en provenance des U23 de Tottenham, Luis Binks, défenseur central anglais de 19 ans, a convaincu son entraineur Thierry Henry ainsi que les supporters de l’Impact de Montréal. Précis et juste dans ses interventions, le jeunot s’est imposé en défense centrale devant des joueurs beaucoup plus expérimentés comme Rod Fanni ou Rudy Camacho. Binks est l’un des premiers joueurs sur la feuille de match lorsqu’il est disponible et ses excellentes prestations ont tapé dans l’œil des recruteurs italiens. Transféré au club de Bologna en première division italienne, un club qui partage le même propriétaire que l’Impact, Joey Saputo, il est prêté à Montréal jusqu’à la fin de la saison 2020.
La synergie entre le club italien et le club montréalais ne date pas d’hier. Plusieurs joueurs sous contrat avec Bologne sont prêtés à Montréal afin de gagner du temps de jeu alors que d’autres sont tout simplement transférés au ‘bleu-blanc-noir’. Cependant, le chemin inverse est très rarement emprunté et Binks devra prouver qu’il mérite sa place dans l’élite italienne. À 19 ans, le jeune anglais a énormément de potentiel et pourrait devenir une option intéressante pour l’entraineur Sinisa Mihajlovic. Est-il trop tendre encore pour rejoindre l’effectif de Bologne dès janvier 2021? Les supporters montréalais espèrent que c’est le cas en vue de voir Luis Binks disputer une autre saison sous le maillot de l’Impact de Montréal.
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Dans le même genre, on peut aussi mentionner Joe Scally, latéral droit du New York City FC. Âgé de 17 ans seulement, il a été recruté par le Borussia Mönchengladbach avant d’être prêté à son club formateur en attendant qu’il atteigne sa majorité. Scally n’a disputé qu’une poignée de matchs pour NYCFC mais ses excellentes performances avec les équipes nationales U15 et U17 américaines ont suffi à convaincre le regard acéré des recruteurs européens. Il est titulaire indiscutable avec son équipe nationale lors du championnat U17 de la région Concacaf en 2019 où les USA atteignent la finale avant de s’incliner face au Mexique. Il est aussi sélectionné par son entraineur pour la Coupe du Monde U17 au Brésil cette même année où il dispute les trois matchs de son équipe. Endurant et rapide, le jeune Américain a toutes les qualités d’un latéral moderne et le club allemand a déjà confirmé par l’entremise du directeur sportif Max Eberl, que Scally rejoindra Gladbach dès le mois de janvier 2021. Est-il déjà prêt pour titiller le titulaire actuel Stefan Lainer ou fera-t-il ses premiers pas avec la réserve en quatrième division? Une chose est sûre, le Borussia Mönchengladbach prouve encore une fois qu’il a des yeux partout afin de dénicher le plus vite possible la perle rare.
Une question de temps
Nous savons très bien que les cellules de recrutement des clubs européens fonctionnent à plein régime durant toute l’année et que des milliers de rapports sont constamment ajoutés à leurs bases de données. Avant que la pandémie ne fasse des ravages, plusieurs médias soulignaient la présence de différents recruteurs travaillant pour des clubs européens dans les gradins des stades de MLS. Plusieurs pépites s’illustrent chaque année au sein de la ligue mais ces trois joueurs devraient être les prochains à faire le saut vers l’Europe.

Difficile de parler de pépites en MLS et de ne pas mentionner l’Uruguayen Diego Rossi. Déterminant en 2019 avec le Los Angeles FC avec 18 buts et 9 passes décisives en 39 matchs toutes compétitions confondues, l’Uruguayen est dans l’ombre du Mexicain Carlos Vela qui est nommé MVP de la ligue. En 2020, du haut de ses 22 ans, l’ailier gauche du LAFC explose tous les compteurs alors que Vela est aux abonnés absents pour cause de blessures (juste 5 matchs disputés en saison régulière). Auteur de treize buts et trois passes décisives en 17 matchs, Rossi démontre toute l’étendue de son talent en 2020 et s’impose comme l’un des favoris pour succéder à son coéquipier pour le titre de MVP. Efficace devant le but, excellent en contrôle du ballon et rapide balle au pied, l’international uruguayen est un virtuose du ballon rond et n’a pas eu de mal à porter l’équipe sur ses épaules lorsqu’il le fallait. Bien aidé par la tactique de jeu offensive de Bob Bradley, Rossi pourrait-il bénéficier du carnet d’adresses de son entraineur qui a déjà travaillé en Europe? Parce que oui, les recruteurs européens le connaissent déjà mais il faudra qu’ils convainquent leurs employeurs à mettre la main au portefeuille afin de l’attirer dans leurs filets. En effet, selon le site spécialisé Transfermarkt, sa valeur est déjà de 18 millions d’euros et ce serait surprenant de voir LAFC lâcher son joyau pour moins que ça.

Moins clinquant que Rossi cité plus haut, l’Américain Gianluca Busio du Sporting Kansas City attire lui aussi les regards. La saison 2019 de SKC a été catastrophique puisque le club s’est classé avant-dernier de la conférence Ouest mais Busio a impressionné les observateurs par sa technique et sa maturité au sein d’un club à la dérive. En 2020, le jeune milieu relayeur de 18 ans est souvent titulaire au sein du onze de départ de Peter Vermes. Sa persévérance, son jeu épuré et sa capacité à répéter les efforts autant dans le secteur offensif que défensif plaisent grandement à son entraineur et devraient persuader la plupart de ses homologues européens. Sachant que sa valeur marchande (3,5 millions d’euros selon Transfermarkt) est beaucoup plus abordable que les jeunes joueurs Européens avec les mêmes qualités, l’Américain devrait très rapidement être convoité. Capable de jouer en tant que milieu défensif ou milieu relayeur, sa polyvalence est elle aussi un argument de poids dans le soccer moderne, il lui reste juste à devenir plus décisif s’il veut vraiment réaliser son potentiel dans les prochaines années. En quelques mots, Busio peut être qualifié d’un diamant brut qui, bien qu’il ait déjà montré des bribes de son talent, a besoin d’être poli.

« C’est, de loin, le meilleur jeune joueur de la ligue ». Lorsque Zlatan Ibrahimovic lance cette phrase, les portables de tous les recruteurs européens ont dû sonner. Il parlait d’Efrain Alvarez, son ancien coéquipier au LA Galaxy. Ayant fait ses débuts en MLS en 2019 à l’âge de 16 ans, le joueur formé au Galaxy a épaté la galerie depuis qu’il a rejoint l’équipe Senior. Excellent techniquement, le milieu offensif de poche a un immense potentiel et, avec le bon encadrement, pourrait rapidement s’imposer comme un des meilleurs joueurs de la ligue. Malheureusement, le LA Galaxy est loin d’être la franchise la mieux gérée de la ligue ce qui n’aide pas du tout son développement. En 2020, le jeune milieu Mexico-Américain a alterné le bon et le mauvais tout comme son club, ne parvenant pas à s’imposer comme un titulaire indiscutable. La plupart du temps remplaçant, il est souvent lancé dans la mêlée en cours de match mais n’arrive pas à faire la différence. Il faut dire que son entraineur Guillermo Barros Schelotto a eu beaucoup de mal à trouver la bonne formule depuis qu’il a rejoint le Galaxy, ce qui l’a mené à son congédiement le 29 octobre 2020. Au sein d’un club qui a eu beaucoup de mal à retrouver son prestige d’antan, Alvarez semble stagner. Le milieu offensif a encore le temps et tout le talent pour devenir un joueur de premier plan mais aura-t-il la confiance de son nouvel entraineur? Qui remplacera Schelotto? Le Galaxy va devoir se pencher le plus vite possible sur la question et faire d’Alvarez une pièce maitresse de son effectif.
Le meilleur reste à venir
Cette liste n’est qu’un petit échantillon des jeunes joueurs de talent présents en MLS. Plusieurs autres espoirs peuvent eux aussi prétendre à un avenir en Europe alors qu’ils commencent à peine à montrer le bout de leur nez en Amérique du Nord (Cowell à San Jose, Fontana à Philadelphie, Pepi à Dallas, Nelson à Toronto etc.). Il est très difficile pour un jeune joueur nord-américain de percer sur le Vieux Continent mais, avec les bons outils et le support indéfectible de leurs proches et de leur club, ces joueurs auront une bonne chance de réussir au très haut niveau. Qui sait? Le prochain Alphonso Davies ou Christian Pulisic peut très bien se trouver parmi les joueurs cités dans cet article.
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