DC United est un des clubs historiques de la MLS. Une des dix franchises fondatrices de la ligue, le club de la capital a remporté les deux premières éditions de la MLS Cup, puis en gagnera un total de quatre, ainsi que quatre Supporters’ Shield et trois US Open Cup. Un palmarès solide, sublimé par des générations de joueurs élégants comme Jaime Moreno, Marco Etcheverry, Ben Olsen, Jeff Agoos, Eddie Pope ou Christian Gomez. Le club procurait à la sélection américaine ses meilleurs éléments tandis qu’en dehors des tribunes, une culture du supportérisme balbutiante en MLS débutait grâce à la Barra Brava.

Depuis 2009, la franchise iconique connaît cependant un grand coup d’arrêt. Introduit entraîneur en chef par surprise et sans expérience en 2010, Ben Olsen n’a gagné qu’une petite US Open Cup en 10 ans, laissant les supporters de DC sur leur faim. Pendant cette décennie, une période les aura probablement plus marquée que les autres : les saisons 2018 et 2019, portées par nul autre que l’international anglais Wayne Rooney et l’inauguration d’un nouveau stade, Audi Field.

Intronisé capitaine, l’Anglais a totalement renversé la saison de DC United en 2018 en inscrivant 12 buts, puis 13 l’année suivante, créant avec Luciano Acosta une doublette redoutable nommée « Luchoroo ». Exemplaire sur et en dehors des terrains, l’attitude de Wayne Rooney est plus simplement démontrée par son action légendaire qui sauva DC d’une non-qualification au playoffs face à Orlando City dans les arrêts de jeu :

Les aventures de « Luchoroo » prirent fin plus rapidement que prévu : Rooney se vit offrir en pleine saison 2019 un contrat à Derby County de joueur-entraîneur assistant et partit, malgré deux ans toujours en contrat sur papier. De son côté, Lucho Acosta connu un transfert avorté au Paris Saint-Germain qui le marqua profondément et fut plus tard transféré au Mexique, avant un retour en MLS concluant au FC Cincinnati.

De quoi replacer le club dans la position de marasme où il se trouvait, enchaînant les mauvaises décisions jusqu’au renvoi de Ben Olsen en 2020. Suivi l’intronisation d’Hernan Losada comme entraîneur, qui fit une première saison encourageante en 2021 avant un renvoi surprise en 2022, ayant totalement perdu le contrôle de son vestiaire.

Mais alors que la semaine dernière, les fans ont pris un autre camouflet après une défaite saisissante et historique de 7-0 face à Philadelphie, l’espoir renaît à Washington. Wayne Rooney vient d’être intronisé entraîneur de la franchise, deux ans après son départ. Un transfert étonnant, puisqu’il était de notoriété publique que la femme de l’Anglais n’avait pas aimé son séjour outre-Atlantique. DC United l’a pourtant convaincu, en lui offrant notamment un salaire trois fois supérieur à celui de Losada, autour d’un million de dollar par an. Les négociations sont restées discrètes, jusqu’à ce qu’il fut aperçu à l’aéroport de Washington avec plusieurs valises le 10 juillet, démontrant ainsi qu’il était là pour plus que des vacances.

Ce ne sera en effet pas de tout repos, la tâche s’annonçant dur à DC. Après le camouflet reçu à Philadelphie, le club est à l’avant-dernière place de sa conférence, avec 17 points en 17 matchs. Le mercato hivernal avait été décevant avec les départs de cadres comme Paul Arriola et Frédéric Brillant, qui ajoutés aux blessures de titulaires comme Bill Hamid et Brad Smith ont créé des trous béants. Michael Estrada, arrivé en prêt de Toluca, n’a pas le rendement escompté et d’autres joueurs de haut rang comme Julian Gressel, Andy Najar ou Edison Flores déçoivent.

Il y a tout de même certaines performances qui font office de bols d’air et sur lesquels Wayne Rooney pourrait s’appuyer. Le Français Sofiane Djeffal, drafté pourtant assez tard lors de la Superdraft, connaît un début de saison encourageant et l’attaquant Ola Kamara score toujours. Surtout, l’attaquant grec Taxi Fountas en est déjà à 9 buts en 11 matchs joués, des performances qui ont pu sauver DC lors des derniers matchs. Rooney devrait avoir d’autres renforts pour appuyer Fountas : le club possède deux places de joueur désigné ouvertes et souhaiterait en remplir au moins une d’ici la fin de l’année, selon Pablo Maurer de The Athletic. Nul doute que DC se trouve dans les clubs qui ambitionnent d’attirer Luis Suarez, même si l’attaquant uruguayen a déjà annoncé qu’il ne viendrait pas avant janvier en MLS si c’était dans un club qui ne jouait pas les playoffs.

En tous cas, le Président Directeur Général de DC United, Jason Leiven, est confiant sur le futur de sa franchise : “Quand il est arrivé il y a quatre ans, nous étions à environ 13 points des playoffs. Nous avons gagné 40 points, je crois, lors de nos 20 derniers matchs, ce qui était le meilleur bilan de la ligue pendant cette période. Et j’ai dit à Wayne que nous nous attendions à la même chose cette fois-ci”, a-t-il déclaré à MLSsoccer.com. L’entraîneur anglais a également confirmé en conférence de presse que sa femme et sa famille resterait outre-Atlantique.

L’arrivée de Wayne Rooney peut-elle être annonciatrice d’une nouvelle ère pour DC ? Le joueur était apprécié des fans, du propriétaire et des journalistes à Washington. Il attirera sans aucun doute une aura que United n’avait plus connu depuis les ninetees. Reste à savoir s’il pourra performer, mais également s’il pourra rester sur le long-terme. Comme on l’a vu avec Thierry Henry ou Wayne Rooney lui-même, les entraîneurs et joueurs européens ont du mal à s’inscrire sur le long-terme en MLS, pour des raisons personnelles ou professionnelles. Si les résultats sont bons, les clubs européens sont rapidement attirés par ces anciennes légendes et si DC souhaitait une stratégie dans le temps, un entraîneur domestique aurait pu être privilégié.