Les Etats-Unis sont sur une superbe dynamique. L’USMNT a réussi une Nations League convaincante, ponctuée par une finale gagnée face au Mexique après un âpre duel. Tout cela s’inscrit dans un contexte d’amélioration de la sélection, qui monte progressivement en puissance depuis l’arrivée de Gregg Berhalter après l’échec de la non-qualification en 2018. La jeunesse dorée américaine commence à s’imposer en Europe et les cadres à se connaître sur le terrain. Le groupe s’affute, le coach commence à créer une réelle identité sur le terrain.
La dernière Gold Cup, en 2019, était arrivée dans un moment plus calme du côté de la sélection, tandis que celle-ci se joue entre une Nations League qu’il était important de gagner et surtout, des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2022 dès le mois de septembre. La Gold Cup 2021 est donc loin d’être la priorité pour les Etats-Unis, qui a d’ailleurs laissé ses cadres européens se reposer pour être prèts lors des prochaines échéances. Celle-ci permettra à l’entraîneur d’expérimenter et de tester les joueurs qui composeront peut-être les 10 ou 15 dernières places d’un roster de 23 pour les éliminatoires.
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Le Roster
Comme décrit plus haut, Gregg Berhalter a décidé de laisser ses cadres se préparer pour la nouvelle saison européenne cet été. Pas de Christian Pulisic, Weston McKennie, Sergiño Dest, Gio Reyna, Tyler Adams, Zack Steffen et Yunus Musah donc pour les Etats-Unis, ni de Chris Richards ou Cameron Carter-Vickers, dont les situations contractuelles ne sont pas claires. Bryan Reynolds, qui a souhaité rester à Rome pour avoir une pré-saison complète avec José Mourinho, ne fait pas non plus partie de l’aventure.
Le groupe choisi est en grande majorité composé de joueurs de MLS, mais avant de le décrire parlons de quelques oubliés. Berhalter a fait le choix de chercher des joueurs de stabilité, qu’il pourrait emmener qu’importe les situations. S’il a pris quelques jeunes, notons les absences de Caden Clark, des New York Red Bulls et bientôt à Leipzig, Ricardo Pepi de Dallas ou Cade Cowell de San José.
Au niveau des gardiens, le titulaire assuré sera Matt Turner, qui est en confiance avec les New England Revolution. Le joueur de 27 ans a une belle carte à jouer pendant ce tournoi : Zack Steffen est pour beaucoup le titulaire assuré, mais son statut de remplaçant à Manchester City le rend tout de même dépassable en sélection. Derrière lui, Sean Johnson (NYCFC) et Brad Guzan (Atlanta United) sont tous deux des habitués de la sélection, mais à 32 et 36 ans, ils ne sont pas vus comme des solutions d’avenir et ne devraient pas être de la partie pour une potentielle Coupe du Monde 2022.
En défense, Berhalter a appelé des joueurs qui pourraient potentiellement faire partie de l’équipe A de cette sélection. Reggie Cannon (Baovista), l’arrière-droit, est un habituel titulaire en sélection mais sa place est menacée par Sergiño Dest (FC Barcelone), DeAndre Yeldin (Galatasaray) et Bryan Reynolds (AS Roma) et il tentera de se montrer en juillet. Derrière lui, la surprise s’appelle Shaq Moore (Tenerife, D2 espagnol), 24 ans et qui fêtera peut-être sa première sélection cet été. À gauche, en l’absence d’Anthony Robinson (Fulham), c’est Sam Vines (Colorado Rapids) et George Bello (Atlanta United) qui tenteront de s’imposer, même si le premier a une longueur d’avance. Pour la défense centrale, Walker Zimmerman, un habitué de la sélection et performant à Nashville, devrait faire la doublette avec Miles Robinson (Atlanta United), souvent appelé également. James Sands (NYCFC) et Donovan Pines (DC United) essayeront de se faire une place.
Le milieu de terrain est le secteur de jeu le plus orphelin de ses habituels titulaires. Le trio de titulaire devrait être, dans le 4-3-3 habituel de Berhalter, composé de Jackson Yueill (San José), Kellyn Acosta (Colorado Rapids) et Sebastian Lletget (LA Galaxy). Le premier est le moins convaincant des trois sous le maillot américain, notamment à cause d’une Nations League médiocre et devra convaincre pour devenir le remplaçant assuré de Tyler Adams. Pour Lletget, sa place dans le groupe est quasi assurée : s’il n’est pas titulaire, c’est un joueur important de la sélection depuis plusieurs années et il connait une bonne saison avec le Galaxy. Il en va de même pour Acosta, souvent appelé par Berhalter et qui peut également jouer en 6 au besoin. Également sélectionné et auteur d’une belle saison à Seattle, Christian Roldan tentera de se faire une place. Le milieu était un des couteaux suisses de Berhalter en 2019 et 2020, mais a vu Lletget et Acosta lui passer devant. Gianluca Busio (Sporting KC) pourrait être le prochain : à 19 ans, il est pisté en Série A et sa vision du jeu sera utile dans une Gold Cup où les Américains pourraient affronter des équipes très défensives. Enfin, la révélation à Portland la saison dernière, Eryk Williamson, essayera également de profiter de quelques minutes de jeu.
C’est en attaque où les joueurs européens manquent cruellement, puisque Berhalter a sélectionné six joueurs dont… quatre avant-centres. De son propre aveu, deux d’entre eux (Nicolas Gioacchini du SM Caen et Matthew Hoppe de Shalke) seront plus des doublures sur les ailes que des numéros 9. Les titulaires sur les ailes seront Paul Arriola, qui revient bien de blessure à DC United et Jonathan Lewis, de Colorado. Devant, les fans américains attendent beaucoup de Daryl Dike, auteur d’un beau prêt à Barnsley et dont on parle en Premier League. L’habituel titulaire, Josh Sargent, ne convainc pas grand monde et Dike pourrait profiter de la Gold Cup pour devenir un indiscutable. Derrière lui, on retrouvera l’inamovible Gyasi Zardes. Qu’importe les sélectionneurs, l’attaquant de Columbus est toujours là et devrait aider la sélection en fin de match.

Les adversaires du groupe B
Le principal adversaire restera sans aucun doute le Canada. Les Rouges ont donné du fil à retordre à l’USMNT il y a deux ans, lorsqu’ils les ont battu 2-0. Malgré quelques cadres absents comme Jonathan David et Milan Borjan, le Canada peut toujours compter sur des joueurs de qualité comme Alphonso Davies (Bayern Munich), Stephen Eustaquio (Paços de Ferreira, Portugal) ou Cyle Larin (Besiktas). Les visages de MLS sont également connus, avec notamment Richie Laryea (Toronto), le joueur désigné Lucas Cavallini (Vancouver), le jeune Tajon Buchanan (New England), le taulier Samuel Piette (Montréal) ou encore Ayo Akinola (Toronto), qui a récemment choisi la sélection canadienne. La défense reste un peu friable mais le talent est là pour le Canada, qui reste sur une défaite surprise en 2019 face à Haïti et qui voudra gagner en confiance avant le dernier tour des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2022 pour lequel ils se sont qualifiés.
La Martinique s’impose progressivement dans le paysage de la Concacaf ces dernières années et a même pu bénéficier d’une qualification directe à l’édition 2021 de la Gold Cup cette année. Dernièrement, des victoires face au Nicaragua en 2017 et face à Cuba (3-0) en Gold Cup 2019 ont démontré qu’ils pouvaient engranger des résultats dans la zone. Malheureusement, plusieurs matchs amicaux ont dû être annulés avec la pandémie (contre Grenade, le Panama ou la Serbie) et il n’y a donc eu seulement deux matchs de préparations effectués, face à la Guadeloupe et le Sporting KC. L’objectif de l’entraîneur Mario Bocaly est clair, essayer de passer le premier tour, alors que certains joueurs professionnels n’ont pas été libérés par leur club : ils ne seront que quatre cet été, évoluant tous en Europe à l’exception de l’attaquant Kévin Fortuné, qui joue en Iran. On retrouvera ainsi Jean-Sykvain Babin,, le défense de Gijon (D2 espagnol), Patrick Burner (Nîmes Olympique, Ligue 1), Emmanuel Rivière, l’ancien de Monaco qui joue maintenant à Crotone (Série A) mais pas Jordy Delem (Seattle Sounders), cadre de cette équipe mais blessé.
Le dernier invité de ce groupe relevé est Haïti, qui s’est qualifié mardi soir pour cette Gold Cup en s’imposant face aux Bermudes. Frantzdy Pierrot (EA Guingamps) a facilement mis son équipe dans un bon rythme grâce à un triplé rapide en première mi-temps, avant que le taulier Duckens Nazon (Saint-Trond VV, D1 Belge) n’enfonce le clou pour une victoire 4-1. Outre Pierrot et Nazon, les fans de MLS retrouveront certains joueurs comme Zach Herivaux (New England) ou Derrick Etienne (Columbus Crew) tandis que Brian Sylvestre (FC Miami) est un des meilleurs gardiens d’USL Championship (seconde division. Cet effectif fait d’Haïti un outsider frustrant pour de nombreuses équipes en Concacaf, comme l’ont appris les Canadiens en 2019 mais également les Costariciens, qui avaient perdu 2 à 1. Les éliminatoires de la Coupe du Monde 2022 n’ont pas été aussi réussis et la Gold Cup serait une opportunité parfaite pour se redresser pour les Grenadiers.

L’objectif
C’est une Gold Cup étrange qui attend les Etats-Unis. L’effectif ne se connaît pas énormément et n’a pas les joueurs titulaires, mais cette génération de jeunes de MLS a le talent pour créer une surprise. Berhalter est attendu et ne pas terminer premier du groupe serait vécu comme une déception, mais surtout, tout autre résultat qu’une place en finale, serait une débâcle. Le Mexique est, pour beaucoup, l’adversaire à battre en finale et toute sortie prématurée représenterait un échec. Cependant, dû à l’absence de nombreux cadres, un gros échec ne devrait pas signifier la fin de l’aventure de Berhalter avec l’USMNT.
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